2019
7 janvier 2019
Bertold Brecht grand poète. Une découverte. Voir l’article dans NYRB 20 décembre 2018 p.47.
Die Kräfte waren gering : Das Ziel
Lag in grosser Ferne
Es war deutlich sichtbar, wenn
Auch für mich
Kaum zu erreichen.
So verging meine Zeit
Die auf Erden mir gegeben war.
Commandé une collection de poèmes.
Terminé la préparation de la séance du 26 février sur le livre de
Paul Hawken Drawdown Comment inverser le cours du réchauffement planétaire Domaines du possible Actes Sud 2017
Dans la préparation de cette séance j’ai eu l’occasion de lire le livre : Mark Lynas Six Degrees Our future on a hotter Planet et j’ai découvert l’utilisation de la paléoclimatologie pour répondre (prudemment) à la question : à quoi ressemblera le monde à la fin du siècle si on continue dans notre folie ?
8 janvier 2019
Commencer la journée avec un poème, cela aère l’esprit…
Dans l’article cité hier, le poème Vom armen B.B. de Bertold Brecht est considéré comme un des grands poèmes du 20ème siècle. Essayons..
Vom armen B.B.
Ich, Bertolt Brecht, bin aus den schwarzen Wäldern.
Meine Mutter trug mich in die Städte hinein
Als ich in ihrem Leibe lag. Und die Kälte der Wälder
Wird in mir bis zu meinem Absterben sein.
In der Asphaltstadt bin ich daheim. Von allem Anfang
Versehen mit jedem Sterbsakrament:
Mit Zeitung. Und Tabak. Und Branntwein.
Misstrauisch und faul und zufrieden am End.
Ich bin zu den Leuten freundlich. Ich setze
Einen steifen Hut auf nach ihrem Brauch.
Ich sage: Es sind ganz besonders riechende Tiere
Und ich sage: Es macht nichts, ich bin es auch.
In meine leeren Schaukelstühle vormittags
Setze ich mir mitunter ein paar Frauen
Und ich betrachte sie sorglos und sage ihnen:
In mir habt ihr einen, auf den könnt ihr nicht bauen.
Gegen Abend versammle ich um mich Männer
Wir reden uns da mit “Gentlemen” an.
Sie haben ihre Füße auf meinen Tischen
Und sagen: Es wird besser mit uns. Und ich frage nicht: Wann?
Gegen Morgen in der grauen Frühe pissen die Tannen
Und ihr Ungeziefer, die Vögel, fängt an zu schrein.
Um die Stunde trink ich mein Glas in der Stadt aus und schmeiße
Den Tabakstummel weg und schlafe beunruhigt ein.
Wir sind gesessen, ein leichtes Geschlechte
In Häusern, die für unzerstörbare galten
(So haben wir gebaut die langen Gehäuse des Eilands Manhattan
Und die dünnen Antennen, die das Atlantische Meer unterhalten).
Von diesen Städten wird bleiben: der durch sie hindurchging, der Wind!
Fröhlich machet das Haus den Esser: er leert es.
Wir wissen, daß wir Vorläufige sind
Und nach uns wird kommen: nichts Nennenswertes.
Bei den Erdbeben, die kommen werden, werde ich
hoffentlich Meine Virginia nicht ausgehen lassen durch Bitterkeit
Ich, Bertolt Brecht, in die Asphaltstädte verschlagen
Aus den schwarzen Wäldern in meiner Mutter infrüher Zeit.
9 janvier 2019
Sappho, dans la traduction de Quasimodo
«οἶον
τὸ γλυχὺμαλον ἐρεύθεται ἄχρῳ ἐπ’ ὔσδῳ
ἄχρον ἐπ’ ἄχροτάτῳ λελάθοντο
δὲ μαλοδρόπηες·
οὐ μὰν ἐχλελάθοντ’, ἀλλ’ οὐχ ἐδύναντ’
ἐπὶχεσθαι.»
«Quale dolce mela che su alto
ramo rosseggia, alta sul più alto;
la dimenticarono i coglitori;
no, non fu dimenticata: invano
tentarono raggiungerla.»
J’apprends en passant un nouveau concept : le polyptote : la répétition d’une même racine de mot pour accentuer un concept. Dans cette poésie, la racine de ἄχρῳ est répétée trois fois, dans la tradution c’est alto, alta et alto.
Un exemple dans Wikipedia est un poème de Du Bellay :
« Tu t'honores toi-même,
et celui qui t'honore
L'honneur que tu lui fais par ta docte chanson »
— Joachim Du Bellay, « Cependant que Magny... », Les Regrets (1522-1560)
Le poème de Sappho est, l’on pense, partie d’un poème plus long en honneur d’une dame qui se marie tard…
10 janvier 2019
Eh bien ! en avant pour le poème de Du Bellay mentionné hier.
Cependant que Magny suit son grand Avanson
Pajas son Cardinal et moi le mien encore,
Et que l’espoir flatteur, qui nos beaux ans dévore,
Appâte nos désirs d’un friand hameçon,
Tu courtises les Rois, et d'un plus heureux son
Chantant l'heure de Henry, qui son siècle décore,
Tu t'honores toi-même, et celui qui honore
L'honneur que tu lui fais de ta docte chanson.
Las, et nous cependant nous consumons notre âge
Sur le bord inconnu d'un étrange rivage,
Ou le malheur nous fait ces tristes vers chanter
Comme on voit quelquefois,
quand la mort les appelle,
Arrangés flanc à flanc parmi l'herbe nouvelle,
Bien loin sur un étang trois cygnes lamenter.
Magnifique article dans le NYT sur la beauté dans la nature
https://www.nytimes.com/2019/01/09/magazine/beauty-evolution-animal.html
Nouveau livre de chevet : André Bonnard Civilisation Grecque. Magnifique.
11 janvier 2019
Poème du jour : Valéry
Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !
Dans le livre de Bonnard : découverte d’Archiloque, poète satirique et étrange dans ses excès…
Archiloque, né à Paros en -712, est un poète élégiaque grec. Citoyen riche puis ruiné, amant éconduit et vindicatif, exilé, mercenaire, colon à Thasos, il finit tué dans une obscure bataille à Naxos en -664. Il fut un des plus grands poètes lyriques grecs ; dans l'antiquité, on le comparait à Homère
12 janvier 2019
Poème du jour : eh ! bien retournons à Archiloque donc :
Elle se plaisait à tenir une branche de myrte ou la belle fleur du rosier, et sa chevelure abritait en ombrelle sa nuque et ses épaules.
Avec ses cheveux noyés de parfums et son sein, elle aurait éveillé le désir d'un vieillard.
Corneille transportée de plaisir… Telle l'alcyon sur la roche du promontoire, elle battait des ailes et prenait son vol.
Malheureux, je suis plongé dans le désir, privé de souffle, et les dieux me percent jusqu'à l'os d'atroces douleurs.
Mais voici qu'il me dompte, ami, celui qui rompt les membres, le désir, et ni les poèmes plaisants ni les fêtes ne me parlent plus.
13 janvier 2019
Dans le livre de Bonnard, quelques pages merveilleuses sur Sappho, et notamment sur deux poèmes : les deux plus beaux peut-être. Le premier aujourd’hui : d’abord dans la traduction donnée par Bonnard (il existe des centaines de traductions de ce poème, voir l’Egal des Dieux Cent Versions d’un Poème de Sappho Editions Allia 2004) puis dans la traduction de Quasimodo.
Il me paraît égal aux dieux celui qui, face à face, assis tout près de toi, entend ta voix si douce,
Et ce rire si charmant qui, je te le jure, dans ma potrine affole mon cœur. Sitôt que je te vois, ne fût-ce qu’un instant, aucun son ne passe plus sur les lèvres, Mais ma langue se sèche, un feu subtil court sous ma peau, mes yeux ne voient plus rien, mes oreilles bourdonnent,
Je ruisselle de sueur, un tremblement me saisit toute, je deviens plus verte que l’herbe. Il me semble que je vais mourir…
Quasimodo :
A me pare uguale agli dèi
chi a te vicino così dolce
suono ascolta mentre tu parli
e ridi amorosamente. Subito a me
5 il cuore si agita nel petto
solo che appena ti veda, e la voce
si perde nella lingua inerte.
Un fuoco sottile affiora rapido alla pelle,
e ho buio negli occhi e il rombo
10 del sangue nelle orecchie.
E tutta in sudore e tremante
come erba patita scoloro:
e morte non pare lontana
a me rapita di mente.
Ce qui est remarquable dans cette poésie est le fait qu’on n’y parle pas de sentiments mais seulement de l’effet de ces sentiments sur le corps de la poétesse…
Φαίνεταί μοι κῆνος ἴσος θέοισιν
Φαίνεταί μοι κῆνος ἴσος θέοισιν
ἔμμεν’ ὤνηρ, ὄττις ἐνάντιός τοι
ἰσδάνει καὶ πλάσιον ἆδυ φωνεί-
σας ὐπακούει
καὶ γελαίσας ἰμέροεν, τό μ’ ἦ μὰν
καρδίαν
ἐν στήθεσιν ἐπτόαισεν,
ὠς γὰρ ἔς σ’ ἴδω βρόχε’ ὤς με φώναι-
σ’ οὐδ’ ἒν ἔτ’ εἴκει,
ἀλλὰ καμ μὲν γλῶσσα ἔαγε, λέπτον
δ’ αὔτικα χρῷ πῦρ ὐπαδεδρόμηκεν,
ὀππάτεσσι δ’ οὐδ’ ἒν ὄρημμ’,
ἐπιρρόμ-
βεισι δ’ ἄκουαι,
κὰδ’ δὲ μ’ ἴδρως ψῦχρος ἔχει,
τρόμος δὲ
παῖσαν ἄγρει, χλωροτέρα δὲ ποίας
ἔμμι, τεθνάκην
δ’ ὀλίγω ‘πιδεύης
φαίνομ’ ἔμ’ αὔτᾳ·
ἀλλὰ πὰν τόλματον ἐπεὶ καὶ _ πένητα _
Traduction en grec moderne
Μου φαίνεται ίσος με θεούς πως είναι
ο άντρας αυτός, που κάθεται αντικρύ σου,
κι όταν μαγευτικά μιλείς κοντά του
σε γλυκακούει·
κι όταν χαριτωμένα του γελάσεις,
μέσα στα στήθια μου η καρδιά σπαράζει.
Γιατί ως σε ιδώ μου πιάνεται η φωνή μου
τότες αμέσως,
μα κι είναι ως να μου κόπηκε κι η γλώσσα·
κι αμέσως μέσ᾽ απ᾽ το κορμί μου κάποια
φωτιά περνάει, τα μάτια μου δε βλέπουν,
τ᾽ αυτιά βουίζουν,
ίδρωτας κρύος με λούζει κι όλη τρέμω,
και γίνομαι πιο πράσινη απ᾽ το χόρτο,
και φαίνομαι, πως λίγο θέλω ακόμη
για να πεθάνω…..
Ce que je trouve remarquable entre grec ancien et grec moderne
est que certains mots ont gardé la même forme et le même sens, 2700 ans plus tard. Par exemple: Φαίνεταί: il semble
17 janvier 2019
Réunion du groupe « Gilles ». En discussion le livre de Gaspard Koenig Voyage d’un philosophe aux pays des libertés.
Une fois de plus discussion interminable sur la laïcité…
19 janvier 2019
Poème du jour : Rutebeuf.
Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
….
Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent
m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta
En train d’écrire un papier sur les évidences paléoclimatiques des effets d’un réchauffement de plus de un degré…c’est un sentiment étrange d’être le témoin d’une catastrophe planétaire et de ne pouvoir être qu’un témoin impuissant…comme un vieillard impotent sur le pont du Titanic..La cohérence du puzzle qui a fait de beaucoup de parties du monde un spectacle paradisiaque est en train de s’effriter pièce par pièce…et dans mon pays on assiste à la destruction d’une première pièce du puzzle : la disparition des glaciers alpins, et donc la disparition à terme du régime actuel des rivières et des fleuves qui coulent tout l’été…il faudra vider en été le lac de Constance pour alimenter le Rhin, et le Léman pour alimenter le Rhône..
21 janvier 2019
Poème du jour : Deschamps : Ballade de Paris
Quand j'ai la terre et mer avironnée
Et visité en chacune partie
Jérusalem, Egypte et Galilée,
Alexandrie, Damas et la Syrie,
Babylone, le
Caire et Tartarie,
Et tous les ports qui y sont,
Les épices et sucres qui s'y font,
Les fins draps d'or et soies du pays
Valent trop mieux ce que les Français ont :
Rien ne se peut comparer
à Paris.
…
Mais elle est bien mieux que ville fermée,
Et de châteaux de grande ancestrerie*,
De gens d'honneur et de marchands peuplée,
De tous
ouvriers d'armes, d'orfèvrerie ;
De tous les arts c'est la fleur, quoi qu'on die :
Tous ouvrages adroits font ;
Subtil engin, entendement profond
Verrez avoir aux habitants toudis**,
Et loyauté
aux oeuvres qu'ils feront :
Rien ne se peut comparer à Paris.
Si on avait un peu de mémoire on pourrait apprendre un poème par jour avec ce système… J’en suis toujours au monologue de Harpagon. Un texte difficile à apprendre car il a tout le temps des coq-à-l’âne…Mais j’ai l’occasion de le travailler sérieusement cette année, avec un très bon professionnel…
22 janvier 2019
Poema del giorno : Mimnermo-Quasimodo
Quale vita, che dolcezza senza Afrodite d’oro?
Meglio morire quando non avrò più
cari
gli amori segreti e il letto e le dolcissime offerte,
che di giovinezza sono i fiori effimeri
per gli uomini e le donne.
Quando viene la dolorosa vecchiaia
che rende l’uomo bello simile al brutto,
sempre nella
mente lo consumano malvagi pensieri;
né più s’allieta guardando la luce del sole;
ma è odioso ai fanciulli e sprezzato dalle donne:
tanto grave Zeus volle la vecchiaia.
23 janvier 2019
Gedicht des Tages:Wilhelm Busch
Mein Lebenslauf ist bald erzählt,
In stiller Ewigkeit verloren,
Schlief ich, und nichts hat mir gefehlt,
Bis dass ich sichtbar ward geboren.
Was aber nun? Auf schwachen
Krücken,
Ein leichtes Bündel auf dem Rücken,
Bin ich getrost dahingestolpert,
Mitunter grad, mitunter krumm;
Und schließlich musst´ ich mich verschnaufen.
Bedenklich rieb ich meine Glatze
Und sah
mich in der Gegend um.
Oh weh! Ich war im Kreis gelaufen,
Stand wiederum am alten Platze,
und vor mir dehnt sich lang und breit,
wie ehedem die Ewigkeit.
Livres en lecture:
Six degrees de Mark Lynas Relecture studieuse et détaillée, avec notes et tout. En vue d’un article sur les enseignements de la paléoclimatologie sur l’avenir des changements climatiques qui nous attendent..
André Bonnard La civilisation grecque
24 janvier 2019
Le poème du jour:
La Fontaine dans la fable: Les deux pigeons
Amants, heureux amants , voulez-vous voyager?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.
Ecole monthéiste d'Elée: "Il n'y a qu'un seul Diwu.., Sans peine, par la seule force de son esprit, il met en mouvement toutes choses. Ainsi la décoouverte du monthéisme s'est faite en même temps à peu près chez les juifs, les égypriens (bien avant quand même) et les grecs.
Zénon d'Élée (en grec Ζήνων Zếnôn), né vers -480, et mort vers 420 av. J. -C., est un philosophe grec de la période pré-socratique.
Surnommé par Platon le Palamède d'Elée à cause de ses relations avec Parménide (dont on dit qu'il fut le fils adoptif ou le mignon), c'est le principal disciple de ce dernier.
Il vécut comme son maître à Élée, ville localisée dans le sud de l'Italie. Il fait partie des représentant de l'École d'Élée.
Inventeur de la dialectique selon Aristote (méthode de raisonnement qui cherche à établir la vérité en défendant successivement des thèses opposées), son œuvre a été consacrée à argumenter contre les contradicteurs de son maitre Parménide.
25 janvier 2019
Citer un poème par jour nécessite de commencer la journée en feuilletant des livres de poèmes jusqu’à en trouver un qui vous plaît et dont peut-être même vous vous souvenez: magnifique façon de commencer une journée…
Poem of the day : Yeats from : The hour before dawn :
…….
„Night grows uneasy near the dawn
Till even I sleep light; but who
Has tired of his own company?
What one of Maeve’s nine brawling sons
Sick of his grave has wakened me?
But let him keep his grave for once
That I may find the sleep I have lost.”
„What care I if you sleep or wake?
But I’Il have no man call me ghost.”
„Say what you please, but from daybreak
I’ll sleep another century.”
„And I will talk before I sleep
And drink before I talk.”
And he
Had dipped the wooden ladle deep
Into the sleeper’s tub of beer
Had not the sleeper started up.
„Before you have dipped it in the beer
I dragged from Goban’s mountain-top
I’ll have assurance that you are able
To value beer; no half-legged fool
Shall dip his nose into my ladle
Merely for stumbling on this hole
In the bad hour before the dawn.”
„Why beer is only beer.”
„But say
"I’ll sleep until the winter’s gone,
Or maybe to Midsummer Day,"
And drink, and you will sleep that length.”
…..
J’imagine deux avenirs cauchemardesques pour l’humanité : dans l’un le niveau d’oxygène a baissé à cause de la destruction des plantes et du plancton végétal et l’homme ne peut plus respirer à l’extérieur et doit vivre dans des abris fermés magnifiquement imaginés pour coloniser Mars ; dans l’autre le niveau d’oxygène a augmenté parce que les océans se sont couverts de sargasses, et le monde animal est peuplé de méduses et d’insectes géants (qui se développent semble-t-il lorsque le taux d’oxygène est élevé)… Des insectes géants ont vécu sur la terre il y a 300 millions d’années et ont disparu lors de la grande extinction permien-trias d’il y a 252 millions d’années.
26 janvier 2019
Poème du jour : Claudel :
Nous sommes partis bien des fois déjà, mais cette fois est la bonne.
Adieu, vous tous à qui nous sommes chers, le train qui doit nous prendre n’attend pas.
Nous avons répété cette scène bien des fois, mais cette fois-ci est la bonne.
Pensiez-vous donc que je ne puis être séparé de vous pour de bon ? alors vous voyez que ce n’est pas le cas.
Adieu, mère. Pourquoi pleurer comme ceux qui ont de l’espérance ?
Les choses qui ne peuvent être autrement ne valent pas une larme de nous.
Ne savez-vous pas que je suis une ombre qui passe, vous-même ombre en transparence ?
Nous ne reviendrons plus vers vous.
Une phrase me trotte dans la tête : quand les dieux veulent perdre un homme, d’abord ils le rendent fou.
Trouvé quelques citations à ce sujet :
« Quand tombe sur l'homme la colère des dieux, il bannit d'abord de son esprit la compréhension. » -- Lycurgue
« Quand la puissance divine veut du mal à un homme, elle s'attaque d'abord à son esprit. »
-- Sophocle
« Ceux que les dieux veulent détruire, il les prive d'abord de
leur bon sens. »
-- Euripide
« Celui que Dieu veut détruire, d'abord il le rend fou. »
-- Sénèque
27 janvier 2019
Poème du jour : Sophocle, Antigone
« Antigone : Regardez, citoyens de ma patrie, je vais sur mon dernier chemin, et je regarde le soleil pour la dernière fois. Puis jamais plus. Hadès, qui endort tout, m’entraîne vivante au bord de l’Achéron, sans que j’aie connu de noces, sans qu’on ait chanté pour moi le chant des épousées. L’Achéron sera mon seul mari. »
« …je regarde le soleil pour la dernière fois. Puis jamais plus » ….que dire de plus ?
28 janvier 2019
Poème du jour : Philippe Desportes
Que vous m'allez tourmentant
De m'estimer infidèle !
Non, vous n'êtes point plus belle
Que je suis ferme et constant.
…..
Pour vous, sans plus, je fus né,
Mon coeur n'en peut aimer d'autre :
Las ! si je ne suis plus vôtre,
A qui m'avez-vous donné ?
Référence pour plus tard : https://filologika.gr/lykio/v-lykiou/genikis-pedias/archea-ellinika-genikis-pedias/antigoni-473-507/
29 janvier 2019
Poème du jour : Beaudelaire
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos coeurs
que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu
pour trouver du nouveau !
Ce soir le cirque du Brexit continue au Parlement britanique….
31 janvier 2019
Gandhi : Be the change you want to see in the world.
Une des prévisions les plus étudiées dans les études sur le changement climatique est la désertification de nombreuses régions, notamment le sud de l’Australie et l’Ouest des EU. Sur ce dernier point, on peut lire :
Après le bonheur en Finlande (voir entrée du 24 décembre 2018), le bonheur en Norvège (Le Monde 26 janvier). Extrait de l’article :
« En France, la qualité de vie se mesure en termes de pouvoir de consommer, autrement dit, de pouvoir d’achat. En Norvège, il est très compliqué de commander sur Internet (même Amazon n’a pas réussi à s’implanter)….. Alors comment être heureux dans ces conditions ? En Scandinavie, le bonheur se cultive et se travaille. Le bien-être est une monnaie, c’est un critère que la société entière s’efforce d’améliorer…..Tout concourt à stimuler les rencontres et à renforcer les liens humains. Les priorités sont claires, et le lagom omniprésent. Cet art de vivre scandinave prône la modération à la recherche du bien-être. Le bien-être est un objectif, qui structure aussi la vie professionnelle. »
Remplacer le « pouvoir d’achat » par la recherche du bien-être comme un but de l’action politique…Probablement une clef de la survie climatique. Le pouvoir d’achat ne doit être un but de l’action politique que pour les revenus les plus bas…
1 février 2019
Poem of the day : Emily Dickinson (1830-1886)
My life closed twice before its close—
It yet remains to see
If Immortality unveil
A third event to me
So huge, so hopeless to conceive
As these that twice befell.
Parting is all we know of heaven,
And all we need of hell.
2 février 2019
Poem of the day : Shelley : Ozymandia.
I met a traveller from an antique land,
Who said—“Two vast and trunkless legs of stone
Stand in the desert. . . . Near them, on the sand,
Half sunk a shattered visage lies, whose frown,
And wrinkled lip, and sneer of cold command,
Tell that its sculptor well those passions read
Which yet survive, stamped on these lifeless things,
The hand that mocked them, and the heart that fed;
And on the pedestal, these words appear:
My name is Ozymandias, King of Kings;
Look on my Works, ye Mighty, and despair!
Nothing beside remains. Round the decay
Of that colossal Wreck, boundless and bare
The lone and level sands stretch far away.”
Prophétie du futur : ce qui attend le voyageur extraterrestre qui visiterait la Terre dans 10000 ans. Il faut juste remplacer Ozymandia par Man…
3 février 2019
Poema del dia : San Juan de La Cruz : Noche oscura :Poème en a…..
1. En una noche oscura,
con ansias, en amores inflamada,
¡oh dichosa ventura!,
salí sin ser notada
estando ya mi casa sosegada.
2. A oscuras
y segura,
por la secreta escala, disfrazada,
¡oh dichosa ventura!,
a oscuras y en celada,
estando ya mi casa sosegada.
…..
4 février 2019
Poem of the day : Emily Dickinson :
IF I can stop one heart from breaking, | |
I shall not live in vain; | |
If I can ease one life the aching, | |
Or cool one pain, | |
Or help one fainting robin |
5 |
Unto his nest again, | |
I shall not live in vain. |
Terminé le livre de Lymas. Il faut absolument que j’écrive un petit article sur les leçons de la climatologie dans le débat climatique. Il ya énormément d’informations actualisées dans les derniers rapports du GIEC.
5 février 2019
Das Gedicht des Tages: Bertold Brecht
Lehren ohne Schüler
Schreiben ohne Ruhm
Ist Schwer.
Bonnard : le sens de la tragédie dans Œdipe-Roi vient du fait que les acteurs disent des phrases apparemment anodines mais que le spectateur, qui connaît le mythe, comprend déjà le message caché et tragique qu’elles contiennent.
6 février 2019
Poème du jour : André Breton
Il passe des tribus de nomades qui ne lèvent pas la
tête
Parmi lesquels je suis par rapport à tout ce que j'ai
connu
Ils sont masqués comme des praticiens qui opèrent
Les anciens changeurs avec leurs femmes si particulières
Quant à l'expression du regard j'ai vu plusieurs
d'entre elles
Avec trois siècles
de retard errer aux abords de la
Cité
Ou bien ce sont les lumières de la
Seine
Les changeurs au moment d'écailler la dorade
S'arrêtent parce que j'ai a changer beaucoup plus
qu'eux
7 février 2019
Poème du jour : Saint john Perse
Grand âge, nous voici sur nos routes sans bornes.
Claquements du fouet sur tous les cols ! Et très haut cri sur la hauteur
! Et ce grand vent d'ailleurs à notre encontre, qui courbe l'homme sur la pierre comme l'araire sur la glebe.
Nous vous suivrons, aile du soir...Dilatation de l'oeil dans les basaltes et dans les marbres ! La voix de l'homme est sur la
terre, la main de l'homme est dans la pierre et tire un aigle de sa nuit.Mais Dieu se tait dans le quantieme ; et notre lit n'est point tiré dans l'étendue ni la durée.
8 février 2019
Poem of the day : ― T.S. Eliot
“What have we given?
My friend, blood shaking my heart
The awful daring of a moment's surrender
Which an age of prudence can never retract
By this, and this only, we have existed.”
9 février 2019
Un ami me convainc de la beauté du célèbre poème de Mallarmé : L’après-midi d’un faune.
Je crois qu’il faut le déguster petit à petit : cher lecteur inconnu et improbable, m’accompagneras-tu jusqu’au bout de ce poème ? Par petits bouts ?
Poème du jour : les premiers vers de L’après-midi d’un faune.
« Le Faune:
Ces nymphes, je les veux perpétuer.
Si clair,
Leur incarnat
léger, qu'il voltige dans l'air
Assoupi de sommeils touffus.
Aimai-je un rêve?
Mon doute, amas de nuit ancienne, s'achève
En maint rameau subtil, qui, demeuré les vrais
Bois même, prouve,
hélas! que bien seul je m'offrais
Pour triomphe la faute idéale de roses. »
Commentaires : Roger Bellet :
Le poème est un souvenir que le Faune développe en image.
Ce souvenir est
peut-être un rêve : les images sont aussi oniriques.
Poème solaire, en tous sens, poème aussi du sommeil, un grand poème érotique.
Avant tout, poème du rêve heureux, du songe de la nature et
du sang également pourpres ;
du désir enfin, et de la fête, réfléchis dans une âme-miroir ; du désir comme absence-présence.
Un grand poème sur la Réalité et le Rêve.
Plus : poème de foi en la Beauté et la Poésie, dont on ne sait jamais si elles sont rêve ou réalité ;
qui font du rêve une réalité : autre que la réalité.
L’Après-Midi
d’un faune est un poème de l’allusion et de l’illusion heureuse.
10 février 2019
Et pourquoi pas lire un autre long poème par petits bouts ? Je choisis T.S. Eliot What the thunder said. Un chef-d’œuvre.
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : les premiers vers.
« After the torchlight red on sweaty faces
After the frosty silence in the gardens
After the agony in stony places
The shouting and the crying
Prison and palace and reverberation
Of thunder of spring
over distant mountains
He who was now living is now dead
We who were living are now dying
With a little patience »
Et pour ceux qui veulent des explications et commentaires détaillés, on peut aller au site : https://www.shmoop.com/the-waste-land/what-thunder-said-summary.html
Voici les commentaires :
- Thanks to Eliot's notes, we know that "In the first part of Part V three themes pop up: the journey to Emmaus, the approach to the Chapel Perilous (see Miss Weston's book), and the present decay of eastern Europe." That means that in the coming lines, we should expect allusions to the resurrection of Christ (Emmaus is the ancient town in which Jesus appeared to two of his disciples after he was resurrected), a traditional trope from Medieval romances, and eastern Europe. Keep a weather eye out, intrepid Shmoopoets.
- These lines in particular refer to the moment that has come after the death of Christ, but before his rebirth on Easter Sunday. In other words, the lines mark a moment of waiting and wondering, because we're not sure if any rebirth is going to come this time around.
- Instead we just wander in spiritual darkness, our "torchlight red on sweaty faces" (322) after we've witnessed Christ's "agony in stony places" (324). Christ is the one being spoken about in "He who was living is now dead" (328).
- We modern folks are in a similar position as Christ, but instead of being dead, we live in a sort of half-death, as "We who were living are now dying / With a little patience" (329-330).
- Our decline is not sudden or glorious, like Christ's; it's slow and undignified. There's something so ironic about that "with a little patience" line. As if Eliot's saying, don't worry, folks, this miserable mess will all be over eventually. Just wait it out.
11 février 2019
Le poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9 février)
« Réfléchissons...
ou si les femmes dont tu gloses
Figurent un souhait de tes sens fabuleux!
Faune, l'illusion s'échappe des yeux bleus
Et froids, comme une source en pleurs, de la plus chaste:
Mais, l'autre tout soupirs, dis-tu qu'elle
contraste
Comme brise du jour chaude dans ta toison? «
Source : http://fdnet.perso.infonie.fr/oeuvres/apres.htm
Les deux poèmes que je suis ces jours sont les deux des espèces de visions oniriques, avec réminiscences et regrets….Mallarmé nettement plus érotique que Eliot cependant.
Quelques pages remarquables dans le livre de Bonnard, à propos de Œdipe, sur la tragédie de l’homme, confronté à un monde dont il ne conprend pas les règles ultimes (Civilisation Grecque Vol II L’Aire 2011 p.108). Mais ce monde inconnaissable punit sans pitié l’homme qui dépasse certaines limites. On pourrait appliquer ce genre d’idée à ce qui risque d’arriver à l’humanité si la Terre secoue brutalement cette fièvre que nous lui imposons et reprend ensuite tranquillement sa marche dans le temps.
Article dans le Monde d’aujourd’hui sur l’idée de la carte carbone. Commentaires des lecteurs : comme toujours, affligeants.
Vu le film Lion d’Or à Venise : Roma. Pas mal, mais rien de vraiment extraordinaire. Rappelle le néo réalisme italien.
12 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10 février)
Lines 331-345
Here is no water but only
rock
Rock and no water and the sandy road
The road winding above among the mountains
Which are mountains of rock without water
If there were water we should stop and drink
Amongst the rock one cannot stop or think
Sweat
is dry and feet are in the sand
If there were only water amongst the rock
Dead mountain mouth of carious teeth that cannot spit
Here one can neither stand nor lie nor sit
There is not even silence in the mountains
But dry sterile thunder without rain
There is not even solitude in the mountains
But red sullen faces sneer and snarl
From doors of mudcracked houses
- This long-ish section continues with the theme of dry land with no water, symbolizing a spiritual waste land where no hope or belief can bloom.
- Eliot puts this in stark, direct terms when he writes, "Here is no water but only rock / Rock and no water and the sandy road" (331-332).
- In case you can't really feel the dryness of the landscape, Eliot continues like this for a while. He wishes there were water, because "If there were water we should stop and drink," but at the end of the day, "Amongst the rock one cannot stop or think" (335-336). Stopping for a drink of water is compared to stopping and thinking deeply about life, and neither can really happen in the "waste land" of the modern world.
- Eliot goes on to add that "Here one can neither stand nor lie nor sit," basically meaning that there is no comfortable position you can get into in the waste land.
- It'll always be uncomfortable. If you want to go deep, on a symbolic level, standing might represent standing up for your beliefs; lying might mean becoming cynical and not caring; and sitting might refer to a Zen-like meditation. But none of these options are available in the waste land, which doesn't allow you to do anything comfortably.
- You don't even get the peacefulness of silence, since the waste land is filled with "dry sterile thunder without rain" (342). This image gives us a sense of unfulfilled hopes. We anticipate the rain because we hear the thunder, but the rain isn't coming.
- There's no solitude, either, but just ugly faces sneering at you from crummy "mudcracked houses" (345). In this line, Eliot whips out alliteration to really show you how animal-like these people are, as you can see in all the S sounds in "sullen faces sneer and snarl."
13 février 2019
- Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9 et 11 février)
Que non! par l'immobile et lasse pâmoison
Suffoquant de chaleurs le matin frais s'il lutte,
Ne murmure point d'eau que ne verse ma flûte
Au bosquet arrosé
d'accords; et le seul vent
Hors des deux tuyaux prompt à s'exhaler avant
Qu'il disperse le son dans une pluie aride,
C'est, à l'horizon pas remué d'une ride
Le visible et serein souffle artificiel
De
l'inspiration, qui regagne le ciel.
Une des surprises du changement climatique pourrait être la transformation de l’Amazone en désert !!! Et ce changement serait irréversible… (Voir rapport Climate Change 2007 The Physical Science Basis IPCC 2007 p.777)
14 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10 and 12 February)
Lines 346-359
If
there were water
And no rock
If
there were rock
And also water
And water
A spring
A pool among the rock If
there were the sound of water only
Not the cicada
And dry grass singing
But sound of water over a rock
Where the hermit thrush sings in the pine trees
Drip drop drip drop drop drop drop
But there is no water
- Here, set in from the rest of the text, you get yourself a little moment of fantasy, imagining yourself in a place that isn't so horrible.
- The speaker wonders to himself, "If there were water / And no rock" or even "If there were rock / And also water […]" (346-349).
- At this point, you might want to lean in and say, "Yes? Well what if?" But Eliot just gives you some more unfulfilled images of "the sound of water over a rock" or "Drip drop drip drop […]," before finally pulling the rug out from under you again by saying, "But there is no water" (359). This almost seems like the giddy hallucinations of someone who's been wandering in a spiritual desert for a long
time, and can't seem to find his way out. We're betting those mirages aren't helping.
- Lu un long article dans le NYRB (LXVI Nb 2 p.4) sur le film Roma, vu l’autre jour. C’est un film partiellement autobiographique du réalisateur Alfonso Cuaron, auteur des films Gravity et Children of Man, et qui est un hommage aux Nannies des enfances d’autrefois. Dans ma famille, Luisa chez mes grands parents, Juana chez les parents de mon épouse… Ces vies totalement consacrées à une famille qui n’était pas la leur… A mon avis vraiment dans la ligne du néoréalisme italien des années quarante : montrer la vie ordinaire de gens ordinaires, ceux que l’on voit à peine… Dans ma famille il y avait encore des « bonnes », mais elles ne restaient jamais longtemps, quoi que quelques unes étaient restées vraiment attachées à la famille…
15 février 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11 et 13 février)
O bords siciliens d'un
calme marécage
Qu'à l'envi de soleils ma vanité saccage
Tacite sous les fleurs d'étincelles, CONTEZ
« Que je coupais ici les creux roseaux domptés
» Par le talent; quand, sur l'or glauque de lointaines
» Verdures dédiant leur vigne à des fontaines,
» Ondoie une blancheur animale au repos:
» Et qu'au prélude lent où
naissent les pipeaux
» Ce vol de cygnes, non! de naïades se sauve
» Ou plonge...
Bonnard, après Sappho, Sophocle, Périclès, passe à …..Pindare. Choix surprenant. Des odes oniriques en quelque sorte, où des expositions complexes et magnifiques d’évènements mythologiques noient le lecteur dans une multitude d’images et de couleurs d’or. Je retouve une citation que l’on voit souvent en relation avec la philosophie de vie de la civilisation grecque : « O mon âme, ne recherche pas la vie immortelle, mais explore le champ du possible ».
16 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12 and 14 February).
Lines 360-366
« Who is the third who walks always beside you?
When I count, there are only you and I together
But when I look ahead up the white road
There is always another one walking beside you
Gliding wrapped in a brown mantle, hooded
I do not know whether a man or a woman—But
who is that on the other side of you? »
Eliot says in a footnote that the scene in these lines was inspired by a story that came from one of the expeditions to Antarctica that happened in Eliot's time.
The story is about how the explorers, caught in the freezing cold, were constantly hallucinating that there was one extra person in their group.
These lines, though, could also refer to a story from the Bible (the book of Luke), in which Christ appeared beside his disciples during a journey, but the disciples were unable to recognize him (360).
So when the speaker of the poem asks "Who is the third who walks always beside you?" it could suggest that Christ is still present in people's lives today, but people do not have the spiritual insight they need to recognize him.
The speaker can only see Christ from the corner of his vision, "When [he] look[s] ahead up the white road" (362). Christ appears in this scene like one of those floating squiggly lines that pop up in the corner of your eye, but which always dances away when you try to look at it directly.
It's also worth noting that, in his notes, Eliot draws an unspecified connection between this hooded figure and the Hanged Man tarot card from the first section.
La gravitation est-elle quantique ? Remarquable article sur ce sujet dans Pour la Science 495, 28, 2019. En particulier une suggestion d’expérience pour détecter si la gravité peut induire l’intrication.
17 février 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13 et 15 février)
Inerte, tout brûle dans l'heure fauve
Sans marquer par quel art ensemble détala
Trop d'hymen souhaité de qui cherche le la:
Alors m'éveillerai-je à
la ferveur première,
Droit et seul, sous un flot antique de lumière,
Lys! et l'un de vous tous pour l'ingénuité.
Bonnard se tourne ensuite vers Hérodote, remarquable géographe et historien.
18 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12,14 and 16 February).
Lines 367-377
What is that sound high in the air
Murmur
of maternal lamentation
Who are those hooded hordes swarming
Over endless plains, stumbling in cracked earth
Ringed by the flat horizon only
What is the city over the mountains
Cracks
and reforms and bursts in the violet air
Falling towers Jerusalem Athens Alexandria
Vienna London
Unreal
- The speaker hears a sound "high in the air/ Murmur of maternal lamentation" (367-368), which could refer to Mary's weeping over the death of her son, Jesus.
- The speaker then asks about the "hooded hordes swarming/ Over endless plains" (369-370), which might refer to the hordes of rude, uneducated, and filthy people who pollute the modern world, if we're looking at the big picture.
- It could also refer to the troops of World War I sweeping across Europe and destroying everything. These images are followed by scenes of "Falling towers" and the fall of great cities, both ancient and modern: "Jerusalem Athens Alexandria / Vienna London" (275-276). And what's Eliot's favorite word for summing up what's happened to all of these places in modern times? You got it: "Unreal" (377). (He also brings back that violet hour from line 215, only this time it's the "violet air.")
- However you choose to interpret these lines, we know for sure that Eliot's making yet another allusion. This time, it's to an essay by German writer Herman Hesse called The Brothers Karamazov or The Downfall of Europe, which appeared in his book Blick ins Chaos.
In the essay, Hesse decries the fact that "at least half of Eastern Europe is already on the road to chaos," a sentiment with which we're betting Eliot agrees.
19 février 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13,15 et 17 février)
Autre que ce doux rien par leur lèvre ébruité,
Le baiser,
qui tout bas des perfides assure,
Mon sein, vierge de preuve, atteste une morsure
Mystérieuse, due à quelque auguste dent;
Mais, bast! arcane tel élut pour confident
Le jonc vaste et jumeau dont sous l'azur
on joue:
Qui, détournant à soi le trouble de la joue,
Rêve, dans un solo long, que nous amusions
La beauté d'alentour par des confusions
Fausses entre elle-même et notre chant crédule;
Et de faire aussi haut que l'amour se module
Évanouir du songe ordinaire de dos
Ou de flanc pur suivis avec mes regards clos,
Une sonore, vaine et monotone ligne.
Repéré un autre livre sur ce qui nous attend avec le changement climatique, très récent, qui reprend un peu le ton et les informations du livre de Mark Lynas, mais avec des informations mises à jour : The Unhabitable earth David Wallace-Wells. Remplace proivisoirement le Bonnard dans mes lectures systématiques.
20 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12,14,16 and 18 February).
A woman drew her
long black hair out tight
And fiddled whisper music on those strings
And bats with baby faces in the violet light
Whistled, and beat their wings
And crawled head downward down a blackened wall
And upside down in air were toward
Tolling reminiscent bells, that kept the hours
And voices singing out of empty cisterns and exhausted wells.
- This waste land sure is a creepy place, don't you think?
- In a strange move, the poem shifts to talking about a woman with "long black hair" (378), which she pulls tight and then uses to play fiddle music.
- We don't know who she is or why she's doing this, but in a really Halloweeny moment, Eliot says that "bats with baby faces in the violet light / Whistled, and beat their wings / And crawled head downward down a blackened wall" (380-382).
- These baby-faced bats might actually represent us, the readers, as modern folks. We've become monstrous in our desire for simple, superficial pleasures, and we just keep crawling down a wall head-first without even realizing that we're heading down instead of up.
- This poor sense of direction seems to infect the rest of the world, too, as towers are described as being "upside-down in air" (383).
- All the while, we still hear that horrifying music of damnation, which comes from "voices singing out of empty cisterns and exhausted wells" (385). As you can probably tell by now, this singing is not a good thing, but a symbol of our society's decline.
- And once again, we're reminded that this world is waterless (those cisterns and wells are plumb empty), and the sun's setting (it's the violet hour). We're headed nowhere good in this waste land.
21 février 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13,15,17 et 19 février)
Tâche donc, instrument des fuites, ô maligne
Syrinx, de refleurir aux lacs où tu m'attends!
Moi, de ma rumeur fier, je vais parler longtemps
Des déesses; et par d'idolâtres peintures
À leur
ombre enlever encore des ceintures:
Ainsi, quand des raisins j'ai sucé la clarté,
Pour bannir un regret par ma feinte écarté,
Rieur, j'élève au ciel d'été la grappe vide
Et,
soufflant dans ses peaux lumineuses, avide
D'ivresse, jusqu'au soir je regarde au travers.
22 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12,14,18 and 20 February).
Lines 386-395
In this decayed hole among the mountains
In the faint moonlight, the grass is singing
Over the tumbled graves, about the chapel
There
is the empty chapel, only the wind's home
It has no windows, and the door swings,
Dry bones can harm no one.
Only a cock stood on the rooftree
Coco rico co co rico
In a flash of lightning. Then a damp gust
Bringing rain
- Now we find ourselves inside a "decayed hole among the mountains" which is filled with "tumbled graves" (386, 388). Here we find a chapel, and thanks to Eliot's notes, we know that this is the Chapel Perilous.
- The what? The Chapel Perilous appears in Arthurian legend and other Medieval romances, sometimes figured as the place where the Holy Grail is kept, and sometimes figured as just a weird, creepy church at which a knight has to hang out while on a quest.
- Unfortunately, this chapel is totally empty, as "only the wind's home" (389). There are no windows, "and the door swings" (390), which suggests that the chapel of hope, kind of like Eliot's hope for humanity, is both literally and symbolically abandoned. It's also extra creepy, since it's surrounded by graves (which is true of the traditional Chapel Perilous, too).
- There might be a little bit of hope here, though, because in the original version of the Grail legend, the sight of the empty chapel is actually the final test that the questing knight has to pass before finally drinking from the grail.
- This is the final test because after slaying every beast and resisting every temptation (mostly involving good-looking women), the knight has to confront the greatest test of all—the possibility that there is no God. It is only after finding the empty chapel, and continuing forward anyway, that the knight can know true immortality in Christ.
- As the passage continues, it talks some more about dry bones and images of death. The final images you're left with are those of a rooster crowing and "a flash of lightning. Then a damp gust / Bringing rain" (394-395).
- There's something promising in both these images, since the rooster is supposed to chase the evil night away with his crowing, and the coming of rain might suggest the rebirth of the waste land.
- We mean, we've been waiting for rain for ages, and it's finally here.
- But don't get your hopes up just yet. After all, it's when the cock crows in the Gospels, that Saint Peter denies Jesus Christ (as predicted). That's not exactly a shining moment—could Eliot be alluding to it? After all, it seems like Peter would have failed the Chapel Perilous test, so such an allusion would be in keeping with the theme of these lines.
Climat : les leçons du passé.
Le passé du climat de la terre apporte un certain nombre d’enseignements sur ce qui nous attend peut-être dans un avenir proche.
J’ai fait une première synthèse, à améliorer.
Nous allons brièvement examiner les leçons du passé en les ordonnants par hypothèses de réchauffements potentiels (en suivant ainsi la méthode du livre remarquable de Mark Lynas : Six Degrés Que va-t-il se passer ? )
1. Réchauffement de 0,5-20 degrés.
Des réchauffements de cette ampleur ont eu lieu à différentes périodes au cours du dernier million d’années
Conséquences observées de ces épisodes :
- Une modification parfois importante des climats régionaux, et ainsi des épisodes de sécheresse et même de désertification assez dramatiques (sécheresse dans l’Ouest des Etats-Unis il y a 800 ans, création du Sahara il y a 8000 ans)
- Fonte des glaciers et des calottes polaires
Augmentation du niveau des mers ( 5-6 mètres au cours de l’Interglaciaire Eemien, il y a 126 000 ans, pour un réchauffement de seulement 1,5-20 (par rapport à la température actuelle))
2. Réchauffement de 2-3 degrés.
Pour étudier ce degré de réchauffement, on peut examiner le Pliocène (il y a 3 millions d’années)
Conséquences observées de cet épisode :
- Une augmentation substantielle des températures au Goenland (+ 150) avec l’apparition de forêts, également dans l’Antartique.
- Une augmentation substantielle du niveau des mers (+ 25 m)
3. Réchauffement de 4-6 degrés ou plus.
Pour étudier ce degré de réchauffement il faut aller beaucoup plus loin dans le passé : le Crétacé (pour 6-80 de réchauffement il y a 120 millions d’années), et deux épisodes qui ont eu lieu il y a 53 et 253 millions d’années, le PETM (Paleocene-Eocene Temperature Maximum ) et le PTTM (Permian-Tertiary Temperature maximum), qui ont la caractéristique aussi de subir une transition relativement rapide vers un maximum, et des extinctions massive des espèces vivantes : le PTTM s’est terminé par la plus grande extinction du vivant jamais enregistrée : environ 90-95% des espèces a disparu. En fait, des cinq extinctions de masse généralement citées, quatre ont été associées à des extrêmes climatiques, et une à une chute de météorite.
Conséquences observées de ces épisodes :
- une augmentation extrême du niveau des mers (+ 250 mètres), correspondant à une disparition totale des glaces polaires et des glaciers.
- un climat dantesque : l’extrême des hémisphères très chauds et humides, avec tempêtes extrêmement violentes, une bande de territoires et de mers autour de l’équateur totalement inhabitable et désertique
- température de la surface des mers à l’équateur : 450, aux pôles : 250
- effets de rétroaction et d’emballement dus à l’émission massive de méthane stocké sous la surface des sols et au fond des mers.
CONCLUSIONS: les études paléoclimatologiques confirment les craintes les plus alarmistes exprimées par les scientifiques : aller au delà de 2 degrés de réchauffement est extrêmement risqué pour l’avenir de l’humanité. Or les tendances actuelles nous mènent à des réchauffements de l’ordre de 4 degrés au moins pour la fin du siècle. Considérons les différents aspects.
- fonte des glaciers et des calottes polaires, et augmentation du niveau des mers :
le niveau des mers augmente actuellement de 3 cm par décade, 80 cm prévu pour la fin du siècle, mais la fonte des glaciers et des calottes polaires semble s’accélérer par rapport aux prévisions des modèles.
La fonte des glaciers de montagne risque aussi de modifier profondément l’hydrologie des terres en aval, notamment en Inde et au Pakistan, mais aussi dans les Alpes et donc la productivité agricole des ces régions.
- modification des climats régionaux : les modèles prévoient des modifications importantes des régimes de pluie et donc de certains climats régionaux. Seraient particulièrement vulnérables l’Ouest des EU, le Sud de l’Australie, le pourtour de la Méditérranée (y coompris peut-être la Suisse), l’ Amazonie (eh ! oui) le Nord de la Chine. L’étude des évènements climatiques d’amplitude relativement modeste cités plus haut confirme ces hypothèses.
- Perte de biodiversité : A première vue ce souci paraît secondaire : qui se soucie vraiment des tigres de Sibérie ou des coraux en Australie ? Mais les changements climatiques menacent également certaines espèces de plancton dans les mers australes, et ceci est nettement plus inquiétant. Le problème fondamental est que la plupart des espèces vivantes ont de la peine à affronter des conditions environnementales qui changent rapidement. Et ce phénomène peut affecter profondément le système vivant et donc les fonctions qu’il assure : si des végétaux disparaissent ce sont les capacités de la biosphère d’absorber du CO2 qui diminuent et donc une accélération de l’effet de serre qui se produit, sans compter évidemment la diminution de l’énergie de base pour tout le vivant.
- Effets de rétroaction positive : A partir d’un certain niveau de réchauffement, on craint des effets de rétroaction positive. Par exemple, la disparition d’espaces couverts de neige ou de glace a pour effet de diminuer l’albedo de la Terre, c.à.d. la capacité de réfléchir les rayons du soleil directement dans l’espace, et donc d’augmenter l’absorption de chaleur solaire et donc de renforcer le réchauffement global. Plusieurs mécanismes possibles ont retenu l’attention : la libération de méthane du permafrost ou du fond des mers, la diminution de la flore (notamment par la diminution de la surface des forêts et l’extinction possible d’une partie du plancton), la libération du carbone accumulé (sous forme de composés organiques) dans les sols fertiles par l’effet d’une activation des processus de digestion elle même due à l’augmentation de la température. Ces effets de rétroaction positive ont fait craindre un emballement de l’effet de serre. On parle d’emballement lorsque les effets de rétroaction sont suffisamment puissants pour que l’effet de serre continue à augmenter même si la cause intiale disparaît. On a craint un temps que puisse se produire une évolution semblable à celle qu’a connue la planète Vénus, mais cette menace semble écartée par les scientifiques. Lors des épisodes modestes et « récents » (moins de 3 millions d’années), il n’y a pas de signes d’emballement. Par contre la Terre a connu des emballements de l’effet de serre notamment dans les épisodes PETM et PTTM. Dans ces épisodes le mécanisme d’emballement a été principalement la libération de réserves de méthane sous la surface des sols et au fond des océans. Ces libérations de méthane peuvent se faire de manière brutale et catastrophique, et le méthane en arrivant en contact avec l’atmosphère peut s’enflammer et créer de monstrueuses tempêtes de feu. Au rythme de nos émissions de CO2, un emballement catastrophique n’est malheureusement pas à exclure.
Conséquences humaines : on a de la peine à imaginer les conséquences humaines que pourraient avoir une augmentation du niveau des mers, une désertification de certaines régions, une baisse générale de la productivité des récoltes de base. On parle de centaines de millions de personnes cherchant à émigrer.
23 février 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13,15,17, 19 et 21 février)
O nymphes, regonflons des SOUVENIRS divers.
« Mon œil,
trouant le joncs, dardait chaque encolure
» Immortelle, qui noie en l'onde sa brûlure
» Avec un cri de rage au ciel de la forêt;
» Et le splendide bain de cheveux disparaît
» Dans les clartés
et les frissons, ô pierreries!
» J'accours; quand, à mes pieds, s'entrejoignent (meurtries
» De la langueur goûtée à ce mal d'être deux)
» Des dormeuses parmi leurs seuls bras hasardeux;
» Je les ravis, sans les désenlacer, et vole
» À ce massif, haï par l'ombrage frivole,
» De roses tarissant tout parfum au soleil,
» Où notre ébat au jour consumé soit
pareil.
Bonnard. Découverte de la forme originale du serment d’Hypocrate.
Hypocrate, qui soignait de la même manière et avec la même compassion princes et esclaves…Il écrit même qu’il faut « soigner avec une attention particulière le patient étranger et pauvre ».
24février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12,14,16, 18 and 22 February).
Lines 396-399
Ganga was sunken, and the limp leaves
Waited for rain, while the black
clouds
Gathered far distant, over Himavant.
The jungle crouched, humped in silence.
- These lines begin the final moments of the poem, which center on images from India and the religion of Hinduism.
- Line 396 mentions that "Ganga," or the Ganges River in India, "was sunken," meaning that the river was low and dried up, as "the limp leaves / Waited for rain" (396-397).
- There are black clouds gathering in the distance, over the "Himavant," which is both another term for the Himalayas, and also the name of the Hindu god of snow (fitting).
- But even though black clouds usually promise rain, there's something ominous about dark clouds, which usually symbolize danger approaching.
- The uncertainty of what the dark clouds mean is shown in the Indian jungle, which "crouche[s]" in a defensive position and waits "in silence" (399) for what's about to happen.
25 février 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13,15,17, 19, 21 et 23 février)
Je t'adore, courroux des vierges, ô délice
Farouche du sacré fardeau nu qui se glisse
Pour fuir ma lèvre en feu buvant, comme un éclair
Tressaille! la frayeur secrète de la chair:
Des pieds de l'inhumaine au cœur de la timide
Qui délaisse à la fois une innocence, humide
De
larmes folles ou de moins tristes vapeurs.
26 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12,14,16,18, 20, 22, and 24 February).
Lines 400-410
Then spoke the thunder
DA
Datta: what have we given?
My friend, blood shaking my heart
The awful daring of a moment's surrender
Which an age of prudence can never retract
By this, and this only, we have existed
Which is not to be found in our obituaries
Or in memories draped by the beneficent spider
Or under seals broken by the lean solicitor
In our empty rooms
- Finally, the thunder gets to put in his two cents. We've been waiting with bated breath.
- At this point, the poem shows you why this final section is called "What the Thunder Said." This final section is inspired by a story from the Hindu faith, which talks about how the gods, men, and demons of India asked their father how to live well. The father answered each of them with the sound of thunder, which was heard as the onomatopoeic "DA."
- Each of the three groups interpreted this sound in a different way. The gods thought it was the word Datta, which means to give; the men thought it was Dayadhvam, which means to have compassion; and the demons heard it as Damyata, which means to have self-control. If you're looking for the original version of this fable, check out the Upanishads.
- After we get the first "DA," in line 401, the speaker of the poem tackles the first possible meaning of what the thunder said, and asks us to reflect on what we've given to others in our lives—"what have we given?"
- It goes on to say that "By this, and this only, we have existed" (406), meaning that it is only through charity and giving that humanity has managed to reach the cultural accomplishments it's doing its best to squander. Eliot's clearly worried about what he saw as the growing selfishness that was taking over the money-obsessed modern world.
- Also, whatever giving we might do in our lives "is not to be found in our obituaries / Or in memories draped by the beneficent spider" (407-408). Here Eliot's once again calling on his buddy John Webster's The White Devil to help him make some meaning. He's referring to lines in the play which say, "…they'll remarry / Ere the worm pierce your winding-sheet, ere the spider / Make a thin curtain for your epitaphs." Once again, we have some imagery of death and decay.
- But the real gist here is that we shouldn't give in order to be recognized as awesome people. We should give for the sake of giving.
- And we shouldn't wait until we're dead to give things away in our wills, "under seals broken by the leans solicitor / In our empty rooms" (409). If we wait until we're dead to give things away, the only person to take them will be our lawyers, since everyone else will have already abandoned us.
Grande discussion avec des amis sur le changement climatique. Tout le monde a un avis bien arrêté, mais très peu prennent la peine de s’informer vraiment sur un sujet pourtant extrêmement complexe. Comme le disait un mathématicien grec (Thalès ?) à un roi quelconque, qui voulait apprendre rapidement la géométrie: il n’y a pas de voie royale pour la géométrie.
27 février 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13,15,17,19,21,23, et 25 février)
« Mon crime, c'est d'avoir, gai de vaincre ces peurs
» Traîtresses, divisé la touffe échevelée
» De baisers que les
dieux gardaient si bien mêlée:
» Car, à peine j'allais cacher un rire ardent
» Sous les replis heureux d'une seule (gardant
» Par un doigt simple, afin que sa candeur de plume
» Se teignît
à l'émoi de sa sœur qui s'allume,
» La petite, naïve et ne rougissant pas: )
» Que de mes bras, défaits par de vagues trépas,
» Cette proie, à jamais ingrate se délivre
» Sans pitié du sanglot dont j'étais encore ivre.
28 février 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12,14,16,18, 20, 22, 24 and 26 February).
Lines 411-417
DA
Dayadhvam: I have heard the key
Turn in the door once and turn once only
We think of the key, each in his prison
Thinking of the key, each confirms a prison
Only at nightfall, aethereal rumors
Revive for a moment a broken Coriolanus
- At this point, you hear the thunder for a second time, and this time you hear it as the word Dayadhvam, which means "to have compassion."
- Eliot's notes tell us that he's alluding, once again, to a line from Dante's Inferno, in which the speaker tells us that he heard a horrible tower being locked up…while he was in it.
- In the waste land, though, our speaker hears the sound of a key turning. In fact, we all hear this symbolic key, "each in his prison" (414).
- Eliot's notes also allude to the essay "Appearance and Reality" by FH Bradley. The essay suggest that thoughts, feelings, and external sensations are a private matter, because each person experiences the world differently—from a different perspective, one that's inaccessible to anyone else.
- Based on the previous lines, we're thinking the prison he's talking about here is our own egotistical selfishness, our own, singular way of looking at the world.
- Modern people like us only tend to think about ourselves, and even when we do think of others, we do it just to think more highly of ourselves as "good" people.
- Alert: another allusion's afoot. The mention of Shakespeare's Coriolanus further develops this idea of selfishness, since Big Willy's Coriolanus was, in the play, a great solider who acted out of pride instead of duty.
In the modern world, it's tough to say if we actually know what real compassion is, because we can never get past our own concerns (we're all too busy thinking about our own prisons and keys). It's possible that we couldn't be compassionate even if we wanted to, since we lack the spiritual knowledge to do so. No wonder Eliot would refer to the ego as a prison.
1 mars 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13,15,17,19,21,23, 25 et 27 février)
Tant pis! vers le bonheur d'autres m'entraîneront
Par leur tresse nouée aux cornes de mon front:
Tu sais, ma passion, que, pourpre et déjà mûre,
Chaque grenade éclate et d'abeilles murmure;
Et notre sang, épris de qui le va saisir,
Coule pour tout l'essaim éternel du désir.
À l'heure où ce bois d'or et de cendres se teinte
Une fête s'exalte en la feuillée éteinte:
Etna! c'est parmi toi visité de Vénus
Sur ta lave posant tes talons ingénus,
Quand tonne une somme triste ou s'épuise la flamme.
Je tiens la reine!
2 mars 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses (see 10,12,14,16,18, 20, 22, 24,26 and 28 February).
Lines 418-423
DA
Damyata: The boat responded
Gaily, to the hand expert with sail and oar
The sea was calm, your heart would have responded
Gaily, when
invited, beating obedient
To controlling hands
- The thunder rumbles for the third time, and this time you hear it as Damyata, which means to have self-control.
- If you're asking Eliot (and we are), one of the biggest problems with the modern world, apart from our selfishness, is the fact that we don't really resist temptation anymore. If we want something, we just go out and buy it, then move on to the next thing.
- The lines that follow seem pretty happy, though, describing the speaker at sail on a calm sea and a heart responding "Gaily" to an invitation.
- It seems to Shmoop that the most important word in these lines is "obedient," because Eliot is telling you to be obedient to something greater than yourself, some higher ideal or higher power. Whatever it is, just don't go around assuming that your happiness is the most important thing in the world, because then you'll have ignored what the thunder said.
Je continue avec Bonnard, à propos d’ Aristophane, qui décrit la vie à Athènes avec la démagogie ambiante, les méfaits de la guerre, et la cupidité absolue qui semble y régner.
Sur la démagogie Aristophane présente un caractère : Céon, dans la pièce Les Cavaliers, qui s’adresse ainsi à Demos (le peuple) : « Démos, je t’aime, je suis épris de toi…Démos tu dois régner un jour sur tous les Grecs, être juge en Arcadie avec cinq oboles par jour…Démos voici des oracles qui déclarent que tu dois commander à la terre entière, couronnée de roses… Démos, ne te fatigue pas, prends unbain, gorge-toi,bourre-toi, empiffre-toi…Voici du civet de lièvre, voici des douceurs..Voici ma propre tunique… Voici, sans avoir rien à faire, une pleine d’assiétée de dde salaires pour te goberger. »
Mais le même Cléon, vaniteux, violent, « se pose sur les fleurs de la vénalité ».
Une belle image pour certains politiciens de notre temps…
3 mars 2019
Poème du jour : continuation de L’Après-midi d’un faune (voir 9,11,13,15,17,19,21,23,25 27 février et 1 mars)
O sûr châtiment...
Non, mais l'âme
De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi:
Sans plus il faut dormir en l'oubli du blasphème,
Sur le sable altéré gisant et comme j'aime
Ouvrir ma bouche à l'astre efficace des vins!
Couple, adieu; je vais voir l'ombre que tu devins.
Découvert une écrivaine qui me paraît merveilleuse : Goliarda Sapienza L’Arte della gioia. La magie du Kindle : en trois minutes on peut lire quelques pages, et on peut décider si on aime ou non---
4 mars 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses ( see 10,12,14,16,18, 20, 22, 24,26, 28 February and March 2).
Lines 424-426
I sat upon the shore
Fishing, with the arid plain behind me
Shall I at least set
my lands in order?
- The speaker returns from sailing to "upon the shore / Fishing" (424-425), which refers back to lines 189-192 when the speaker was fishing on the dirty canal.
- The "arid plain behind [him]" still suggests that there hasn't been any sort of rebirth in the land, even after we've heard the thunder's message.
- But hey, the speaker thinks it's about time he set things right ("set my lands in order"). Still, it's one thing to know what's right; it's another thing to go out and do it.
- There's another, less optimistic way to read these lines. When you set your affairs in order, after all, you're getting everything ready for your death. So in these lines, Eliot might be trying to make you think about dying, because this might be the only way to get you to stop thinking so selfishly. It's easier to do the right thing when you realize that you're just like everyone else, and that there's no point in trying to have more possessions or more fame than others, because everyone dies anyway.
- It might not be what you want to hear, but when has Eliot ever said something someone wanted to hear?
- Ah, but Shmoop can't stop there. What is perhaps most important about these lines is the introduction of one of the central figures of the poem: the Fisher King. Who's that you ask? Well, allow Shmoop:
- The Fisher King was a common figure in grail legends and Arthurian romances. Legends have it that when the knight Perceval (or Parsifal, if you're gonna get French on us, like Verlaine, to whom Eliot alluded in line 202) was on his Grail quest, he stopped by a castle with a wounded King—the Fisher King. The Fisher King is almost always wounded somewhere in the general area of the groin (infertility, much?). When he suffers, well, so does his kingdom, with matching infertility (hence, the waste land, or "arid plain").
- It's a great honor to be the knight who finally heals this guy, and that honor went to Perceval, who also happened to be the knight who was innocent, pure, and plainly good enough to find the Holy Grail.
- What does all this have to do with "The Waste Land"? Think of it as an allegory of sorts. The Fisher King's lands, which really, really need to be set in order, what with their being barren and all, are representative of modern society, which could also use some serious help. If only the modern world had some sort of Perceval, who was able to heal the King's wounds, and to, by extension, heal the land.
- It's pretty interesting to note that in this case, it's the Fisher King who appears to be the one who's able to set his lands in order and get things growing again.
- But will he?
Un ami ne sait que répondre à uun ami qui lui sert l’argument qu’on entend tous les jours : mais deux ou trois degrés de plus, ce n’est rien quand on regarde la varité des climats sur terre. J’écris rapidement le texte suivant, pour l’aider à trouver des contre-arguments :
DEUX DEGRES DE PLUS EN SUISSE. ET POUQUOI PAS ?
B.Giovannini
On entend de plus en plus de gens, ayant accepté que les températures du globe augmentent effectivement, qui disent : et pourquoi pas ? Deux degrés de plus, après tout, ce n’est pas grand-chose, et tout le monde sait qu’il est peut-être plus agréable de vivre sur la Côte d’Azur que dans la vallée de Joux. Et il y a beaucoup de villes de par le monde qui ont des températures moyennes nettement supérieures à la température moyenne de Genève ou Zürich, et qui s’en portent très bien. On aura des forêts peut-être un peu différentes, et on utilisera davantage nos piscines, et voilà. Inutile de paniquer, on verra bien.
Avant de se réjouir trop vite, il faut cependant considérer d’autres aspects du problème.
Premièrement une augmentation limitée à deux degrés est d’ores et déjà pratiquement impossible à tenir, même si on s’y met de façon extrêmement déterminée. Si on ne panique pas, on aura plutôt 4 degrés ou plus à la fin du siècle.
Ensuite les températures continentales à la latitude de la Suisse augmenteront deux fois plus vite que la température globale, un effet déjà avéré expérimentalement aujourd’hui. On aura donc, non pas quatre, mais huit degrés d’augmentation.
Pour notre pays, les vagues de chaleur en été, qui voient des températures de l’ordre de 35 degrés, auront des températures de l’ordre de 45 degrés ou plus (les extrêmes augmentent plus vite que la moyenne).
Toujours pour notre pays, les calculs montrent qu’il y a un risque de diminution des pluies en été, et comme, à cause de la fonte des glaciers, les débits des fleuves et des rivières commenceront par augmenter puis diminueront lorsque les glaciers auront pratiquement disparu. La Suisse risque donc de devenir un pays très chaud en été, et en plus manquant d’eau.
Mais la Suisse n’est pas seule au monde. Si la température augmente en Suisse, elle augmentera ailleurs aussi. Au plan global, de nombreuses villes et régions nettement plus chaudes que dans notre pays, verront, si elles sont à l’intérieur des terres, leur température monter au point de les rendre pratiquement inhabitables (par exemple Dehli, dont les températures extrêmes peuvent atteindre aujourd’hui environ 470 C, monteront à plus de 550 C, une température trop haute pour l’animal homme).
Les villes au bord de l’océan devront aussi être graduellement abandonnées, à cause de la montée du niveau des mers.
Dans de nombreuses régions les changements climatiques risquent de diminuer la production agricole de manière importante.
Une augmentation des températures risque de provoquer aussi des désertifications catastrophiques autour de la Méditerranée, mais aussi dans le Sud de l’Australie, dans l’Ouest des EU, et même en Amazonie. Et peut-être même en Suisse. (personnellement je suis un peu inquiet de voir une prériode de sécheresse au début de 2019, suivant une année de sécheresse en 2018)
Tout cela risque de créer des mouvements de population totalement ingérables. Ce ne sont pas quelques dizaines de milliers de réfugiés qu’il faudra gérer, mais des centaines de millions.
Et je ne parle pas des autres conséquences prévues du réchauffement global : extinctions massives d’espèces végétales et animales (notamment le plancton), multiplication d’événements climatiques extrêmes, effets potentiellement incontrôlables de rétroréactions positives, pouvant menant à un emballement de l’effet de serre.
Soyons prudents : et bien que les conséquences décrites plus haut sont encore à vérifier expérimentalement pour être vraiment avérées, il faut tout d’abord noter que les conséquences prévues il y a quarante ans ou plus par les scientifiques ont toutes été avérées, et que le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat ) a plutôt par le passé péché par excès de prudence, sous-estimant par exemple la vitesse de fonte des glaces polaires.
La prudence la plus élémentaire nous commande de prêter attention aux cris d’alarme de plus en plus pressants du GIEC et surtout de souhaiter n’avoir jamais à vérifier les prédictions les plus alarmistes! Et la prudence nous commande donc de tenter de rester sagement en dessous de 1,5 degrés ou 2 degrés au pire. Ce qui demanderait un effort gigantesque de la part de la Communauté internationale. Et donc de tous les pays, même les plus petits
5 mars 2019
Poème du jour : Marie-Claire Bancquart, décédée il y a quelques jours
Quand la respiration difficile du réveil
aura cessé de m’agacer,
quand j’aurai vécu ma dernière nuit de femme,
je plongerai dans l’univers multiple,
j’intégrerai telle espèce animale, telle herbe,
puis telle autre.
Puis ce sera la disparition dernière du vivant.
Cher sire aimé,
nous n’irons plus vers la douceur de vivre,
mais vers l’incertitude.
Des chercheurs, des savants, exhiberont quelques
fragments de nous
Et puis, et puis, ces fragments eux-mêmes
auront disparu.
Des millions d’années ensuite, quelqu’un se demandera
si la vie avait existé vraiment, sur cette planète désormais
inatteignable
Convient à mes préoccupations actuelles sur l’avenir de notre pauvre planète.
6 mars 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses ( see 10,12,14,16,18, 20, 22, 24,26, 28 February, March 2 and 4).
Lines 427-430
London Bridge is falling down falling
down falling down
Poi s'acose nel foco che gli affina
Quando fiam uti chelidon—O swallow swallow
- At this point, the poem sends out its final cry and throws out a nutty series of references to things from all kinds of different times and cultures.
- It all starts with "London Bridge is falling down" (427), which is part of a familiar nursery rhyme, but just plain creepy when inserted into "The Waste Land."
- In this case, it's a useful symbol with which Eliot can depict the collapse of Western culture.
- Line 428 comes again from Dante's Inferno, and it talks about a poet who's burning in Hell. It translates to "he hid himself in the fire which refines them."
- Although the line brings up the image of hellfire, it might actually be hopeful, because fire in this instance can be a purifying or "refining" thing as much as a destructive thing. Maybe Western culture is going through the burning it needs in order to rise again to greatness?
. Line 429 brings you back to the myth of Philomela, and translates to "When shall I be as the swallow?" This might refer to Eliot's own desire to transform into a bird like Philomela so he can fly away from the brutal modern world and go off to sing his songs somewhere else.
7 mars 2019
Poème du jour : La Fontaine
Amants, heureux amants , voulez-vous voyager?
Que ce soit aux rives prochaines ;
Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,
Toujours divers, toujours nouveau ;
Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.
8 mars 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses ( see 10,12,14,16,18, 20, 22, 24,26, 28 February, March 2,4 and 6).
Line 430-431
Le Prince d'Aquitaine
a la tour abolie
These fragments I have shored against my ruins
Line 430 is in French, and translates as "The Prince of Aquitaine in the ruined tower."
This image continues Eliot's use of crumbling towers as symbols of crumbling civilization (remember that allusion to Inferno in line 412?). The line comes from a sonnet called "El Desdichado" by a French poet named Gérard de Nerval.
Line 431 might actually be the most important line in the entire poem, because it basically sums up everything Eliot is trying to do by writing "The Waste Land."
What do we mean by that? Well, he has taken broken fragments from a culture that was once whole, and is just piecing them together in order to "shore up" his ruins.
In other words, he sees himself standing in the middle of a waste land that's littered with pieces from a glorious, high-cultured past, and in writing this poem, he has collected these broken pieces and piled them together in a sort of testimony, which he feels is the most he can do now that Western culture is broken.
9 mars 2019
Poème du jour : Baudelaire
Voilà que j’ai touché l’automne des idées,
Et qu’il
faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l’eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
J’ai deux amis climatosceptiques. Quelle déception ! Cractéristiques du climatosceptique typique : ne cite pas ses sources, ou du moins pas des sources scientifiquement honorables (revues avec comité de lecture, papiers récents ( important car des publications honorables mais anciennes ont peut-être ouvert des discussions complètement clarifiées et résolues)) et surtout aucune envie d’approfondir un problème en s’appuyant sur la litérature récente.
10 mars 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses ( see 10,12,14,16,18, 20, 22, 24,26, 28 February, March 2,4,6 and 8).
Line 432
Why then Ile fit you. Hieronymo's mad againe.
- This line is taken from a play called The Spanish Tragedy by Thomas Kyd. The subtitle to this play is "Hieronymo's Mad Againe," and the line "Ile fit you," comes from the main character, who's asked to write a play for the royal court and replies something along the lines of "Oh I'll give you a play all right!"
- He ends up writing a play that leads to the deaths of the people who've murdered his son. In this case, Eliot might be sending out a message of rage to Western culture, saying, "You want a poem? Here's a poem!"
Sombres jours. Sombres jours, le malheur frappe souvent de manière totalement inattendue….
11 mars 2019
Poème du jour : Apollinaire
Sous le pont
Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine.
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains
restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va
comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent
les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
12 mars 2019
Poem of the day : T.S. Eliot What the thunder said : the next verses ( see 10,12,14,16,18, 20, 22, 24,26, 28 February, March 2,4,6,8 and 10).
Lines 433-434
Datta. Dayadhvam. Damyata.
Shantih Shanith Shantih
- The poem closes with the repetition of the three words the thunder said, which again mean: "Give, show compassion, and control yourself." These are Eliot's final words of advice to his audience, and it's advice he wants us to follow if we're going to have any hope of moving forward.
- What's fascinating about this is that Eliot has spent all this time talking about the collapse of Western culture, and now he seeks the rebirth of our civilization by turning to the Eastern culture of Hinduism (or even Buddhism in "The Fire Sermon").
- With that said, Eliot concludes the poem by repeating the word "Shantih" three times. Shantih is a sacred word from the Hindu faith (it ends each Upanishad, and it translates into English as "The peace which passeth all understanding."
- The final repetition of this word might be Eliot's way of saying he's gone as far as his words can take him. In the end, there might actually be a mystical peace that's out there, but it's probably something that exists beyond all human understanding.
- For such a depressing poem, "The Waste Land" actually ends on a slight note of hope, pointing us toward non-Western religions as a way to restore our faith and to start acting like decent, unselfish human beings again. Well, at least that's something. Maybe we're not so doomed after all.
- Maybe.
Du livre de Bonnard : alors que dans les tragédies de Sophocle, le malheur frappe par l’action des dieux, dans Euripide, ce sont les hommes eux-mêmes par leurs passions et leurs imperfections qui sont en partie responsables de leus destins…
13 mars 2019
Poème du jour Villon
Je plains le temps de ma jeunesse
Auquel j’ai plus qu’autre gallé
14mars 2019
Poem of the day : Beckett (Cascando)
the hours after you are gone are so leaden
they will always start dragging too soon
the grapples clawing blindly the bed of want
bringing up the bones the old loves
sockets filled once with eyes like yours
all always is it better too soon than never
the black want splashing
their faces
saying again nine days never floated the loved
nor nine months
nor nine lives
15 mars 2019
Poème du jour Agrippa d’Aubigné
Voici moins de plaisirs, mais voici moins de peines.
Le rossignol se tait, se taisent les sirènes
Nous ne voyons cueillir ni les fruits ni les fleurs
L’espérance n’est plus bien souvent tromperesse ;
L’hiver jout de tout. Bienheureuse vieillesse,
La saison de l’usage, et non plus des labeurs
16 mars 2019
Poem of the day : Beckett
saying again
if you do not teach me I shall not learn
saying again there is a last
even
of last times
last times of begging
last times of loving
of knowing not knowing pretending
a last even of last times of saying
if you do not love me I shall not be loved
if I do not love you I shall not love
17 mars 2019
Poème du jour : La Fontaine
J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ;
Il n’est rien qui ne me soit souverain bien
Jusqu’au sombre
plaisir d’un coeur mélancolique.
18 mars 2019
Poem of the day Emily Dickinson
I HAD no time to hate, because | |
The grave would hinder me, | |
And life was not so ample I | |
Could finish enmity. |
|
| |
Nor had I time to love; but since | 5 |
Some industry must be, | |
The little toil of love, I thought, | |
Was large enough for me. |
19 mars 2019
Poème du jour : La Fontaine
Chacun se dit ami, mais fou qui s’y repose,
Rien n’est plus commun que le nom,
Rien n’est plus rare que la chose.
Quelqu’un me signale des nouvelles des aventures amoureuses du Père Philippe : dans "La Liberté" du samedi 16 mars 2019, p. 13 ... "L'étoile pâlie du Père Philippe" avec sa photo lors d'une "embrassade avec le pape Jean-Paul II", le témoignage d'une ancienne religieuse , "victime durant plus de deux décennies, d'abus sexuels, d'abord du Père Philippe au début des années 1970, puis de..."
20 mars 2019
Poem of the day
Article complet de la Liberté du 16.03.19 sur le Père Philippe :
Le Père dominicain Marie-Dominique Philippe, décédé en 2006 à l’âge de 93 ans, est omniprésent dans le documentaire Esclaves sexuelles de l’Eglise, récemment diffusé par la RTS. L’ancien prieur général de la Communauté Saint-Jean, qu’il avait fondée à Fribourg en 1975, y apparaît sous les traits d’un prédateur sexuel ayant agi de concert avec son frère aîné Thomas, lui-même prêtre et aumônier d’une communauté catholique établie en France (L’Arche).
Pour la première fois, l’une des victimes de ces inconduites a évoqué publiquement, et à visage découvert, les abus sexuels qu’elle a subis durant plus de deux décennies – d’abord de la part du Père Philippe au début des années 1970, puis du Père Thomas. Le témoignage de Michèle-France, une ancienne religieuse dont le calvaire avait commencé dans un couvent de Carmélites à Boulogne-Billancourt en banlieue parisienne, a ravivé la lumière qui avait été faite il y a quelques années déjà sur les turpitudes du fondateur de la Communauté Saint-Jean.
Professeur à Fribourg
En 2013, ladite congrégation avait elle-même évoqué des «témoignages convergents et crédibles disant que le Père Philippe a parfois posé des gestes contraires à la chasteté, sans union sexuelle, à l’égard des femmes adultes qu’il accompagnait». Ces révélations avaient eu un retentissement particulier à Fribourg: le père dominicain y a enseigné la philosophie à l’université durant près de quatre décennies, de 1945 à 1982.
Le religieux réputé traditionaliste y avait laissé des souvenirs contrastés, allant de l’admiration à l’amusement. Un ancien étudiant se souvient d’un professeur «brillant, très affable spécialement envers les étudiantes qui admiraient le moine et ses effets de robe». Un autre avait évoqué dans ces colonnes un «brillant métaphysicien-prédicateur-enflammé-volontiers-mystique brassant des concepts, lesquels finissaient en gerbes colorées et frémissantes, véritables feux d’artifice qui laissaient les Petits Gris (le surnom des frères de Saint-Jean, ndlr) en pâmoison et les autres dubitatifs».
De son vivant, le Père Philippe a été critiqué pour ses liens avec «mère Myriam», une de ses anciennes étudiantes d’origine hongroise, fondatrice de la communauté des Petites Sœurs de la compassion, d’Israël et de Saint-Jean, et accessoirement accusée de dérives sectaires et sadiques.
Présente sur les cinq continents, la Congrégation de Saint-Jean dispose d’un prieuré à Genève. Il y a une dizaine d’années, l’un de ses frères s’est retrouvé dans le collimateur de la justice genevoise. On lui reprochait d’avoir abusé de deux jeunes filles âgées de 18 ans au moment des faits, qui se seraient déroulés au début des années 1990. L’affaire a été classée en septembre 2008 pour cause de prescription. Le frère mis en cause, qui a quitté la communauté depuis plusieurs années, a actionné la Cour européenne des droits de l’homme et obtenu, en 2014, que la Suisse soit condamnée à l’indemniser pour violation de la présomption d’innocence.
Une commission comportant des laïcs a été mise en place en 2015 afin de recueillir d’éventuels témoignages impliquant des frères de Saint-Jean, que les faits soient ou non prescrits, explique Frère Jean-Yves, porte-parole de la communauté en France. Les frères «ont conscience de porter une histoire communautaire d’environ 45 ans marquée douloureusement par les agissements de leur fondateur et les erreurs passées dans la gestion des cas d’abus sexuels, notamment par manque de prise de conscience des souffrances infligées aux victimes et par manque de formation, de procédures», ajoute-t-il. «Nous avons demandé pardon en plusieurs occasions, et le refaisons ici.» De nombreuses actions ont été mises en œuvre afin de prévenir de tels actes à l’avenir et, si nécessaire, de faire remonter l’information vers les autorités judiciaires, ajoute Frère Jean-Yves.
Du côté du diocèse de Genève, Lausanne et Fribourg, on indique n’avoir pas trace de témoignages d’éventuelles victimes du Père Philippe du temps où il enseignait dans la cité des Zaehringen. «Ce qui ne veut pas dire qu’on n’en aura pas un jour», souligne la porte-parole du diocèse Laure-Christine Grandjean. L’évêque Charles Morerod, qui a lancé le 8 mars un appel à témoignages adressé aux communautés religieuses, reviendra sur les faits évoqués par le reportage diffusé à la RTS dans une lettre pastorale qui sera publiée lundi.
21 mars 2019
Poème du jour Euripide dans les Bachantes (Bonnard vol 3 p. 36)
O bienheureux, l’homme chéri des dieux
Qui initié à leurs mystères,
Mène sur la montagne la vie des élus,
Fait entrer son âme dans le cortège et, par la vertu
Des purifications, devient Bacchos….
Il faut absolument que je trouve le temps de lire Euripide…
22 mars 2019
Poem of the day : Emily Dickinson
If
you were coming in the Fall
I'd brush the Summer by
With half a smile, and half a spurn
As Housewives do, a Fly
If I could
see you in a year
I'd wind the months in balls
And put them each in separate Drawers
For fear the numbers fuse
If only Centuries,
delayed
I'd count them on my hand
Subtracting, til my fingers dropped
Into Van Dieman's Land
If certain, when this life was out
That yours and mine, should be
I'd toss it yonder, like a Rind
And take Eternity
But, now, uncertain of the length
Of this, that is between
It goads me, like the Goblin Bee
That will not state its sting
23 mars 2019
Poème du jour Euripide dans les Bachantes (Bonnard vol 3 p. 36) suite
Bientôt toute terre dansera quand Bromios
Prenant la tête de la troupe, conduira les siens de crête en crête…
Joie dans la montagne, après la danse bondissante,
De s’écrouler sur le sol, portant du faon la dépuoille sacrée,
de goûter le sang du bouc égorgé, et la grâce de la chair crue,
Tandis que sur les collines phrygiennes, lydiennes,
Bromios lance l’évohé !
24mars 2019
Poem of the day : Emily Dickinson
Have you got a
brook in your little heart,
Where bashful flowers blow,
And blushing birds go down to drink,
And shadows tremble so?
And nobody knows, so still it flows,
That any brook is there;
And yet your little draught
of life
Is daily drunken there.
Then look out for the little brook in March,
When the rivers overflow,
And the snows come hurrying from the hills,
And the bridges often go.
And later, in August
it may be,
When the meadows parching lie,
Beware, lest this little brook of life
Some burning noon go dry!
Demain commence une semaine cruciale pour le Brexit… Quelle histoire…
25 mars 2019
Poème du jour Euripide dans les Bachantes (Bonnard vol 3 p. 36) suite
La terre ruisselle de lait, ruisselle de vin,
Ruisselle du nectar des abeilles…
Alors, brandissant comme une torche la flamme rouge
De son thyrse, Bacchos précipite sa course.
Prodiguant ses clameurs, il stimule la frénésie des choeurs.
La volupté de ses cheveux se dénoue dans le ciel.
Sa voix appelle comme un tonnerre.
On aimerait y être presque…sacré Bacchus…
Deux petits témoignages sur le Père Philippe :
Sur le sexe, il a dit une fois : le sexe devrait être comme une danse, pas ces vacheries..
Le soir, de plus en plus mystique, il allait souvent sur son balcon, contemplant le ciel, attendant une apparition…
Le Parlement britanique reprend la main sur l’ordre du jour, une petite révolution politique…
26 mars 2019
Poem of the day :Emily Dickinson
THE GRASS so little has to do,— | |
A sphere of simple green, | |
With only butterflies to brood, | |
And bees to entertain, | |
| |
And stir all day to pretty tunes | 5 |
The breezes fetch along, | |
And hold the sunshine in its lap | |
And bow to everything; | |
|
|
And thread the dews all night, like pearls, | |
And make itself so fine,— | 10 |
A duchess were too common | |
For such a noticing. | |
| |
And even when it dies, to pass | |
In odors so divine, | |
As lowly spices gone to sleep, | 15 |
Or amulets of pine. | |
| |
And then to dwell in sovereign barns, | |
And dream the days away,— | |
The grass so little has to do, | |
I wish I were a hay! |
Je crois que cette fois la pauvre Teresa May va pouvoir passer son projet…
Le Père Philippe encore : Tout cela me rappelle une phrase due je crois à Valéry : l’amour, c’est l’infini à la portée des petits chiens. N’arrivant pas à atteindre l’infini par la méditation et le mysticisme, le Père Philippe s’est rabatu sur la méthode des petits chiens. Cela me rappelle aussi la phrase de Saint Augustin : qui veut faire l’ange, fait la bête…
27 mars 2019
Poème du jour : La Fontaine
Solitude où je trouve une douceur secrète,
Lieux
que j'aimai toujours, ne pourrai-je jamais,
Loin du monde et du bruit, goûter l'ombre et le frais ?
Oh ! qui m'arrêtera sous vos sombres asiles !
Quand pourront les neuf Soeurs , loin des cours et des villes,
M'occuper tout
entier, et m'apprendre des cieux
Les divers mouvements inconnus à nos yeux,
Les noms et les vertus de ces clartés errantes,
Par qui sont nos destins et nos mœurs différentes ?
Que si je ne suis né
pour de si grands projets,
Du moins que les ruisseaux m'offrent de doux objets !
…
Quand le moment viendra d'aller trouver les morts,
J'aurai vécu sans soins, et mourrai sans remords.
28 mars 2019
Poem of the day : Clive James
Sentenced to life, I sleep face-up as though
Ice-bound, lest I should cough the night away,
And when I walk the mile to town, I show
The right technique for wading through
deep clay.
A sad man, sorrier than he can say.
But surely not so guilty he should die
Each day for knowing that his race is run:
My sin was to be faithless. I would lie
As if I could be true to everyone
At once,
and all the damage that was done
Was in the name of love, or so I thought.
I might have met my death believing this,
But no, there was a lesson to be taught.
Now, not just old, but ill, with much amiss,
I see things
with a whole new emphasis.
My daughter’s garden has a goldfish pool
With six fish each a finger long.
I stand and watch them following their rule
Of never touching, never going wrong:
Trajectories perfect as plain
song.
Once, I would not have noticed; nor have known
The name for Japanese anemones,
So pail, so frail. But now I catch the tone
Of leaves. No birds can touch down in the trees
Without my seeing them. I count the bees.
Even my memories are clearly seen:
Whence comes the answer if I’m told I must
Be aching for my homeland. Had I been
Dulled in the brain to match my lungs of dust
There’d be no recollection I could trust.
Yet I, despite my guilt, despite my grief,
Watch the Pacific sunset, heaven sent,
In glowing colours and in sharp relief,
Painting the white clouds when the day is spent,
As if it were my will, and testament –
As if my first impressions were my last,
And time had only made them more defined,
Now I am weak. The sky is overcast
Here in the English autumn, but my mind
Basks in the light I never left bebhind.
Le psychodrame du Brexit continue. Suivre la politique anglaise, c’est comme regarder le Titanic couler. Quelle tristesse…
29 mars 2019
Poème du jour :
Couché sous tes ombrages
verts,
Gastine, je te chante
Autant que les Grecs, par leurs vers
La forêt d'Érymanthe :
Car, malin, celer je ne puis
À la race future
De combien obligé je suis
À ta belle verdure,
Toi qui, sous l'abri de tes bois,
Ravi d'esprit m'amuses ;
Toi qui fais qu'à toutes les fois
Me répondent les Muses ;
Toi par qui de l'importun soin
Tout franc je me délivre,
Lorsqu'en toi je me perds
bien loin,
Parlant avec un livre.
Tes bocages soient toujours pleins
D'amoureuses brigades
De Satyres et de Sylvains,
La crainte des Naïades !
En toi habite désormais
Des Muses le collège,
Et ton bois ne sente jamais
La flamme sacrilège !
L’Angleterre s’enfonce de plus en plus. C’est une tragédie shakespearienne, avec traitres, meurtres, ambitions démesurées…Cà va mal fiinir…
Séléctionner un poème tous les jours est un exercice magnifique…Cela oblige à explorer des pistes noouvelles, des poètes encore inconnus…
30 mars 2019
Poem of the day : Marina Tsvetaeva
Did you roam the smoldering squares
With me, hot, homeless and dazed,
Beneath the huge moon – you, who dares
To measure me by the days?
Inside the tavern, cursed by the plague,
While the frenzied waltz still lingered,
Did your drunken grip ever break
My slender and brittle fingers?
And have you heard me whisper as I drift
to sleep? - O, smoke and ashes! – Never?!
What could you know about me if
We never slept or drank together?
Je crois que j’ai compris quelque chose : le débat sur les changements climatiques est en train de se modifier complètement : il ne s’agit plus de discuter de l’ampleur du phénomène, qui est aujourd’hui indiscutable, mais d’évaluer les conséquences, ce qui est beaucoup plus difficile. Les climaticosceptiques se sont transformés en climato-appaisants, et les climato-convaincus en climato-paniqués…Je suis sans aucun doute un climato-paniqué, mais je vais essayer de me transformer en climato-scientifiquo-objectif, chacun devant conclure sur les conséquences selon son humeur : optimiste ou pessimiste..
31 mars 2019
Poesia del giorno: Alcmane dans Lirici greci de Quasimodo
Dormono le cime dei monti
e le vallate intorno,
i declivi e i burroni:
dormono i rettili, quanti nella specie
la nera terra alleva,
le fiere di selva, le varie forme di api,
i mostri nel fondo cupo del mare;
dormono le generazioni
degli uccelli dalle lunghe ali.
1 avril 2019
Poème du jour : François Villon, Ballade en vieux langage français
Car, ou soit ly sains appostolles
D'aubes vestuz,
d'amys coeffez,
Qui ne seint fors saintes estolles
Dont par le col prent ly mauffez
De mal talant tous eschauffez,
Aussi bien meurt que filz servans,
De ceste vie cy brassez :
Autant en emporte ly vens.
…
Heraux, trompectes, poursuivans,
Ont ilz bien boutez soubz le nez ?
Autant en emporte ly vens.
Prince a mort sont tous destinez,
Et tous autres qui sont vivans :
S'ils en sont courciez n'atinez,
Autant en emporte ly vens.
Que ce soit le saint pape,
D’aubes vêtu, coiffé d’amicts,
Qui ne ceint que de saintes étoles
Dont par le col il prend les ppossédés,
Tout échauffés de haine,
Il meurt aussi bien que les maîtres et les serviteurs,
De cette vie emportés sans retour :
Autant en emporte le vent.
……..
Hérauts, trompettes, poursuivants d’armes,
Ont-ils bien bu et bien mangé ?
Autant en emporte le vent.
Les Princes sont voués à la mort,
Et tous autres qui sont vivants :
S’ils en sont courroucés ou affligés,
Autant en emporte le vent !
Et voilà : le Parlement britanique décide une fois de plus de ne rien décider : il repousse toutes les alternatives raisonables.
2 avril 2019
Poesia del giorno : Tonino Guerra (1920-2012)
Acqua, fuoco e poi la cenere
e le ossa dentro la cenere,
l’aria trema attorno alla Terra.
Dove sono le foglie verdi, l’erba, i piselli
col dito delle donne che li staccava dalla buccia?
Dove sono le rose e la chitarra, i cani e i gatti,
i sassi
e le siepi di confine,
le bocche che cantavano, i calendari, i fiumi,
e le tette piene di latte? Dove sono le favole
se le candele spente non fanno più lume?
Dov’è il Tempo con tutti i giorni della settimana,
le ore e i secondi che battono?
Il Sole gira e si muovono le ombre
della roba che sta ferma.
E io dove sono? Dov’è il tale?
Venezia che si è affogata
è un mucchio di ossa bianche sotto il mare.
Ma verrà il giorno che dalla porta del cielo
cadrà giù una voce dentro la polvere.
Comanderà che venga fuori l’uomo
che ha inventato tutto quanto:
la ruota, gli orologi, i numeri,
e le bandiere
per le strade.
Allora si alzerà Adamo e a testa alta
andrà sotto quella Luce Grande
per dire che il miele che ci ha dato
era in cima a una spada.
Trouvé une source inépuisable de poésies du jour en italien :
http://www.poesia.it/DailyPoetry/Archivio_PDG.htm
Pourquoi se gêner ?
Ce qui frappe le plus peut-être dans les soubresauts du Brexit, c’est l’incroyable culture de classe qui existe encore dans le Royaume Uni. Pour certains de la droite du parti conservateur, on ne parle pas à Corbyn, parce que c’est le genre de personne auquel on ne parle pas, point. C’est nous qui commandons, point.
Au pied du mur, avec ma mémoire : deux textes à savoir pour deux spectacles différents. Dans un mois. Brrr….
3 avril 2019
Gedicht des Tages : Goethe
März
Es ist ein Schnee gefallen,
Denn es ist noch nicht Zeit,
Daß von den Blümlein allen,
Daß von den Blümlein allen
Wir werden hoch erfreut.
Der Sonnenblick betrüget
Mit mildem, falschem Schein,
Die Schwalbe selber lüget,
Die Schwalbe selber lüget,
Warum? Sie kommt allein.
Sollt ich mich einzeln freuen,
Wenn auch der Frühling nah?
Doch kommen wir zu zweien,
Doch kommen wir zu zweien,
Gleich ist der Sommer da.
Et trouvé où ?
https://gedichte.xbib.de/gedicht_des_tages,,2019-03-31.html
Cà devient trop facile…
4 avril 2019
Poesia del giorno : Saffo
O mia Afrodite dal simulacro
colmo di fiori, tu che non hai morte,
figlia di Zeus, tu che intrecci inganni,
o dominatrice, ti supplico,
non forzare l'anima mia
con affanni né con dolore;
ma qui vieni.
Altra volta la mia voce
udendo di
lontano la preghiera
ascoltasti, e lasciata la casa del padre
sul carro d'oro venisti.
Leggiadri veloci uccelli
sulla nera terra ti portarono,
dense agitando le ali per l'aria celeste.
E subito giunsero.
E tu, o beata,
sorridendo nell'immortale volto
chiedesti del mio nuovo patire,
e che cosa un'altra volta invocavo,
e che più desideravo
nell'inquieta anima mia.
" Chi vuoi che Péito spinga al tuo amore,
o Saffo? Chi ti
offende?
Chi ora ti fugge, presto t'inseguirà,
chi non accetta doni, ne offrirà,
chi non ti ama, pure contro voglia,
presto ti amerà."
Vieni a me anche ora:
liberami dai tormenti,
avvenga ciò
che l'anima mia vuole:
aiutami, Afrodite.
Et maintenant la Chambre des Communes adopte une loi qui oblige Teresa May a demander à l’UE une extension du délai si elle n’arrive pas à faire adopter l’accord de sortie avant le 10 avril. Le suspense se durcit…
Encore faut-il que l’UE accepte.. L’UK oublie sans cesse qu’elle n’est pas seule à décider…
5 avril 2019
Poesia del giorno : Dante (vers cités par T.S. Eliot)
Or puoi la quantitate
Comprender dell’amor ch’a te mi scalda,
Quando dismento nostra vanitate,
Trattando l’ombre come terra salda.
Terminé une première version d’un document qui résume les données de base du changement climatique : http://www.bgiovanno.ch/274382329
6 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess
The Chair she sat in, like a burnished throne,
Glowed
on the marble, where the glass
Held up by standards wrought with fruited vines
From which a golden Cupidon peeped out
(Another hid his eyes behind his
wing)
Doubled the flames of the sevenbranched candelabra
Reflecting light upon the table as
The glitter of her
jewels rose to meet it,
- "A Game of Chess" opens with a description of a woman sitting inside a really expensive room. The "burnished throne" in line 77 is a reference to Shakespeare's Antony and Cleopatra, which heightens the queen-like sense of the room the speaker is describing to you.
- Line 78 mentions marble, line 79 gives us "fruited vines," line 80 describes a Cupidon (or one of those little cherub guys), and 82 talks about "sevenbranched candelabra," or a candle holder with seven holes to fit candles. Finally, the mention of "the glitter of her jewels" (84) fills out this description of luxury that seems like it could come out of an ancient Greek play. This lady's living the life. We'll see how long that lasts.
- Also, Eliot chooses to open this section of the poem with unrhymed iambic pentameter, or blank verse, which is a pretty classic, common meter in English poetry—recognizable enough to seem stable and easy to follow.
- It's only later in "A Game of Chess" that this fragile sense of order starts to break down. Which makes sense, because society's undergoing a bit of cultural and spiritual breakdown in the modern world. Or at least that's Eliot's take.
Voir https://www.shmoop.com/the-waste-land/game-chess-summary.html
Le Brexit est en train de détruire politiquement le Royaume Uni de fond en comble…
Encore des pages merveilleuses dans le livre de Bonnard : sur Platon cette fois.
7 avril 2019
Poem of the day : in relation with yesterday’s poem by Eliot : Shakespeare
Antony and Cleopatra, II, ii, l. 190.
Enobarbus
The barge she sat in, like a burnished throne,
Burned on the water. The poop was beaten gold;
Purple the sails, and so perfumèd that
The winds were lovesick with
them. The oars were silver,
Which to the tune of flutes kept stroke and made
The water they beat to follow faster,
As amorous of their strokes.
8 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6)
Lines 85-93
From satin cases poured in rich profusion.
In vials of ivory and coloured glass
Unstoppered,
lurked her strange synthetic perfumes,
Unguent, powdered or liquid—troubled, confused
And drowned the sense in odours; stirred by the air
That
freshened from the window, these ascended
In fattening the prolonged candle-flames,
Flung their smoke into the laquearia,
Stirring
a pattern on the coffered ceiling.
- These lines continue the description of the lavish room, telling us that stinky perfumes are oozing from vials and up to the ceiling (laquearia refers to a fancy, paneled ceiling. Yeah, we watch HGTV).
- We don't know about you, but we're starting to notice that everything sounds kind of fake and tawdry, too: "In vials of ivory and coloured glass / Unstoppered, lurked their strange synthetic perfumes, / Unguent, powdered, or liquid" (86-88).
- Yeah, we don't like the word unguent, either. But it's the word "synthetic" that especially seems to point to the unnaturalness of modern chemicals and even modern beauty.
- When the speaker suggests that the smell of these things "drowned the sense of odours" (89), it could mean that modern products are just too much sometimes, too overwhelming. You know what we're talking about: haven't you ever been stuck in an elevator with a dude who's wearing too much cologne?
Vu Célimène et le Cardinal, avec mon ami Gil Rossion. Très belle pièce, très intéressante, la fin un peu gnan, gnan…
9 avril 2019
Gedicht des Tages: Ludewig Heinrich Christoph Hölty ; Schubert D44
Grabe, Spaden, grabe!
Alles, was ich habe,
Dank' ich, Spaden, dir!
Reich' und arme Leute
Werden meine Beute,
Kommen einst zu mir!
Weiland groß und edel,
Nickte dieser Schädel
Keinem Grusse Dank!
Dieses Beingerippe
Ohne Wang' und Lippe
Hatte Gold und Rang.
Jener Kopf mit Haaren
War vor wenig Jahren
Schön, wie Engel sind!
Tausend junge Fentchen
Leckten ihm das Händchen,
Gafften sich halb blind!
Grabe, Spaden, grabe!
Alles, was ich habe,
Dank' ich, Spaden, dir!
Reich' und arme Leute
Werden meine Beute,
Kommen einst zu mir!
10 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6 and 8)
Lines 94-96
Huge
sea-wood fed with copper
Burned green and orange, framed by the coloured stone,
In which sad light a carvèd dolphin swam.
- The speaker follows the smoke from the candles to the room's ceiling, and find that it is made of "sea-wood fed with copper" (94), which makes it burn green and orange. As weird as it sounds, in the wayback days, a lot of ceilings were copper, so the image isn't all that strange.
- The speaker finds that in the room's "sad light a carvèd dolphin swam" (96). This line really shows how the room has taken the image of something natural and vibrant—a dolphin—and turned it into a dead carving. It's like the room wants to remind everyone of nature (it's trying really hard!), but it can only do this in a superficial way, not, ahem, unlike the modern world.
Discussion animée avec des amis sur le changement climatique. Je me demande pourquoi les gens ont tellement besoin de s’affirmer en niant les résultats scientifiques…
11 avril 2019
Poesia del giorno : Costantino Kavafis Traduit du grec
S’è avvolto nelle tenebre il mondo, non temere.
Non credere durevole tutto ciò ch’è oscuro.
Sei vicino ai piaceri, amico, alle valli, ai fiori:
osa, non ti fermare. Ecco, già sorge l’alba!
Solo una nebbia lieve il tuo sguardo intimorisce.
La natura benevola prepara sotto il velo
ghirlande di rose e di viole, di nobili narcisi
per te, profumate ricompense ai tuoi canti.
Poesie Segrete, 1886
12 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8 and 10)
Lines 97-103
Above the antique mantel was displayed
As though a window gave upon the sylvan scene
The change of Philomel, by the barbarous king
So
rudely forced; yet there the nightingale
Filled all the desert with inviolable voice
And still she cried, and still the world pursues,
"Jug
Jug" to dirty ears.
- These lines describe some sort of painting or tapestry that's on the wall of the lavish room, which depicts the transformation of the mythical heroine Philomela into a nightingale, which takes place in a "sylvan scene." That phrase is an allusion to John Milton's Paradise Lost, where he uses the phrase in Book IV, line 140.
- The transformation of whom into what? Here's the scoop:
- The myth of Philomela, which is featured in the poetic Metamorphoses written by the Roman named Ovid (just one name, kind of like Cher) around the time of Christ, tells the story of Philomela, who was raped by her sister's husband, King Tereus. He then cut out her tongue so she wouldn't tell on him (yes, those ancient Greeks and Romans loved their gruesome stories).
- As the story goes, Philomela managed to tell her sister the truth by weaving her story into a tapestry. Then the two of them iced Tereus' son and fed the boy to Tereus without the king knowing. After Tereus found out, Philomela escaped by transforming into a nightingale, which is a handy trick when you're in a bind.
- As these lines suggest, we can still hear Philomela's voice in the songs of nightingales, but because we don't study classical stories anymore, this song just sounds like "'Jug Jug' to dirty ears" (103), a.k.a. uneducated ones.
Le Brexit est remis de 6 mois. Je vais m’ennuyer. Trump ne m’intérese pas. Mélanchon non plus…L’Algérie alors ? ou le Yemen ? il y a des tragédies partout. ..Que suivre ?
13 avril 2019
Gedicht des Tages : Die Schatten Friedrich von Matthisson D 50
Freunde, deren Grüfte sich schon bemoosten!
Wann der Vollmond über dem Walde dämmert,
Schweben eure Schatten empor
vom stillen Ufer der Lethe.
Seid mir, Unvergeßliche, froh gesegnet!
Du vor Allen, welcher im Buch' der Menschheit
Mir der Hieroglyphen so viel gedeutet,
Redlicher Bonnet!
Längst verschlürft im Strudel der Brandung
wäre Wohl mein Fahrzeug
oder am Riff zerschmettert, Hättet ihr nicht,
Genien gleich, im Sturme Schirmend gewaltet.
Wiedersehn, Wiedersehn der Liebenden!
wo der Heimath Goldne Sterne leuchten,
o du der armen Psyche, die gebunden
im Grabthal schmachtet, himmlische Sehnsucht!
Les poèmes romantiques mis en musique par Schubert me conviennent très bien…
14 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10 and 12)
Lines 104-110
And other withered
stumps of time
Were told upon the walls; staring forms
Leaned out, leaning, hushing the room enclosed.
Footsteps shuffled on the stair.
Under the firelight, under the brush, her hair
Spread out in fiery points
Glowed into words, then would be savagely still.
- When the poem speaks about "other withered stumps of time" (104), it's probably talking about the withered stump that was left after Tereus cut out Philomela's tongue. Much like Philomela, modern people don't know how to truly express themselves in beautiful ways, so we're all dumbly silent in our own way.
- Or you might read it saying that these tapestries are like fragments, or "withered stumps" from the past that are "told upon the walls."
- Whatever the case, the figures in these tapestries are leering at the lady sitting on her throne. They're surrounding her. Eliot uses personification in these lines to describe how from all around the tapestry on the wall, other objects and carvings "Lea[n] out," meaning that other stories and artifacts from our past are just dying to be heard. Too bad we don't have the classic education to hear or understand them.
- The scene concludes with an image of the woman of the room brushing her hair into "fiery points," which seem to have something to say. They "glowed into words" after all. But then they're still, so whatever story they had to tell, we're not going to hear it, because someone's coming on the stairs.
Livre de Bonnard : Aristote est présenté, non pas dans son activité de philosophe, mais dans celle de naturaliste, de biologiste, inlassable examinateur et classificateur du monde végétal et animal.
De lui, une citation étonnante, qui préfigure les intérêts les plus modernes :
« Il existe, chez la plupart des animaux, des traces de ces états de l’âme qui chez l’homme se manifestent d’une manière plus différenciée ! Docilité ou férocité… » vol 3 p. 157
Dommage que Bonnard ne donne pas la référence originale.
15 avril 2019
Poesia del giorno : Sappho Vorrei veramente essere morta
Vorrei veramente essere morta.
Essa lasciandomi piangendo forte,
mi disse: "Quanto
ci e` dato soffrire,
o Saffo: contro ogni mia voglia
io devo abbandonarti".
"Allontanati felice" risposi
"Ma ricorda che fui di te
sempre amorosa.
Ma se tu dimenticherai
(e tu dimentichi) io voglio
ricordare
i nostri celesti patimenti:
le molte ghirlande di viole e rose
che a me vicina, sul grembo
intrecciasti col timo;
i vezzi di leggiadre corolle
che mi chiudesti intorno
al delicato collo;
l'olio da re, forte di fiori,
che la tua mano lisciava
sulla lucida pelle;
e i molli letti
dove alle tenere fanciulle joniche
nasceva l'amore della tua bellezza.
Non un canto di coro,
ne' sacro, ne' inno nuziale
si levava senza le nostre voci;
e non il bosco dove a primavera
il suono..."
Immortelle Sappho…La poésie absolue, parfaite.
O coronata di viole, divina, dolce ridente Saffo Alceo
16 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12 and 14)
Lines 111-114
"My nerves are bad tonight. Yes, bad.
Stay with me.
Speak to me. Why do you never speak. Speak.
What are you thinking of? What thinking? What?
I never know what you are thinking. Think."
- Hush up, the lady's talkin'. She is clearly not happy in this room. In fact, she kind of sounds like a neurotic crazy lady as she frantically questions whomever she's speaking to.
- Formally, here's where the structured iambics of "A Game of Chess" really start to go off the rails, which makes sense. It's not a stretch to say that this kind of neurotic behavior is way more common in modern times than it was in the past, as far as Eliot's concerned, and that neurotic behavior is reflected in the off-kilter meter of these lines.
- In a formal way, you can even say the structure of the poem experiences a breakdown the same way the character speaking seems to have a mental breakdown. Without tradition to help us structure our lives in meaningful ways, there's nothing to save us from mental and emotional collapse, which seems to be happening to the speaker in this instance.
Incendie de Notre-Dame. Enorme perte culturelle bien sûr…Etrange symbole, à la fois de l’unité culturelle de l’Europe et d’une partie du monde, et en même temps du pire esprit cocardier, nationaliste, catho de droite et réactionnaire. Mais je suis plus ému en voyant un enfant mourir de faim au Yemen que de voir ce symbole brûler…
17 avril 2019
Poème du jour : Charles Péguy
(En l’honneur de Notre Dame)
Étoile de la mer voici la lourde nappe
Et la profonde
houle et l’océan des blés
Et la mouvante écume et nos greniers comblés,
Voici votre regard sur cette immense chape
Et voici votre voix sur cette lourde plaine
Et nos amis absents et nos coeurs
dépeuplés,
Voici le long de nous nos poings désassemblés
Et notre lassitude et notre force pleine.
Étoile du matin, inaccessible reine,
Voici que nous marchons vers votre illustre cour,
Et voici le plateau de notre pauvre amour,
Et voici l’océan de notre immense peine…..
Et maintenant, à propos de Notre Dame, la récupération politique, immonde, comme toujours…
18 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14 and 16)
Lines 115-116
I think we are in rats' alley
Where the dead men lost
their bones.
- When the speaker suddenly says, "I think we are in rats' alley," he might be referring to one of the awful trenches that soldiers lived in during World War I.
- Military companies would often give morbid nicknames to these trenches, and this would explain why this is a place where "the dead men lost their bones."
- Whether the military reference holds up or not, though, we can tell that rats' alley is probably a very unpleasant place, and it continues the rat motif that symbolizes modern decay throughout this poem. Look for it later, in line 195.
19 avril 2019
poesia del giorno : Maria Lainà Fumo Traduit du grec
E io mi voltai
perché c'era il rischio che sparisse
e avevo dato il cuore per tenerlo.
Ed ecco, vidi!
il sussurro di una beltà come deve uscire dalla terra
o dalle acque, e le acque nella terra,
o dal
sonno in aria, e dall'aria in nessun luogo
– esiste sogno che non si addormenti alla spulatura
del mattino?
qualcosa che quando la svegliamo sia lì?
foss'anche l'orlo del suo abito profondo, le sue
babbucce d'argento
il suo passare se non vuol fermarsi?
Ah, che pena, che pena
che grande pena.
Andremo dai morti senza aver sfiorato
il loro amore.
20 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16 and 18)
Lines 117-123
"What is that noise?"
The wind under the door.
"What is that noise now? What is the wind doing?"
Nothing again nothing.
"Do
You know nothing? Do you see
nothing? Do you remember
Nothing?"
- These lines give us snippets of a conversation. And it's kind of a crappy one.
- Lines 117-120 show someone being really paranoid about he sound of wind coming through a doorway (which include another allusion to John Webster. This time, Eliot's referencing The Devil's Law Case, which contains the line "Is the wind in that door still?").
- Hey, it's just wind, buddy. We're thinking this is a return to the really stressed out neurotic person we were just hearing from in lines 111-114.
- Luckily, we've got the speaker of the poem to reassure this person. And when the speaker of the poem insists that it is "nothing again nothing," that line jumps out as being Very Important to Shmoop. The repetition of the word "nothing" might hint toward the overall nothingness of modern life with all its shallowness.
- This is followed by another set of anxious questions about whether or not the speaker of the poem actually knows nothing.
- As you can see with the placement of "Do" way inside the margin, the structure of the poem continues to get more wonky as it reflects the collapsing mind of the person speaking.
21 avril 2019
Gedicht des Tages: Goethe Prometheus
Bedecke deinen Himmel, Zeus,
Mit Wolkendunst!
Und übe, Knaben gleich, Prometheus
Der Disteln köpft,
An Eichen dich und Bergeshöh'n!
Mußt mir meine Erde
Doch lassen steh'n,
Und meine Hütte,
Die du nicht gebaut,
Und meinen Herd,
Um dessen Glut
Du mich beneidest.
Ich kenne nichts Ärmeres
Unter der Sonn' als euch Götter!
Ihr nähret kümmerlich
Von Opfersteuern
Und Gebetshauch
Eure Majestät
Und darbtet, wären
Nicht Kinder und Bettler
Hoffnungsvolle Toren.
Da ich ein Kind war,
Nicht wußte, wo aus, wo ein,
Kehrt' ich mein verirrtes Auge
Zur Sonne, als wenn drüber wär
Ein Ohr zu hören meine Klage,
Ein Herz wie meins,
Sich des Bedrängten zu erbarmen.
Wer half mir
Wider der Titanen Übermut?
Wer rettete vom Tode mich,
Von Sklaverei?
Hast du's nicht alles selbst vollendet,
Heilig glühend Herz?
Und glühtest, jung und gut,
Betrogen, Rettungsdank
Dem Schlafenden dadroben?
Ich dich ehren? Wofür?
Hast du die Schmerzen gelindert
Je des Beladenen?
Hast du die Tränen gestillet
Je des Geängsteten?
Hat nicht mich zum Manne geschmiedet
Die allmächtige Zeit
Und das ewige Schicksal,
Meine Herren und deine?
Wähntest du etwa,
Ich sollte das Leben hassen,
In Wüsten fliehn,
Weil nicht alle Knabenmorgen-
Blütenträume reiften?
Hier sitz' ich, forme Menschen
Nach meinem Bilde,
Ein Geschlecht, das mir gleich sei,
Zu leiden, weinen,
Genießen und zu freuen sich,
Und dein nicht zu achten,
Wie ich!
Lu dans Le Monde un excellent article qui décrit toutes les ambigüités de "l'émotion Notre Dame"
Tel un retour du refoulé, tous les grands mythes se sont précipités au chevet de Notre-Dame
« Nutrisco et extinguo », (« Je nourris le bon feu et j’éteins le mauvais »), dit la salamandre, cette créature de légende censée vivre au milieu des flammes, adoptée comme corps de devise par le roi François Ier.
Outre les raisons collectives, chacun de nous a ses raisons intimes d’être bouleversé par l’incendie de Notre-Dame de Paris. Le lundi 15 avril, mon émotion à moi est venue du fait que j’ai vécu pendant des décennies dans le Marais, à un jet de pierre de la cathédrale, l’ai côtoyée en toutes saisons et sous toutes les lumières, ai aimé à la contempler depuis la librairie Shakespeare & Company, en face, ai amené mes enfants rendre visite à ses gargouilles, m’y arrête parfois, encore maintenant, pour allumer un cierge et penser à mes chers disparus…
Elle ressemble à une vieille grand-mère que ses enfants et petits-enfants adorent mais négligent ; ils sont partis vivre au loin, ont oublié les vicissitudes de sa longue histoire et abandonné ses valeurs. Mais quand elle a une crise cardiaque, au moment où ils manquent de la perdre, ils se rendent compte à quel point elle leur tient à cœur. Se précipitant à son chevet, ils se regardent et se rendent compte : « Mais… mais… on est une famille extraordinaire ! »
Bien que non croyante et même assez hostile à l’égard des institutions religieuses, j’entre régulièrement dans des églises, mosquées et temples du monde entier. Je les valorise en tant que lieux « à part », destinés au sacré, au silence, à la célébration, à la méditation, à la prière et à la musique…
Tous, nous sommes des créatures de symbole et de récit. Tous, nous nous racontons des histoires au sujet des villes que nous habitons. Leurs monuments, que nous connaissions bien ou mal leur passé réel, se marient à nos souvenirs et s’intègrent à notre identité. Même le cœur et les yeux des athées chérissent la grâce des arcs-boutants, portails gothiques, statues de marbre, rosaces, escaliers en colimaçon…
Questions de fond
Mais tout de suite après le drame, les surprises ont commencé. On pensait être fauchés ? Mais non on est riches, puisqu’on peut réunir 850 millions d’euros en trois jours pour la reconstruction. On pensait être laïques ? Mais non, on est catholiques, puisqu’il n’est soudain plus interdit de prier dans les rues de Paris. On pensait être rationnels, cartésiens, logiques ? Mais non, on est superstitieux, fétichistes, puisqu’on est soulagés de ne pas avoir perdu deux reliques qui valent une fortune.
Tel un retour du refoulé, tous les grands mythes de la France se sont précipités au chevet de la vieille dame, sans souci de cohérence. Patrimoine, Miracle, Héroïsme, Tourisme, Destin, Générosité, Moyen Age, Monarchie… Ah ! Il eût fallu être Roland Barthes pour recenser le feu d’artifice de mythologies jaillies du brasier de la cathédrale !
Que représente Notre-Dame pour les millions de Franciliens qui habitent au-delà du boulevard périphérique ?
Le surlendemain de l’incendie, je n’avais plus qu’une envie : m’éloigner de tout ce brouhaha, quitter les hauts de Ménilmontant pour aller rendre visite à la grande malade. Comme le personnel hospitalier me repousse – « Désolé, pas de visites à l’heure actuelle, elle est dans le coma, nous pensons qu’elle survivra, nous faisons tout notre possible, mais la convalescence sera longue » –, mes pas dessinent un grand cercle autour de la cathédrale.
Merveille : sur les branches des arbres qui la jouxtent, les fragiles fleurs roses ont survécu aux flammes infernales et se balancent tranquillement dans le petit vent d’avril…
Debout sur le pont des Tourelles, parmi la foule de caméras du monde entier et leurs journalistes survoltés, je me dis qu’il faudrait profiter de cet événement spectaculaire, pour une fois sans victimes ni terrorisme ni malveillance, pour se poser doucement des questions de fond… Qu’est-ce qui est réellement précieux ? Que chérissons-nous ? Quelles sont nos valeurs ?
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Notre-Dame : « Jamais les dirigeants européens n’ont autant parlé de culture, ce parent pauvre de l’UE »
Le christianisme ? Mais Jésus (sans qui, en principe, il n’y aurait ni Eglise catholique ni Notre-Dame de Paris) s’est toujours identifié aux pauvres, aux affamés, aux malades, aux opprimés, aux piétinés, aux persécutés. Pas aux bâtiments. Pas aux couronnes d’épines. Il serait horripilé de savoir que l’on a fait d’un élément de son martyre un objet doré, et qu’on le préserve depuis deux mille ans. De même saint Jean pour sa tunique.
Nos grands auteurs ? Mais Victor Hugo défendait lui aussi les misérables. Dans Notre-Dame de Paris, La Esméralda est une gitane du Moyen-Orient accusée de meurtre ; Quasimodo, le bossu, l’arrache au tribunal et l’amène dans la cathédrale… « Asile ! Asile ! Asile ! », rugit-il, et la foule en délire l’applaudit.
Rebâtir l’impalpable
Paris ? Mais quel Paris ? Celui dont les monuments épatent les touristes ? Que représente Notre-Dame pour les millions de Franciliens qui habitent au-delà du boulevard périphérique ? Sur l’île de la Cité, le soir du 15 avril, on ne voyait pas beaucoup de visages non blancs… On n’en voit pas beaucoup les autres jours non plus… si ce n’est, piétinant devant la Préfecture de police, à 100 mètres de la cathédrale, les étrangers (dont j’ai longtemps fait partie) espérant se voir octroyer un permis de séjour.
Aujourd’hui, le centre de Paris est propre comme un sou neuf et la Cour des Miracles a été repoussée loin des yeux des touristes. J’habite près du boulevard périphérique. Depuis des années, une femme sans abri dort sur le pas de ma porte ; chaque jour, entre mon bureau et ma maison, je croise une dizaine d’hommes sans abri, sans emploi, sans nourriture et sans espoir. Ce n’est pas seulement un bâtiment qu’il s’agirait de reconstruire. C’est aussi ce que ce bâtiment était censé représenter : solidarité, amour, souci d’autrui, refuge… « Asile ! »
Article réservé à nos abonnés Lire aussi Un nouvel engouement pour le « Notre-Dame de Paris » de Victor Hugo
Dans sa préface au roman, Hugo raconte que, en « furetant » dans la cathédrale, il est tombé en arrêt devant un mot grec gravé dans un coin : « ananké », « la fatalité ». « L’homme qui a écrit ce mot sur ce mur s’est effacé, il y a plusieurs siècles, du milieu des générations, le mot s’est à son tour effacé du mur de l’église, l’église elle-même s’effacera bientôt peut-être de la terre. » Oui : le romancier avait prévu que Notre-Dame de Paris s’effacerait un jour, de même que son roman. La tragédie, c’est que sa pensée, aussi, comme celle de Jésus, comme celle de tant d’autres hommes et femmes porteurs de sagesse et de générosité, est trop souvent effacée, dénaturée, dispersée. Si l’on saisissait cette occasion de rebâtir, aussi… l’impalpable ?
Nancy Huston est l’auteure, entre autres, de « Lignes de faille » (2006), « L’Espèce fabulatrice » (2008) et « Lèvres de pierre » (2018), tous chez Actes Sud.
22 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16,18 and 20)
Lines 124-126
I remember
Those are pearls that were his eyes.
"Are you alive, or not? Is there nothing in your head?"
- These lines again ask you if you know nothing, but they also splice in that line from The Tempest about a drowned person's eyes turning into pearls.
- Remember that from earlier in the poem—the Madame Sosostris exchange?
- Eliot would really hope his audience would get a famous Shakespeare reference like this, but many people might not have, which kind of proves his point about the whole modern-society-blows thing.
- This image of a hardened, dead soul leads back into the question of whether you (the reader) are even alive or not. This poem constantly brings up zombie-like images of the undead as a metaphor for modern life. For Eliot, our society has gotten so spiritually numb that we can't even really say if we're alive or dead anymore. Our eyes are too glazed and pearly from watching all those episodes of Love in the Wild.
- It's also worth noting that these lines are a callback to lines 37 and 48 of this very poem—remember the pearls-for-eyes sailor? And that existential crisis in the hyacinth garden? Yep, it's all going down all over again.
23 avril 2019
Poem of the day : Après le poème de Eliot de hier,, impossible de ne pas citer Shakespeare.
Full fathom five thy father lies;
Of his bones are coral made;
Those are pearls that were his eyes;
Nothing of him that doth fade,
But doth suffer a sea-change
Into something rich and strange.
Sea-nymphs hourly ring his knell:
Ding-dong.
Hark!
now I hear them — Ding-dong, bell.
24 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16,18 ,20 and 22)
Lines 127-134
But O O O O that Shakespearean Rag—
It's so elegant
So intelligent
"What shall I do now? What shall I do?
I shall rush out as I am, and walk the street
With my hair down, so. What shall we
do tomorrow?
What shall we ever do?"
- After all the complaining the speaker has just done about how terrible the modern world and modern people are, the poem cuts in with a "But," which makes you think that we're about to hear something redeeming about ourselves.
- Not so fast. Instead of giving us this, though, the poem launches into a riff on a popular Irving Berlin song from Eliot's time. The song was called "That Mysterious Rag," only the speaker refers to "that Shakespearean Rag," perhaps alluding to his mention of The Tempest two lines above.
- In any case, the speaker sounds more than a little pretentious calling the song/play "elegant" and "intelligent." Yes, very astute. Anything else to add, Sherlock?
- This is followed by a repetition of the question "What shall I do?" or "What shall we do?" When this leads to the question, "What shall we ever do?" you get a strong sense that the people in this poem really don't know what to do with their time, since they don't even know what activities are worthwhile or meaningful.
- This section could also refer to the loss of religion and spirituality in modern life, which leaves people speechless when it comes to figuring out what to do with their lives.
25 avril 2019
Poème du jour : Portovenere Philippe Jaccotet, poète suisse
|
La mer est de nouveau obscure. 26 avril 2019 Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16,18 ,20 ,22 and 24) Lines 135-138 The hot water at ten.
27 avril 2019 Pour les Lieder de Schubert, il faut aimer le poème et la musique… Gedicht des Tages : Lied aus der Ferne Matthisson D 107 Wann, in des Abends letztem Scheine, Dir eine lächelnde Gestalt, Am Rasensitz im Eichenhaine, Mit Wink und Gruß vorüberwallt: Das ist des Freundes treuer Geist, Der Freud' und Frieden dir verheißt. Wann in des Mondes Dämmerlichte Sich deiner Liebe Traum verschönt, Durch Cytisus und Weymutsfichte Melodisches Gesäusel tönt, Und Ahndung dir den Busen hebt: Das ist mein Geist der dich umschwebt.
Fühlst du, beim seligen Verlieren In des Vergangnen Zauberland, Ein lindes, geistiges Berühren, Wie Zefyrs Kuß, an Lipp' und Hand, Und wankt der Kerze flatternd Licht: Das ist mein Geist, o zweifle nicht!
Hörst du, beim Silberglanz der Sterne, Leis' im verschwiegnen Kämmerlein, Gleich Aeolsharfen aus der Ferne, Das Bundeswort: Auf ewig dein! Dann schlummre sanft; es ist mein Geist, Der Freud' und Frieden dir verheißt.
28 avril 2019 Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16,18 ,20 ,22,24 and 26) Lines 139-149 When Lil's husband got demobbed, I said— These lines (and the rest of "A Game of Chess") focus on one woman telling a story of a conversation she had to an audience of acquaintances at a bar. One woman is explaining how she told her friend to make herself look good because her (the friend's) husband was coming back from the war. Instead of saying, "go get yourself a nice dress," though, this woman tells her friend to get all of her gross teeth pulled out and to buy herself a new set. She then tells her friend the ugly truth: her teeth look totally disgusting. She caps off this amazing demonstration of friendship by saying that if the friend doesn't get herself together, some other woman's going to swoop in and catch her husband's eye. Wow, some friend. The phrase "HURRY UP PLEASE ITS TIME" is a standard thing for bartenders to say in the U.K. when the bar is closing for the night, and Eliot uses this phrase as a refrain to punctuate and interrupt the woman's rehashing of her conversation. It's a creepy refrain, adding a sense of urgency and desperation that this woman doesn't seem to feel.
29 avril 2019 Gedicht des Tages : Schiller D 113 An Emma Weit in nebelgrauer Ferne Deckte dir der lange Schlummer, Kann der Liebe süß Verlangen, 30 avril 2019
Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16,18 ,20 ,22,24,26 and 28) Lines 150-157 Oh is there, she said. Something o' that, I said.
1 Mai 2019
2 Mai 2019 Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16,18 ,20 ,22,24,28 and 30) Lines 158-164 I can't help it, she
said, pulling a long face,
3 Mai 2019
4 Mai 2019 Poem of the day : T.S. Eliot A game of chess the next verses (see April 6, 8,10,12,14,16,18 ,20 ,22,24,26, 28, 30 and May 2) Lines 165-172 HURRY UP PLEASE ITS TIME
5 Mai 2019 Découvert un délicieux livre, une espèce d’autobiographie de Dieu, plein d’humour : Giacomo Sartori Sono Dio. Das Gedicht des TagesDas Mädchen aus der Fremde von Friedrich Schiller D117
6 Mai 2019 3-4-5 Représentations de Informacion para Extranjeros. Plaisir sans fin d’être sur scène et de jouer. Faut-il abandonner le théâtre, à mon grand âge ?
7 Mai 2019 Un autre grand ami de toujours sombre dans la dépression totale…. « Je te ferai voir tes camarades Ou morts, ou mourants, ou malades… » La Fontaine Poesia del giorno. Sappho Ad Attide ricordando l’amica lomtana Forse in Sardi
8 Mai 2019 “Life is intrinsically, well, boring and dangerous at the same time. At any given moment the floor may open up. Of course, it almost never does; that's what makes it so boring.” – Edward Gorey
9 Mai 2019
Poesia del giorno
Sappho Fanciulezza
10 Mai 2019 Poem of the day Matt Rasmussen Ekphrastifilia
Explicatiion du poème : “I began this poem for an event in Minneapolis organized by Chris Martin called Rad Dads, where dads read poems about their kids. The poem has changed a bit since then, but it’s still based on this obsession to interpret my daughter’s drawings. While writing it I examined about a hundred of her artworks from the ages of two to five.” 11 Mai 2019 Nous allons tous mourir. Et le rôle des médecins est de nous le rappeler. C’est en substance ce que Seamus O’Mahony écrivait dans son premier livre, paru en 2006, The Way We Die Now. Ce gastroentérologue irlandais expliquait que nous devions admettre l’inéluctabilité de la mort plutôt que nous cacher derrière une surmédicalisation sans fin. Dans son nouvel ouvrage, Can Medicine Be Cured ? The Corruption of a Profession, il poursuit dans cette voie. « J’écris sur ce contrat fallacieux entre le médecin et le patient qui a cours depuis des décennies. La base de cet accord est que nous pouvons tout diagnostiquer, presque tout soigner, que nous ne faisons jamais d’erreur et que la médecine n’est pas dangereuse. Tout cela est faux », assure-t-il dans le quotidien The Irish Independent. L’inéluctabilité de la mort : cela rappelle la philosophie d’Epicure : débarassez-vous de la crainte de la mort et des dieux, et profitez des biens de la vie. Epicure, que l’on caricature souvent comme un jouisseur, dit simplement : la vie est merveilleuse, regardez-la telle qu’elle est. Poesia del giorno : Alceo Perché aspettare le lucerne ? « Beviamo. Perché aspettare le lucerne? Breve il tempo. O amato fanciullo, prendi le grandi tazze variopinte, perché il figlio di Zeus e di Sèmele diede agli uomini il vino per dimenticare i dolori. Versa due parti d'acqua e una di vino; e colma le tazze fino all'orlo: e una segua subito l'altra. »
12 Mai 2019 Gedicht des Tages : RilkeWas wirst du tun, Gott, wenn ich sterbe?Was wirst du tun, Gott, wenn ich sterbe?
13 Mai 2019 Poesia del giorno : Alceo "Io già sento primavera
14 Mai 2019 Poesia del giorno : Maria Lainà E io mi voltai Original : grec 15 Mai 2019 Gedicht des Tages : Goethe Märzvon Johann Wolfgang von Goethe Es ist ein Schnee gefallen,
16 Mai 2019 Poesia del giorno : Erinna "I bianchi cavalli smaniosi | si levavano dritti sulle zampe | con grande strepito; il suono della cetra | batteva in eco sotto il portico vasto della corte. | O Bàuci infelice, io gemendo piango al ricordo. | Queste cose della fanciullezza hanno ancora calore | nel mio cuore, e quelle che non furono di gioia | sono cenere, ormai. Le bambole stanno riverse | sui letti nuziali; e presso il mattino | la madre cantando più non reca | il filo sulla rocca e i dolci cosparsi di sale. | A te fece paura da bambina la Mormò | che ha grandi orecchie e su quattro | piedi s'aggira movendo intorno lo sguardo. | E quando, o Bàuci amata, salisti sul letto dell'uomo | senza memoria di quello che giovinetta ancora | avevi udito da tua madre, Afrodite | non fu pietosa della tua dimenticanza. | Per questo io ora piangendoti non ti abbandono; | né i miei piedi lasciano la casa che m'accoglie, | né voglio più vedere la dolce luce del giorno, | né lamentare con le chiome sciolte; ho pudore | del cupo dolore che mi sfigura il volto"
17 Mai 2019 Gedicht des Tages : Goethe AbschiedWar unersättlich nach viel tausend Küssen –
18 Mai 2019 Poem of the day : Patrick Branwell Brontoe : Penmaemawr
I knew a flower whose leaves were
meant to bloom inuing to use our site, you accept our use of cookies. To learn more, click here. X
19 Mai 2019 Gedicht des Tages : Goethe Harzreise im Winter Mis en musique par Brahms Rhapsodie op 53
20 Mai 2019 Poème du jour : Charles d’Orléans Yver, vous n'estes qu'un villain
21 Mai 2019 Poème du jour : Joachim du Bellay
Ces cheveux d’or sont les liens Madame, Forts sont les nœuds, âpre, et vive la flamme, Pour briser donc, pour éteindre, et guérir L’heur, et plaisir, que ce m’est de périr
22 Mai 2019
Il faut choisir : aimer beaucoup et souffrir beaucoup, ou aimer peu et souffrir peu. Poème du jour : Pierre de Marbeuf
Et la mer et l'amour ont l'amer pour partage, Celui qui craint les eaux, qu'il demeure au rivage, La mère de l'amour eut la mer pour berceau, Si l'eau pouvait éteindre
un brasier amoureux, 23 Mai 2019 Poème du jour : Charles
d' ORLEANS |
Le temps a laissié son manteau |
18 juin 2019
Poème du jour : Clément Marot
Dedans Paris, Ville jolie,
Un jour passant mélancolie
Je pris alliance nouvelle
A la plus gaie damoiselle
Qui soit d'ici en Italie.
D'honnêteté elle est saisie,
Et crois selon ma fantaisie
Qu'il n'en est guère de plus belle
Dedans Paris.
Je ne vous la nommerai mie
Sinon que c'est ma grand amie,
Car l'alliance se fit telle,
Par un doux baiser, que j'eus d'elle,
Sans penser aucune infamie
Dedans Paris.
19 juin 2019
A propos du livre de Zuboff mentionné il y a quelques jours, un ami m’écrit pour me dire que les GAFA sont fascistes. Fascistes ? Ah ! l’abus de mots qui devraient avoir un sens précis. Et ce sens précis permet de distinguer le fascisme d’autres régimes dictatoriaux. La définition de Wikipedia est bonne :
Le fascisme est un système politique autoritaire qui associe populisme, nationalisme1 et totalitarisme2 au nom d'un idéal collectif suprême. Mouvement révolutionnaire, il s'oppose frontalement à la démocratie parlementaire et à l'État libéral garant des droits individuels.
Ce qui importe dans cette définition, et qui distingue le fascisme des autres régimes disctatoriaux, c’est les mots populisme et idéal suprême. Les régimes fascistes ont su instiller une idéologie qui séduit une majorité du peuple. Voir Orban, par exemple.
Poème du jour : Joachim du Bellay
A vous, troupe légère,
Qui d’aile passagère
Par le monde volez,
Et d’un sifflant murmure
L’ombrageuse verdure
Doucement ébranlez,
J’offre ces violettes,
Ces lis et ces fleurettes,
Et ces roses ici,
Ces vermeillettes roses,
Tout fraîchement écloses,
Et ces oeillets aussi.
De votre douce haleine
Éventez cette plaine,
Éventez ce séjour,
Cependant que j’ahanne
A mon blé que je vanne
A la chaleur du jour.
20 juin 2019
Poème du jour : Louise Labé
Je vis, je meurs ;
je me brûle et me noie ;
J'ai chaud extrême en endurant froidure :
La vie m'est et trop molle et trop dure.
J'ai grands ennuis entremêlés de joie.
Tout à un coup je ris et je larmoie,
Et en plaisir maint grief tourment j'endure ;
Mon bien s'en va, et à jamais il dure ;
Tout en un coup je sèche et je verdoie.
Ainsi Amour inconstamment me mène ;
Et, quand je pense avoir
plus de douleur,
Sans y penser je me trouve hors de peine.
Puis, quand je crois ma joie être certaine,
Et être au haut de mon désiré heur,
Il me remet en mon premier malheur.
21 juin 2019
Poème du jour : Marceline DESBORDES-VALMORE
1786 - 1859
Les roses de Saadi
J'ai voulu ce matin
te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.
Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer
s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;
La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.
22 juin 2019
Before you sleep, read something that is exquisite and worth remembering.
– Erasmus
Longue discussion avec des amis sur le livre de André Holenstein Au Cœur de l’Europe.
Poem of the day : Anne Spencer (1882-1975) At the Carnaval
Gay little Girl-of-the-Diving-Tank,
I desire a name for you,
Nice, as a right glove fits;
For you—who amid the malodorous
Mechanics of this unlovely thing,
Are darling of spirit and form.
I know you—a glance, and what you are
Sits-by-the-fire in my heart.
My Limousine-Lady
knows you, or
Why does the slant-envy of her eye mark
Your straight air and radiant inclusive smile?
Guilt pins a fig-leaf; Innocence is its own adorning.
The bull-necked man knows you—this first time
His itching flesh sees
form divine and vibrant health
And thinks not of his avocation.
I came incuriously—
Set on no diversion save that my mind
Might safely nurse its brood of misdeeds
In the presence of a blind crowd.
The color of life
was gray.
Everywhere the setting seemed right
For my mood.
Here the sausage and garlic booth
Sent unholy incense skyward;
There a quivering female-thing
Gestured assignations, and lied
To call it dancing;
There,
too, were games of chance
With chances for none;
But oh! Girl-of-the-Tank, at last!
Gleaming Girl, how intimately pure and free
The gaze you send the crowd,
As though you know the dearth of beauty
In its sordid life.
We need you—my Limousine-Lady,
The bull-necked man and I.
Seeing you here brave and water-clean,
Leaven for the heavy ones of earth,
I am swift to feel that what makes
The plodder glad is good; and
Whatever is good
is God.
The wonder is that you are here;
I have seen the queer in queer places,
But never before a heaven-fed
Naiad of the Carnival-Tank!
Little Diver, Destiny for you,
Like as for me, is shod in silence;
Years may
seep into your soul
The bacilli of the usual and the expedient;
I implore Neptune to claim his child to-day!
23 juin 2019
Mort de Gell-Man, le 24 mai.
De son éloge funèbre paru dans Nature :
Gell-Mann would sometimes recite to audiences a ditty that he had seen on the wall of a doughnut shop:
As you ramble on through life, Brother, / Whatever be your goal, / Keep your eye upon the doughnut, / And not upon the hole.
Gell-Mann would add: “I try to keep my eye on the hole.”
Le fascisme est-il un exemple de totalitarisme, ou bien tout régime totalitaire est-il fondamentalement fasciste ? Question qui a beaucoup préoccupé les penseurs.
Le totalitarisme comporterait cinq caractéristiques fondamentales :
- un parti unique contrôlant l'appareil d'État et dirigé par un chef charismatique ;
- une idéologie d'État promettant l'accomplissement de l'humanité ;
- un appareil policier recourant à la terreur ;
- une direction centrale de l'économie et ;
- un monopole des moyens de communication de masse.
Dicton populaire allemand89: Quelle est la définition d'une démocratie, d'une dictature et d'un totalitarisme ?
- En démocratie, tout ce qui n'est pas interdit est permis.
- Sous une dictature, tout ce qui n'est pas permis est interdit.
- Dans un totalitarisme, tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire.
Poème du jour : Mellin de Saint-Gelais (1487-1558)
Voyant ces monts de veue ainsi loingtaine
Voyant ces monts de veue ainsi lointaine
Je les compare à mon long desplaisir.
Haut est leur chef, et hault est mon desir,
Leur pied est
ferme et ma foy est certaine.
D'eux mainct ruisseau coule et mainte fontaine,
De mes deux yeulx sortent pleurs à loisir ;
De forts souspirs ne me puis dessaisir,
Et de grands vents leur cime est toute plaine.
Mille troupeaux s'y promènent et paissent,
Autant d'amours se couvent et renaissent ;
Dedans mon coeur, qui seul est leur pasture.
Ils sont sans fruict, mon bien n'est qu'apparence,
Et d'eulx à moy n'a
qu'une difference,
Qu'en eux la neige, en moy la flamme dure.
24 juin 2019
Poème du jour : Baudelaire
Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas
vivre ensemble!
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble!
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l’ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale
Tout y parlerait
A l’âme en secret
Sa douce langue natale.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté
Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.
Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
25 juin 2019
Hor, non ſai tu, com’è fatta la donna?
Fugge, e fuggendo vuol, che altri la giunga;
Niega, e niegando
vuol, ch’altri ſi toglia;
Pugna, e pugnando vuol, ch’altri la vinca.
26 juin 2019
Sulla spalletta del ponte
Le teste degli impiccati
Nell’acqua della fonte
La bava degli impiccati.
Sul lastrico del mercato
Le unghie dei fucilati
Sull’erba secca del prato
I
denti dei fucilati.
Mordere l’aria mordere i sassi
La nostra carne non è più d’uomini
Mordere l’aria mordere i sassi
Il nostro cuore non è più d’uomini.
Ma noi s’è letto negli occhi dei morti
E sulla terra faremo libertà
Ma l’hanno stretta i pugni dei morti
La giustizia che si farà.
Franco Fortini
27 juin 2019
Pour les prochains jours, des poèmes évoquant la forêt, tirés d’un numéro spécial de Books, consacré à la forêt.
Poema del dia Neruda
| EL CAZADOR EN EL BOSQUE AL bosque mío entro con raíces, Callará hasta que yo comience a ser Calla la tierra para que no sepan El mismo sol se pudre Vengo a buscar raíces, Esa raíz debe nutrir mi sangre. Otra encrespada, abajo, |
28 juin 2019
Poème du jour : Rimbaud Tête de faune
Dans la feuillée, écrin vert taché d'or,
Dans la feuillée incertaine et fleurie
De fleurs splendides où le baiser dort,
Vif et crevant l'exquise broderie,
Un faune effaré montre ses deux
yeux
Et mord les fleurs rouges de ses dents blanches.
Brunie et sanglante ainsi qu'un vin vieux,
Sa lèvre éclate en rires sous les branches.
Et quand il a fui - tel qu'un écureuil -
Son rire tremble encore
à chaque feuille,
Et l'on voit épeuré par un bouvreuil
Le Baiser d'or du Bois, qui se recueille.
29 juin 2019
Gedicht des Tages : Heine
Das gelbe Laub erzittert,
Es fallen die Blätter herab.
Ach! alles was hold und lieblich
Verwelkt und sinkt ins Grab!
Die Wipfel der Bäume umflimmert
Ein schmerzlicher Sonnenschein;
Das mögen die letzten Küsse
Des scheidenden
Sommers seyn.
Mir ist als müßt’ ich weinen
Aus tiefstem Herzensgrund –
Dies Bild erinnert mich wieder
An unsre Abschiedstund.
Ich mußte dich verlassen
Und wußte du stürbest
bald.
Ich war der scheidende Sommer,
Du warst der kranke Wald.
30 juin 2019
Poesia del giorno : Dante
Nel mezzo del cammin di nostra vita
mi ritrovai per una selva oscura
ché la diritta via era smarrita.
Ahi quanto a dir qual era è cosa dura
esta selva selvaggia e aspra e forte
che nel pensier rinova la paura!
Tant’è amara che poco è più morte;
ma per trattar del ben ch’i’ vi trovai,
dirò de l’altre cose ch’i’ v’ho scorte.
Io non so ben ridir com’i’ v’intrai,
tant’era pien di sonno a quel punto
che la verace via abbandonai.
Ma poi ch’i’ fui al piè d’un colle giunto,
là dove terminava quella valle
che m’avea di paura il cor compunto,
guardai in alto, e vidi le sue spalle
vestite già de’ raggi del pianeta
che mena dritto altrui per ogne calle.
Allor fu la paura un poco queta
che nel lago del cor m’era durata
la notte ch’i’ passai con tanta pieta.
E come quei che con lena affannata
uscito fuor del pelago a la riva
si volge a l’acqua perigliosa e guata,
così l’animo mio, ch’ancor fuggiva,
si volse a retro a rimirar lo passo
che non lasciò già mai persona viva.
7 juillet 2019
Une amie me fait lire le livre de Paolo Cogneti : Il ragazzo selvatico. Une ode à la beauté de la nature et à l’ivresse de vivre seul dans la nature. Ce livre cite un certain nombre de livres classiques dans cette filière, Thoreau bien sûr, mais aussi d’autres notamment Krakauer : Into the wild.
12 juillet 2019
Je lis d’une traite Into te Wild, de Krakauer. Magnifique et magnifiquement écrit.
13 juillet 2019
Entendu à la radio des citations de Pascal et de St Augustin, qui semblent dire qu’il n’y a que deux amours qui comptent chez l’homme: l’amour pour Dieu et l’amour de soi-même, qu’ils appellent concupiscence. L’amour du prochain est un effet secondaire de l’amour pour Dieu. En fait on aime son prochain par amour pour Dieu. Et pour sauver son âme… A vérifier.
2 septembre 2019
Farewell is on my tongue Paulus Silentius
Farewell” is on my tongue, but I hold in the word with a wrench and still abide near thee. For I shudder at this horrid parting as at the bitter night of hell. Indeed thy light is like the daylight; but that is mute, while thou bringest me that talk, sweeter than the Sirens, on which all my soul’s hopes hang.
Paulus Silentiarius, né pendant la première moitié du VIe siècle à Constantinople où il est mort aux environs de 575-580, est un chambellan, un officier silentiaire (chargé de faire respecter l'ordre et le silence autour de l'Empereur), du palais impérial de l'empereur byzantin Justinien. Il est surtout connu comme l’un des meilleurs poètes byzantins du règne de Justinien, auteur d’épigrammes et d’un hymne à la basilique Sainte-Sophie.
3 septembre 2019
The Past
Ralph Waldo Emerson
The
debt is paid,
The verdict said,
The Furies laid,
The plague is stayed.
All fortunes made;
Turn the key and bolt the door,
Sweet is death forevermore.
Nor haughty hope, nor swart chagrin,
Nor murdering hate, can
enter in.
All is now secure and fast;
Not the gods can shake the Past;
Flies-to the adamantine door
Bolted down forevermore.
None can re-enter there,—
No thief so politic,
No Satan with a royal trick
Steal
in by window, chink, or hole,
To bind or unbind, add what lacked,
Insert a leaf, or forge a name,
New-face or finish what is packed,
Alter or mend eternal Fact.
4 septembre 2019
The Tyger
Tyger Tyger, burning bright,
In the forests of the night;
What immortal hand or eye,
Could frame thy fearful symmetry?
In what distant deeps or skies.
Burnt the fire of thine eyes?
On what wings dare he aspire?
What the hand, dare seize the fire?
And what shoulder, & what art,
Could twist the sinews of thy heart?
And when thy heart began to beat,
What dread hand? & what dread feet?
What the hammer? what the chain,
In what furnace was thy brain?
What the anvil? what dread grasp,
Dare its deadly terrors clasp!
When the stars threw down their spears
And water'd heaven with their tears:
Did he smile his work to see?
Did he who made the Lamb make thee?
Tyger Tyger burning bright,
In the forests of the night:
What immortal hand or eye,
Dare frame thy fearful symmetry?
5 septembre 2019
Appris aujourd’hui le nom de Akbar empereur moghol du 16ème siècle, prince de la tolérance . Article dans Books sept 2019.
Poème du jour :
Pejo Javorov
Vieni!
I tuoi occhi sono cieli stellati.
I capelli il velo crepuscolare
della tarda sera,
i tuoi capelli!
Il tuo respiro – fresco, di fanciulla,
è il fresco alito del sud che dà vita,
uno zefiro addormentato in mezzo ai fiori.
Vieni, morta e fredda è la giornata.
In questa notte di
luna, coi capelli sciolti,
china su di me,
vieni e respira sul mio volto,
vieni e riscalda il freddo cuore,
in questa notte di luna, sotto i cieli stellati.
Traduzione di Valeria Salvini
Poesia
n. 125 Febbraio 1999
Sei poeti bulgari del Novecento
a cura di Valeria Salvini
6 septembre 2019
Messages envoyé à des amis :
Merci à … pour la référence au très intéressant article du Figaro, sur Marx et Tocqueville.
Le marxisme n’est évidemment qu’une des versions du socialisme, la plus facile à attaquer…
Si nous arrivons à nous entendre, pour nos discussions futures, sur le sens du mot socialisme, nous aurons déjà fait un progrès de clarification.
Je cite la définition de Wikipedia, qui est identique à la mienne, en plus long.
Le mot socialisme recouvre un ensemble très divers de courants de pensée et de mouvements politiques1, dont le point commun est de rechercher une organisation sociale et économique plus juste. Le but originel du socialisme est d'obtenir l'égalité sociale, ou du moins une réduction des inégalités.
Ma définition: le socialisme est un mouvement qui tend à une meilleure répartition des richesses, à une plus grande solidarité dans le domaine économique et social. Le mot clé du socialisme pour moi est la solidarité.
Et nous rejoignons ici le livre de Pablo Dervigne et Gouthier Chapelle L’entraide, l’autre loi de la jungle que nous avons lu ensemble.
Les gens qui approuvent les conclusions de ce livre sont en fait au coeur du mouvement socialiste!
Poème du jour :
Hélinard de Froidmont
Mort, si les puissants songeaient à toi,
Ils n’engageraient pas leurs âme
Là où il n’est besoin d’or ou d’argent ;
Ils ne soigneraient pas tant leurs vieux corps….
7 septembre 2019
Anne Stevenson
'I think I'm going to have it,'
I said, joking between pains.
The midwife rolled competent
sleeves
over corpulent milky arms.
'Dear, you never have it,
we deliver it.'
A judgement the years proved true.
Certainly I've never had you
as you still have me, Caroline.
Why does a mother need a daughter?
Heart's
needle, hostage to fortune,
freedom's end. Yet nothing's more perfect
than that bleating, razor-shaped cry
that delivers a mother to her baby.
The bloodcord snaps that held
their sphere together. The child,
tiny and alone,
creates the mother.
A woman's life is her own
until it is taken away
by a first, particular cry.
Then she is not alone
but a part of the premises
of everything there is:
a time, a tribe, a war.
When we
belong to the world
we become what we are.
8 septembre 2019
Je découvre la vie étrange de John Stuart Mill . Quelle enfance lui a imposée son père.
Que signifie la liberté d’expression ? Le livre de Bock-Côté L’empire du politiquement correct, que je vais devoir lire dans le cadre d’un groupe de discussion, va m’amener à réfléchir à ce problème. ?Est-il juste d’interdire Mein Kampf ? Quelle obligation de donner une plate forme à n’importe quelle idée ?
Lu dans ce contexte dans Books (septembre 2019) un article intéressant mais un peu confus sur les sources antiques du free speech : l’iségoria et la parésia. L’iségoria est l’égalité de parole en public, la parésia signifie la sincérité, la franchise et le courage de dire la vérité.
Victor
HUGO
1802 - 1885
Elle était déchaussée, elle était décoiffée...
Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds
nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?
Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté
quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?
Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !
Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse,
effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.
9 septembre 2019
Terniné Dan Brown, Origin. Intéressant. Surtout par l’émergence d’un ordinateur IA, qui gère tout et qui se révèle totalement amoral, comme Hal ! L’interprétation du deuxième théorème de la thermodynamique par une « volonté de la nature de disperser l‘énergie le plus vite possible » est bizarre, et la conclusion que l’apparition de systèmes complexes provient donc du fait que cette apparition de systèmes complexes dans un grand système permet d’accélérer ce processus de dispersion de l’énergie, plus bizarre encore. En plus penser que montrer que la vie peut commencer sans l’intervention directe de Dieu démontre que Dieu n’existe pas est plus absurde encore. Mais enfin, une belle histoire, avec des hallucinantes descriptions de monuments célèbres en Espagne, en particulier la Sagrada Familia et Montserrat.
Anne Stevenson
(traduit en italien)
Lezione
Ragazzi e ragazze l’inverno persuade
Che è l’amore come neve che cade;
E rende bello tutto quello che tocca
Sebben perisca il fiato della sua bocca.
Traduzione di Carla Buranello
10 septembre 2019
Grand débat avec un ami sur le socialisme, rien que çà.
Référence sur la création de l’AVS
https://www.histoiredelasecuritesociale.ch/risques/vieillesse/
Louise Labé
Baise m'encor, rebaise-moi et baise
Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m'en un de tes plus savoureux,
Donne m'en un de tes plus amoureux :
Je t'en rendrai quatre plus chauds que
braise.
Las ! te plains-tu ? Çà, que ce mal j'apaise,
En t'en donnant dix autres doucereux.
Ainsi, mêlant nos baisers tant heureux,
Jouissons-nous l'un de l'autre à notre aise.
Lors double
vie à chacun en suivra.
Chacun en soi et son ami vivra.
Permets m'Amour penser quelque folie :
Toujours suis mal, vivant discrètement,
Et ne me puis donner contentement
Si hors de moi ne fais quelque saillie.
11 septembre 2019
Victor HUGO
1802 - 1885
Booz endormi
Booz s'était couché
de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.
……..
Pendant
qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.
Booz ne savait point
qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
L'ombre était nuptiale,
auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait
au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.
Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des
troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.
Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient
le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur
de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.
12 septembre 2019
Lu dans books (n0 100, sept 2019) un excellent texte de Tocqueville qui argumente que l’on ne peut pas toujours tout mettre en question : il faut économiser son esprit critique sur certaines questions que l’on estime importantes, et pour le reste il faut bien accepter de véhiculer des opinions que l’on accepte sans examen approfondi.
Louise LABÉ
1524 - 1566
Sonnet de la belle cordière
Las ! cettui jour, pourquoi l'ai-je dû voir,
Puisque ses yeux allaient ardre mon âme ?
Doncques, Amour, faut-il que par ta flamme
Soit transmué notre heur
en désespoir !
Si on savait d'aventure prévoir
Ce que vient lors, plaints, poinctures et blâmes ;
Si fraîche fleur évanouir son bâme
Et que tel jour fait éclore tel soir ;
Si on savait la fatale puissance,
Que vite aurais échappé sa présence !
Sans tarder plus, que vite l'aurais fui !
Las, Las ! que dis-je ? Ô si pouvait renaître
Ce jour tant doux où je
le vis paraître,
Oisel léger, comme j'irais à lui !
13 septembre 2019
Lu quelques pages de White de Bret Easton Ellis. Ecriture étrange, fascinante. Même s’il parle de choses quelconques, on a de la peine à cesser la lecture. Un auteur semble-t-il célèbre dans les 80’s.
Traduction en italien d’un poème deAnne Stevenson
Il ministro
Ci servirà
un ministro del culto
per consegnare alla terra questo corpo pesante.
Ma non scaverà la fossa;
altri più forti e più deboli di lui lo faranno.
E non si strofinerà gli occhi e il naso;
altri più
deboli e più forti di lui lo faranno.
Non infornerà dolci e non baderà ai bambini –
ci sono le donne, per questo. Altrimenti,
che ci starebbero a fare in un momento simile
se non facessero queste cose?
No, faremo venire il ministro del culto
per badare alle parole.
Non le deve abbellire,
non le deve dir bene,
non devono nemmeno piacergli
purché accettino di obbedirgli.
Serve il ministro
perché le parole sappiano dove andare.
Immaginale a girare e girare
confuse per il cimitero.
Immaginale a vagare per il mondo
senza mai trovare riposo.
14 septembre 2019
Maria Angelou
You may write me down in history
With your bitter, twisted lies,
You may tread me in the very dirt
But still, like dust, I'll rise.
Does my sassiness upset you?
Why are you beset with gloom?
'Cause
I walk like I've got oil wells
Pumping in my living room.
Just like moons and like suns,
With the certainty of tides,
Just like hopes springing high,
Still I'll rise.
Did you want to see me broken?
Bowed
head and lowered eyes?
Shoulders falling down like teardrops.
Weakened by my soulful cries.
Does my haughtiness offend you?
Don't you take it awful hard
'Cause I laugh like I've got gold mines
Diggin' in my own
back yard.
You may shoot me with your words,
You may cut me with your eyes,
You may kill me with your hatefulness,
But still, like air, I'll rise.
Does my sexiness upset you?
Does it come as a surprise
That I dance like I've got diamonds
At the meeting of my thighs?
Out of the huts of history's shame
I rise
Up from a past that's rooted in pain
I rise
I'm a black ocean, leaping and wide,
Welling and swelling
I bear in the tide.
Leaving behind nights of terror and fear
I rise
Into a daybreak that's wondrously clear
I rise
Bringing the gifts that my ancestors gave,
I am the dream and the hope of the slave.
I rise
I
rise
I rise.
15 septembre 2019
Robert Frost
Two roads diverged in a yellow wood,
And sorry I could not travel both
And be one traveler, long I stood
And looked down one as far as I could
To where it bent in the undergrowth;
Then took the other, as just as fair,
And having perhaps the better claim
Because it was grassy and wanted wear,
Though as for that the passing
there
Had worn them really about the same,
And both that morning equally lay
In leaves no step had trodden black.
Oh, I kept the first for another day!
Yet knowing how way leads on to way
I doubted if I should ever
come back.
I shall be telling this with a sigh
Somewhere ages and ages hence:
Two roads diverged in a wood, and I,
I took the one less traveled by,
And that has made all the difference.
3 octobre 2019
Comme toujours, trop de livres en route.
Bruce Chatwin : In Patagonia Un des chefs d’œuvre des livres de voyage
Frédéric Lenoir : Le miracle Spinoza Un exposé très clair de la philosophie de Spinoza
Eschyle Les Perses magnifique
Walter Isaacson Leonardo Da Vinci Très belle biographie, avec une critique détaillée des œuvres d’art. Nécessite d’avoir à côté un livre de reproductions.
Poesia del giorno
Ghiannis Ritsos
Scolorimento
Più passa il tempo e più
ingrandisce il mare.
Contemporaneamente perde i suoi colori,
le cime si spezzano una a una. Innumerevoli ancore
arrugginiscono sulla terraferma. Quella che chiamavamo
libertà che non fosse la perdita? E che non sia
la perdita
l'unico guadagno? Dopo
né perdita né guadagno. Niente. Le luci
della dogana e della taverna sul mare spente.
Solo la notte con le sue stelle false.
Traduzione di Nicola Crocetti
Poesia n. 239 Giugno 2009
Ghiannis Ritsos. La poesia delle cose
a cura di Ezio Savino e Nicola Crocetti
5 octobre 2019
Poesia del giorno
Roberto
Rossi Precerutti
Frutti tardivi
Entrare in una vita non tua, quasi
sconosciuta, come se in quei misteri
quieto dimorasse Amore, o i sentieri
di vicine perdite e ombra invasi
fossero d’incomprensibile
basica
luce: cosí, con nuova audacia ai neri
confini di un giorno morto, disperi
solo del tuo frutto tardivo, spasimo
di insorte dimenticate parole
a fermare i passi sopra affocati
tappeti, dietro finestre
tremende –
sai che tutto, tutto si forma e splende
nell’aperto, nell’alto, o per stipati
piccoli inizi si consuma un sole.
8 octobre 2019
Vu à Madrid, en espagnol
The play that goes wrong de Lewis, une célèbre comédie, née à Londres, qui a fait le tour du monde
Hilariously funny
18 octobre 2019
Terminé le livre de Chatwin, In Patagonia
Passionant.
Repris le livre de Walter Isaacson Leonardo Da Vinci. C’est un livre qu’il faut lire avec à côté un grand livre de toutes les reproductions des peintures de Leonard. Et on devient complètement subjugué par l’art de ce génie.
Appris que Olivier Greif a écrit un journal. Cité dans le flottoir de Florence Trocmé
Olivier Greif, la fin
Je viens de terminer, les larmes aux yeux,
le Journal de ce compositeur contemporain. Il écrit le 12 mai 2000 qu’il a entendu le Stabat Mater de Pergolèse dont il écrit assez finement que c’est de la « fausse bonne musique »
marquée par un « tragique de surface ». Puis il ajoute : « Y a-t-il plus beau privilège pour un compositeur que d’écrire une œuvre qui, avant même d’exister, a un sens. »
Ce sont les derniers mots du journal. Son frère, éditeur du livre, inscrit sous ce qui allait être ces derniers mots : « il est mort le 13 mai ». Leur père était mort très peu de temps avant.
Revenu d’Auschwitz, il était devenu un psychiatre réputé. Olivier Greif est mort brutalement et l’autopsie n’a pas pu déterminer les causes de sa mort.
Début d’un poème de Peter Handke, prix Nobel
Lied vom Kindsein
Als das Kind Kind war,
ging es mit hängenden Armen,
wollte der Bach sei ein Fluß,
der Fluß sei ein Strom,
und diese Pfütze das Meer.
Als das
Kind Kind war,
wußte es nicht, daß es Kind war,
alles war ihm beseelt,
und alle Seelen waren eins.
19 octobre 2019
Encore Olivier Greif :
La solitude
Les derniers mois, les dernières pages du Journal sont marqués par un profond désespoir et un immense sentiment de solitude. De ce sentiment de solitude, il donne une superbe et tragique analyse : « Je
crois que la solitude que je ressens en ce moment est rendue plus forte, plus compacte, d'être le produit de plusieurs solitudes de types divers dont les parcours se sont emmêlés, un peu comme plusieurs morceaux de ficelle qui finissent
par former une pelote. Il y a la solitude spirituelle : où est Dieu ? La solitude affective : où est l'autre ? La solitude artistique : l'isolement de fait dans lequel mes options esthétiques m'ont plongé
au sein du milieu musical. La solitude professionnelle : le peu de reconnaissance dont ma musique fait l'objet, qui se mue souvent chez moi en impatience, voire en rage intérieure. La solitude du mutisme, de l'emmurement : être prisonnier
de ses propres pudeurs, de ses peurs, de sa timidité, de sa gêne, de ses habitudes, qui vous retiennent de dire, d'avouer, de crier votre souffrance. Enfin, la solitude de la lucidité : savoir que tout cela, au fond, est sans intérêt,
n'a rien d'exceptionnel, est d'une affreuse banalité. On n'est pas seul à être seul. Or il me semble qu'il suffirait d'adoucir une seule de ces solitudes, de tirer sur l'un seulement de ces fils, pour que la pelote entière se défasse. »
(478)
Et pourtant, il tempère lui-même, une poignée de jours plus tard : « Toutefois je dois dire que même aux moments les plus sombres de ma crise récente, je n’ai jamais été tout
à fait prisonnier de ma souffrance, jamais vraiment désespéré. Derrière cet Olivier Greif qui était en proie aux pires tourments, il me semble qu’il y en avait un autre qui l’observait, souffrant déjà
un peu moins, et encore derrière celui-là – comme dans un jeu de miroirs – un autre témoin regardant le deuxième contempler l’affliction du premier, et que si j’étais allé jusqu’au bout
de la chaîne de ces moi-gigognes, j’en aurais trouvé un qui, non seulement ne souffrait plus, mais nageait dans la béatitude. » (481)
20 octobre 2019
Lu aujourd’hui : le Yiddish est de l’allemand chanté par des oiseaux.
On me recommande : un roman traduit du Yiddish, et célébré comme le meilleur roman du 20ème siècle. De Leib Rochman : A pas aveugles de par le monde.
Eh ! ben ! On va vérifier avec un extrait sur le kindle.
22 octobre 2019
Lu dans la biographie de da Vinci : des moments de dépression vers 1480 :
Des cahiers de notes : « We do not lack devices for measuring these miserable days of ours, in which it should be our pleasure that they not be frittered away without leaving behind any memory of ourselves in the mind of men” . Plus loin: “ Tell me if anything was ever done.. tell me… tell me”. Cela me rappelle le “porché tanto penate »
Et plus loin encore : « While I thought I was learning how to live, I was learning how to die.”
Ans also in the notes: “There is no perfect gift without great suffering. Our glories and our triumphs pass away”
Sur la mêne page, Leonardo cite un passage de la Divine commédie de l’enfer Livre XXIV vers 46-51
«Omai convien che tu così ti spoltre»,
disse ’l maestro; «ché, seggendo in piuma,
in fama non si vien, né sotto coltre;
sanza la qual chi sua vita consuma,
cotal vestigio in terra di sé lascia,
qual fummo in aere e in acqua la schiuma.
Traduction en italien moderne :
Il maestro mi disse: «Ora conviene che tu ti dia da fare, poiché sedendo sui cuscini o stando sdraiati sotto le coperte non si acquista la fama;
e chi passa la sua vita senza di essa, lascia sulla Terra una traccia di sé
paragonabile al fumo nell'aria e alla schiuma nell'acqua
11 novembre 2019
Si quelqu’un me demande un jour : qu’as-tu fait de ton temps en 2019 ? Je répondrai : j’ai appris à regarder les tableaux de Léonard de Vinci.
Et voici une citation célèbre de Hippolite Taine, tirée de son merveilleux ouvrage Voyage en Italie, parlant de Leonard :
« Peut-être n’y a-t-il point au monde un exemple de génie si universel, si inventif, si incapable de se contenter, si avide d’infini, si naturellement raffiné, si lancé en avant, au delà de son siècle et des siècles suivants. Ses figures expriment une sensibilité et un esprit incroyables ; elles regorgent d’idées et de sensations inexprimées. A côté d’elles, les personnages de Michel-Ange ne sont que des athlètes héroïques… »
H. Taine Voyage en Italie Tome II Hachette 1907 p. 408
17 novembre 2019
Découvert un livre fascinant sur la situation des noirs à la fin de la guerre de Sécession, par un auteur qui vient de décéder.
Ernest J. Gaines The autobiography of Miss Jane Pittman
18 novembre 2019
« Henrietta King était une esclave noire de 8 ou 9 ans accusée d’avoir volé des friandises. Sa maîtresse fit caler sa tête sous une chaise à bascule et se balança dessus pendant une heure pendant que sa fille maniait le fouet. Le visage mutilé, Henrietta survécut. Elle ne put rien manger de solide durant le reste de ses jours
Le Dieu infiniment bon qui a créé ce monde a vraiment raté son coup.
Voir
They Were Her Property. White Women as Slave Owners in the American South de Stephanie E. Jones-Rogers, Yale University Press, 2018
24 novembre 2019
Le livre de Gaines (The autobiography of Miss Jane Pittman) est très prenant. Toute la vie des noirs américains du Sud exposée d’une façon très convaincante et bouleversante.
Gaines lui-même est né dans ce milieu, dans un village misérable situé sur dans un ancien quartier d’esclaves de plantation.
Chanson de trouvère du XIII ème siècle
Voulez-vous que je vous chante
Une jolie chanson d'amour ?
Ce n'est pas un rustre qui la composa,
Mais bien d'un chevalier
Sous l'ombre d'un olivier
Entre les bras de son amie.
Elle avait une chemisette de lin
Une blanche pelisse d'hermine
Un bliaud de soie,
Ses chausses était en glaïeul
Et
ses souliers de fleurs de mai
La chaussaient étroitement.
Elle avait une ceinturette de feuillage
Qui reverdit quand le temps est à la pluie.
Ses boutons étaient d'or
Son aumônière était
d'amour
Ses cordons étaient de fleur
Elle lui avait été donnée par amour.
Et elle chevauchait une mule
Dont les fers étaient d'argent
Et la selle dorée.
Sur la croupe, par
derrière,
Elle avait planté trois rosiers
Pour lui faire de l'ombre.
Elle s'en allait à travers le pré;
Des chevaliers l'y ont rencontré
Et l'ont saluée :
"- Belle,
où êtes-vous née?
"- Je suis de France, la renommée,
Du plus haut parage.
Le rossignol est mon père
Qui chante sur la ramée
Dans le plus haut bocage;
Ma mère est la
sirène
Qui chante en la mer salée
Au plus haut rivage."
"-Belle, il est bon que vous soyez née,
Vous avez une belle parenté
Et de haut parage;
Plût a Dieu notre père
Que vous me fussiez donnée
Comme femme à épouser.."
25 novembre 2019
Poème du jour
Eustache Deschamps
(1340-1406)
Quand j'ai la terre et mer avironnée
Et visité en chacune partie
Jérusalem, Egypte et Galilée,
Alexandrie, Damas et la Syrie,
Babylone, le Caire et Tartarie,
Et tous les ports qui y sont,
Les épices et sucres
qui s'y font,
Les fins draps d'or et soies du pays
Valent trop mieux ce que les Français ont :
Rien ne se peut comparer à Paris.
C'est la cité sur toutes couronnée,
Fontaine et puits de science
et de clergie,
Sur le fleuve de Seine située :
Vignes, bois a, terres et prairies,
De tous les biens de cette mortel(le) vie
A plus qu'autres cités n'ont;
Tout étranger l'aiment
et aimeront,
Car, pour plaisirs et pour sites jolis,
Jamais cité telle ne trouveront :
Rien ne se peut comparer à Paris.
Mais elle est bien mieux que ville fermée,
Et de châteaux de grande ancestrerie*,
De gens d'honneur et de marchands peuplée,
De tous ouvriers d'armes, d'orfèvrerie ;
De tous les arts c'est la fleur, quoi qu'on die :
Tous ouvrages adroits font ;
Subtil engin, entendement
profond
Verrez avoir aux habitants toudis**,
Et loyauté aux oeuvres qu'ils feront :
Rien ne se peut comparer à Paris.
26 novembre 2019
Poème du jour François Villon
Le Grand Testament (extraits)
En l’an de mon trentième aage,
Que toutes mes hontes j’eus bues,
Në du tout fol, në du tout sage,
Nonobstant maintes peines eues,
Lesquelles j’ai
toutes reçues
Sous la main Thibaut d’Aussigny.
S’évêque il est, signant les rues,
Qu’il soit le mien je le regnie !
2
Mon seigneur n’est në
mon évêque ;
Sous lui ne tiens s’il n’est en friche ;
Foi ne lui dois n’hommage avecque ;
Je ne suis son serf në sa biche !
Pu m’a d’une petite miche
Et
de froide eau, tout un été.
Large ou étroit ? mout me fut chiche...
— Tel lui soit Dieu qu’il m’a été !
…..
Et pour ce que faible
me sens,
Trop plus de biens que de santé,
Tant que je suis en mon plein sens,
(Si peu que Dieu m’en a prêté
(Car d’autre ne l’ai emprunté)),
J’ai ce Testament très
estable
Fait, de dernière volonté,
Seul pour tout et irrévocable,
….
Je suis pécheur, je le sais bien ;
Pourtant ne veut pas Dieu ma mort,
Mais convertisse
et vive en bien,
Et tout autre que péché mord.
Combien qu’en péché soye mort,
Dieu vit et sa miséricorde
(Së conscience me remord)
Par sa grâce pardon m’accorde.
…
Les monts ne bougent de leurs lieux
Pour un pauvre, n’avant n’arrière.
Oú temps qu’Alexandre régna,
Un hom nommé
Dïomédès,
Devant lui on lui amena,
Engrillonné pouces et dès,
Comme larron ; car il fut des
Écumeurs que voyons courir.
Si fut mis devant ce cadès
Pour être
jugé à mourir.
L’empereur si l’araisonna :
« Pourquoi es-tu larron de mer ? »
L’autre, réponse lui donna :
« Pourquoi larron
me fais nommer ?
Pour ce qu’on me voit écumer
En une petïote fuste ?
Si comme toi me pusse armer,
Comme toi empereur je fusse.
« Mais que veux-tu ? De
ma fortune
(Contre qui ne puis, bonnement)
Qui si faussement me fortune,
Me vient tout ce gouvernement.
Excusez-moi aucunement
Et sachez qu’en grand pauvreté
(Ce mot se dit communément)
Ne
gît pas grande loyauté ».
Quand l’empereur eut remiré
De Dïomédès tout le dit,
« Ta fortune je te muerai,
Mauvaise en bonne ! »
ce lui dit.
Si fit-il. Onc puis ne médit
À personne, mais fut vrai homme ;
Valère pour vrai le baudit,
Qui fut nommé le Grand à Rome.
Së Dieu m’eût
donné rencontrer
Un autre piteux Alexandre,
Qui m’eût fait en bon cœur entrer,
Et lors qui m’eût vu condescendre
À mal : être ars et mis en cendre,
Jugé me fusse
de ma voix.
Nécessité fait gens méprendre,
Et faim saillir le loup du bois.
Je plains le temps de ma jeunesse
(Auquel j’ai plus qu’autre galé
Jusqu’à
l’entréë de vieillesse)
Qui son partement m’a celé.
Il ne s’en est à pied allé,
Në a cheval ; las ! comment donc ?
Soudainement s’en est volé
Et ne m’a laissé quelque don.
Allé s’en est, et je demeure,
Pauvre de sens et de savoir,
Triste, pâli, plus noir que meure,
Qui n’ai n’écus, rente, n’avoir ;
Des miens le moindre (je dis voir),
De me désavouer s’avance,
Oubliant naturel devoir
Par faute d’un peu de chevance.
…
Bien est verté — que j’ai
aimé
Et aimeraië volontiers ;
Mais triste cœur, ventre affamé
Qui n’est rassasié au tiers,
M’ôte des amoureux sentiers.
Au fort, quelqu’un s’en récompense
Qui est rempli sur les chantiers :
Car de la panse vient la danse.
Bien sais : si j’eusse étudïé
Oú temps de ma jeunesse folle,
Et à bonnes mœurs
dédïé,
J’eusse maison et couche molle !
Mais quoi ? je fuyaië l’école
Comme fait le mauvais enfant...
En écrivant cette parole,
À peu que le cœur ne
me fend.
Le dit du Sage, trop lui fis
Favorable (bien en puis mais)
Qui dit : « Éjouis-toi, mon fils,
En ton adolescence », mais
Ailleurs sert bien d’un
autre mets,
Car « jeunesse et adolescence »
(C’est son parler, në moins në mais),
« Ne sont qu’abus et ignorance ».
…
Mes jours s’en
sont allés errant,
Comme, Job dit, d’une touaille
Font les filets, quand tisserand
En son poing tient ardente paille :
Lors, s’il y a un bout qui saille,
Soudainement il le ravit.
Si ne crains
plus que rien m’assaille,
Car à la mort tout s’assouvit.
Où sont les gracïeux galants
Que je suivaie au temps jadis,
Si bien chantants, si bien parlants,
Si
plaisants en faits et en dits ?
Les aucuns sont morts et roidis :
D’eux n’est-il plus rien maintenant.
Répit ils aient en paradis,>
Et Dieu sauve le remenant !
Et les autres sont devenus,
Dieu merci ! grands seigneurs et maîtres ;
Les autres mendiënt tout nus,
Et pain ne voyent qu’aux fenêtres ;
Les autres sont entrés en cloîtres
De Célestins et de Chartreux,
Bottés, housés, com pêcheurs d’oîtres :
Voyez l’état divers d’entre eux.
…
Je connais que pauvres
et riches,
Sages et fous, prêtres et lais,
Nobles, vilains, larges et chiches,
Petits et grands, et beaux et laids,
Dames à rebrassés collets,
De quelconque conditïon,
Portant atours et bourrelets,
Mort saisit sans exceptïon.
Et meure Pâris ou Hélène,
Quiconque meurt, meurt à douleur.
…
La mort le fait frémir, pâlir,
Le nez courber, les veines tendre,
Le corps enfler, lâcher, mollir,
Jointes, os, nerfs, croître et étendre.
Corps féminin, qui tant es tendre,
Poli, souef, si précïeux,
Te faudra-t-il
ces maux attendre ?
Oui, ou tout vif aller ès cieux.
27 novembre 2019
« L’homme par son égoïsme trop peu clairvoyant pour ses propres intérêts, par son penchant à jouir de tout ce qui est à sa disposition, en un mot, par son insouciance pour l’avenir et pour ses semblables, semble travailler à l’anéantissement de ses moyens de conservation et à la destruction même de sa propre espèce.
En détruisant partout les grands végétaux qui protégeaient le sol, pour des objets qui satisfont son avidité du moment, il amène rapidement à la stérilité ce sol qu’il habite, donne lieu au tarissement des sources, en écarte les animaux qui y trouvaient leur subsistance, et fait que de grandes parties du globe, autrefois très fertiles et très peuplées à tous égards, sont maintenant nues et stériles, inhabitables et désertes.
Négligeant toujours les conseils de l’expérience, pour s’abandonner à ses passions, il est perpétuellement en guerre avec ses semblables, et les détruit de toutes parts et sous tous prétextes: en sorte qu’on voit des populations, autrefois considérables, s’appauvrir de plus en plus. On dirait que l’homme est destiné à s’exterminer lui-même après avoir rendu le globe inhabitable. »
Jean-Baptiste de Lamarck
" Système analytique des connaissances positives de l'Homme," 1820
28 novembre 2019
Histoire de l’effet de serre :
Alexander von Humboldt ( 1769-1859 ) a été
le premier à mettre en garde contre les changements climatiques dus aux activités humaines, mais sans connaître les gaz à effet de serre
Joseph Fourier en 1824, Claude Pouillet en 1827 et 1838, et Eunice Newton
Foot en 1856 se réfèrent à l’effet de serre.
John Tyndall en 1859 a mesuré les propriétés radiatives de différents gaz à effet de serre.
Svante Arrhenius en 1896 a été
le premier a faire des prévisions quantitatives sur l’augmentation de température qu’aurait un doublement de la concentration de CO2 dans l’atmosphère. Il prédit en particulier qu’un doublement de la concentration
de CO2 dans l’atmosphère devrait amener une augmentation de température de 4 degrés. Pas si mal...
12 décembre 2019
Daryl Davis pianiste noir, excellent boogie-woogie, qui dialogue avec le KKK.
https://www.youtube.com/watch?v=_kY7J02Bekk&list=RDGbPQba6DifU&index=2
13 décembre 2019
Quelques jours à Paris. Théâtre : Edmond, pièce remarquable et les Mille et une Nuits, très divertissant.
Vu l’exposition à Beaubourg sur les relations (supposées) entre Francis Bacon (le peintre bien sûr) et quelques écrivains. Quelques textes très intéressants de Conrad, T.S Elliott, Eschyle et autres.
D’abord, de la présentation de l’exposition :
Il (Bacon) a eu un destin. Parmi ces coups du sort qui ont brutalisé sa vie, l’année 1971 vit sa consécration internationale avec l’exposition du Grand Palais et fut aussi celle où il traversa le Styx: quelques jours avant le vernissage, son compagnon, George Dyer, se suicide. George Dyer et Bacon se seraient rencontrés en 1963, mais une mythologie d’un romantisme noir veut que Dyer, cambrioleur de son état, ait rencontré son futur amant en faisant effraction chez lui. La symbolique est puissante. Pour la première fois, Bacon était attiré par un homme plus jeune que lui. Cette mort violente ouvre la porte dans son œuvre aux Érinyes, déesses infernales, divinités persécutrices. C’est la culpabilité qui le tenaillera. Les trois puissants triptyques "noirs" peints en souvenir du défunt ("In memory of George Dyer", 1971, "Triptych August 1972", et "Triptych, May-June 1973"), présents dans l’exposition, en sont la cicatrice.
Bacon confiait à David Sylvester, critique et biographe, qu’il connaissait Eschyle "par cœur". Il aimait citer ces vers des Euménides: "J’entre au fond du sanctuaire, couvert d’offrandes, et je vois près de l’ombilic un homme souillé de sacrilège…", Euménides où Eschyle mettait en scène ces mêmes Érynies à la poursuite d’Oreste le parricide.
Le texte d’Eschyle, traduit en anglais :
« I made my quiet way to the nook where the wreathes
Were massed and saw upon the altar
There a man accused
Of gods; he was a suppliant in that place,
Dripping blood
From his hands, which held a sword, freshly
Drawn, and a branch of olive from high on
The bush, all wrapped
With great care in a long piece of wool from
A fleece of fine colour. So far at least I am
Coherent in my speech.
But in front of this man there slept an
Awesome company
Of women settled among the chairs,
And yet I cannot call them women, Gorgons
Rather- yet again
I could not even liken them to Gorgons in their form,
I once before did see a painting of the beasts
That snatched
The food from Phineus’ mouth; well such
Were these,
But lacking wings, and black, abominations totally,
That snored out breath miasmic, unapproachable,
While from their eyes there oozed unlovely pus.
Their dress was such it was not righr to bring before
The statues of the gods, nor even underneath
A mortal’s roof.
I have not ever seen the tribe to which this company
Belongs, nor know a land which boasts of rearing
Such a brood,
Unharmed and cheerful at the labour it sustained.”
Le texte de Nietzsche, tiré de La Naissance de la Tragédie.
Les Grecs, qui dans leurs dieux expriment et taisent à la fois la doctrine secrète de leur vision du monde, ont instauré comme double source de leur art deux divinités, Apollon et Dionysos. Ces noms représentent dans le domaine de l’art des styles contraires qui, quoique presque toujours en conflit, s’avancent du même pas et qui une seule fois, au moment de la floraison de la volonté hellénique, paraissent confondus dans cette œuvre d’art qu’est la tragédie athénienne. L’homme en effet atteint la volupté d’exister dans deux états, le rêve et l’ivresse….
Dans que sens Apollon a-t-il pu devenir dieu de l’art ? C’est dans la seule mesure où il est le dieu des représentations du rêve. Il est l’Apparent de part en part : dans sa racine la plus profonde : dieu du soleil et de la lumière, qui se manifeste dans l’éclat. La beauté est son élément : une éternelle jeunesse l’accompagne.
L’art dionysiaque repose sur le jeu avec l’ivresse, avec l’extase. Il y a deux puissances qui plus que toute autre élèvent l’homme naïf de la nature jusqu’à l’oubli de soi et l’ivresse, ce sont l’instinct printanier et la boisson narcotique. Leurs effets sont symbolisés dans la figure de Dionysos.
16 décembre 2019
Un article dans le Guardian sur Clive James et les poètes face à la mort.
Clive James made his name as a television critic, essayist and wit. But he began as a poet, and four years on from being handed a death sentence (with leukaemia, emphysema and kidney failure – “the lot”), he is ending as a poet. In 2013, he published his 500-page translation of Dante’s Divine Comedy, which he’d been working at for decades but only finalised after getting ill. His Poetry Notebook, a volume of appraisals and apercus, appeared last autumn. And now comes this collection of 37 poems, all composed over the past four years.
When in death, we’re in the midst of life – that’s the recurrent, bleakly hopeful theme. Things the poet once missed now appear “with a whole new emphasis”, for instance, the six fish in his daughter’s garden pool, “each a little finger long”:
Once I would not have noticed; nor have known
The name for Japanese anemones,
So pale, so frail. But now I catch the tone
Of leaves. No birds
can touch down in the trees
Without my seeing them. I count the bees.
“I could not see to see,” Emily Dickinson wrote, imagining the moment of death. Dying, James has 20:20 vision and becomes, like Thomas Hardy, a man who notices things: “I thank my lucky stars for second sight”; “I am here now, who was hardly even there”. It’s a mixed blessing, since he knows that most of those things (whether flowers, fish, birds, bees or grandchildren) will outlive him. But “blessed” is a word he uses of himself, nevertheless: “When did you ever see / So much sweet beauty as when fine rain falls on that small tree ... ?”
To strike a positive note when you’re stuck in death’s ante-room might suggest wilful denial or blind faith. With James, it’s neither. He has no belief in an afterlife. And he doesn’t ask to be admired for stoic courage. The ailments he suffers – coughing, deafness, loss of energy and mobility – make daily existence a grim round, best captured by the vicious circularity of a couplet: “Tired out from getting up and getting dressed / I lie down for a while to get some rest.” A man reduced, he reaches for images to express that diminution, describing himself variously as a ghost, ruin, echo, stricken beast, defeated army, cot case, pale shadow and empty shell.
“Pull down thy vanity, I say pull down,” wrote Ezra Pound in his Cantos. No great fan of the Cantos, James would still recognise the sentiment. Sentenced to death, he’s chastened and self-chastising. His two early narrative satires, The Fate of Felicity Fark in the Land of the Media (1975) and Peregrine Prykke’s Pilgrimage Through the London Literary World (1976), carried Leavisite health warnings against the seductions of metropolitan glamour. Now James regrets not heeding his own lesson.
… those years in the clear, how real were they,
When all the sirens in the signing queue
Who clutched their hearts at what I had to say
Were just dreams, even when the dream came true?
This “harsh awakening” from “the false freedom of excess” is more than a matter for regret. It plunges him in an inferno of guilt: guilt at being distracted from serious pursuits; guilt at spending too much time away from home and family; worst of all, guilt at betraying his wife, Prue Shaw, to whom, as was his version of Dante, this book is dedicated. His poems are confessional, in the old-fashioned sense, owning up to past sins and seeking repentance: “Far too casually / I broke faith”, “I should have been more kind”, “my life was wrecked / By my gift for deceit”. But the “you” on whose mercy he throws himself isn’t God, but his wife: the body that betrayed her has now “gone on / to do the same for him”, and only she, through forgiveness, can ease the pain.
There are echoes of Thomas Hardy’s Poems of 1912-13 here and there (“you in your straw hat, I see you now”). But whereas Hardy’s Emma was dead, James’s much-missed woman is alive. In one poem, “Balcony Scene”, he tries to win her back in the fashion of Romeo wooing Juliet: “There is a man here you might care to save / From too much solitude. He calls for you.” The poetry of death turns out to be love poetry, too.
James knows that his sweet talk invites scepticism; his wife has heard it all before: “I know your fear / That my repentance comes too easily.” The reader may share similar doubts: the easefulness of the rhyming sometimes counts against the professed sincerity; the lines are too sweetly composed to evoke true discomposure; the old showman can’t help but perform. A facility with words is infelicitous if it makes us distrust the speaker. But it’s not as if James isn’t speaking from the heart; on the contrary, his heart is almost too much in his mouth, plainly declaring what it feels. Hence the regular verse forms and full rhymes: without the containment they offer, the mess of sentiment would be too much.
Loss and guilt aren’t the only guns in James’s armoury. The middle part of this collection takes us away from his sickbed, with poems about Hollywood films, an African safari, Asma al-Assad (wife of Bashar) and the Russian artist Nina Kogan. Another poem imagines droplets of dew as to-die-for diamonds bestowed by “some intergalactic hoodlum sugar-daddy” in an effort to get girls. Starlight stirs him, too, and memories of the moon landings. But even rocket launches prompt thoughts of mortality. All roads lead back to the same place:
You dream that you might keep it in your head.
But memories, where can you take them to?
Take one last look at them. They end with you.
John Updike also turned to poetry in his last months and set his physical decline against the backdrop of the cosmos (“My skin / I notice now that I am 75, / hangs loose in ripples like those dunes on Mars”). James reviewed Updike’s posthumous collection Endpoint warmly, greeting it as proof of his seriousness as poet when the critical consensus had dismissed him as a light versifier. If Updike’s example has rubbed off, so has that of Larkin’s poem “Aubade”, with its terror of extinction (“Not to be here, / Not to be anywhere, / And soon”). Larkin’s lines in turn owe something to Shakespeare (“Ay, but to die and go we know not where”), but they’re still the ultimate measure. If James falls short, there’s no shame in that, since every other poet does so, too. To his credit, he implicitly acknowledges the debt to “Aubade” and its plangent, atheistic despair. Just as Larkin laments death’s elimination of sensory experience (“no sight, no sound, / No touch or taste or smell”), James speaks of “our lives laid bare, / And then no sound, no sight, no thought. Nowhere”.
It’s difficult to write of death without being morbid, and even harder to write of one’s own death without self-pity. Irony is one recourse, but as Rilke said, there are subjects before which irony becomes small and helpless. To expect Clive James to abandon humour would be too much, and fortunately he doesn’t. But the kind of jokes he’s known to be good at – a new haircut that makes him look like “Buzz Aldrin / On the surface of Jupiter” for instance – work at a different level when the context is his recovery from a near-fatal bout of pneumonia.
“My death is something I must live with now,” he writes. Encouraged to believe “that a poet who is up against it might well make a subject out of being up against it”, he’s embarrassed at having lived with his death so long: “High time to go,” he says – how many last words, deathbed aphorisms and funeral songs can his public take? Quite a few is the answer, when they resonate as these poems do at their best. Keep at it, Clive. May you go on being embarrassed for some time.
29 décembre 2019
A la distinction entre diversitaires et identitaires on peut ajouter la variante : les partout et les quelque part, et aussi les Appolloniens et les Mercuriens (voir ci-dessous)
Concepts introduits par David Goodhart dans son livre Les deux clans Les Arènes 2019.
En fait (oh honte d’avoir oublié) ce livre je l’avais déjà identifié en 2017 dans la version anglaise : The Road to Somewhere: The Populist Revolt and the Future of Politics par David Goodhart
Je répète donc ici mes citations des 2 et 4 décembre 2017
« Dans The New York review of books du 23 novembre, page18, il est fait référence à deux types d’hommes : les Mercuriens (mobiles cosmopolites) et les Appolloniens (agraires, martiaux).
Mercuriens : « urban, mobile, literate, articulate, intellectually intricate, physically fastidious, and occupationally flexible »
Cette catégorie de gens ont été (par qui ?) nommés « Méditerranéens » en référence à la tradition multiculturelle de la Méditerranée antique et moyen-âgeuse.
Etrangement cet article ajoute aux qualités citées ci-dessus la capacité de re référer très fondamentalement à sa propre culture : « familiar strangers wherever they lived, “service nomads” whose professional profile, food rituals, cosmologies, and, not least, endogamy kept them distinct from the rooted, agrarian, martial, and much more numerous “Apollonians” around them » ce qui est évidemment une des cartactéristiquesdes juifs.
L’article identifie finalement le caractère Mercurien à la tradition juive, ce qui est étrange…Est-il vraiment nécessaire de pratiquer l’endogamie pour être Mercurien ?
A propos de mon commentaire du 2 décembre, je découvre un livre The Road to Somewhere: The Populist Revolt and the Future of Politics par David Goodhart
Cet auteur distingue les somewhere et les anywhere. « Somewhere » désigne ceux dont l’identité est profondément enracinée dans une localité ou une communauté, ils vivent à la campagne, ne bénéficient que d’un accès restreint à l’éducation et se reconnaissent dans des valeurs plutôt traditionnelles. Quant aux « anywhere », ce sont ceux à qui la mondialisation a profité : ils sont urbains, diplômés, progressistes et prônent la mobilité.
Ce qui caractérise peut-être la tradition juive, c’est d’être à la fois somewhere et anywhere. »
Frederic II de Hohenstaufen était un mercurien, Grégoire IX était un appolonien, avide de croisades.
Article du Monde du 28 décembre 2019 :
D’un côté, les « Partout », les « anywhere », l’une des formes les plus abouties du boboïsme ; de l’autre, les « Quelque Part », les « somewhere », « gilets jaunes », travaillistes votant Boris Johnson et autres « petits Blancs » fantassins du trumpisme.
Pour la tribu des Quelque Part, « changer, c’est perdre »
Les premiers, « les classes qui réussissent aux examens », sont à l’aise dans la compétition sans frontières qu’est la globalisation. Ils vivent bien dans l’Europe sans visa. La technologie numérique est leur alphabet. Le Partout déplie son « ordi » dans les TGV et travaille le portable à l’oreille. Sa vision de la réussite (et du monde) est la représentation dominante, la plus valorisante, celle qu’imposent la publicité et les médias. Le Partout voit dans l’immigration une façon de célébrer la diversité de nos sociétés – rien que des avantages.
Mais s’il croit incarner une nouvelle « normalité », le Partout va buter sur cette réalité : sa tribu est minoritaire – 25 % des citoyens, évalue Goodhart. Il a en face ou à côté de lui une majorité – en gros 50 % – qui s’estime malmenée par la mondialisation. Les Quelque Part restent attachés à un lieu. Le numérique, au moins autant que la concurrence chinoise, tue leurs métiers. L’immigration change la physionomie de leur quartier, sans qu’ils aient voté pour ou contre.
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Le clivage est économique. Le Quelque Part regrette les « trente glorieuses » : on pouvait accéder à la classe moyenne sans grande qualification. Mais la fracture est tout autant culturelle. La tribu des Partout est en quête d’un sentiment d’appartenance, d’identité partagée, de communauté, un sens du « chez soi » retrouvé. La globalisation, le projet européen, la perception d’une immigration galopante, l’obligation numérique, tout ça va trop vite : pour la tribu des Quelque Part, « changer, c’est perdre ». Contre le Brexit, contre le trumpisme, solutions miracle qui n’en sont pas, contre la régression politique, Goodhart appelle à un rééquilibrage au profit des Quelque Part : rééquilibrage économique mais aussi dans la reconnaissance des valeurs et de la part de vérité que porte cette tribu.
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Elle ne se confond pas avec les réactionnaires, même si ceux-là ne se privent pas d’exploiter le malaise des Quelque Part. L’Américain Mark Lilla, essayiste, historien, professeur à Columbia, à New York, est le cousin idéologique de David Goodhart. Son livre, une analyse profonde de la permanence de « l’esprit de réaction », accompagne « les deux clans » de Goodhart. C’est un coup de projecteur lumineux sur cet élément intemporel : la réaction politique. Elle est aussi forte aujourd’hui qu’hier et continue, plus qu’on ne l’imagine, à façonner nos sociétés.
Un passé fantasmé
Elle ne tient pas du simple « c’était mieux avant » que peuvent éprouver les Quelque Part. La réaction est plus ambitieuse, elle relève de la célébration d’un âge d’or mythifié. Elle exploite ce sentiment profond, universel, qu’est la nostalgie : « L’espérance [révolutionnaire] peut être déçue. La nostalgie est irréfutable », écrit Lilla. Dans leur détestation de l’époque, les réactionnaires ne sont pas conservateurs. Ils veulent remonter le fleuve à contre-courant, revenir à avant les Modernes, les Lumières, les années 1960, l’immigration etc. Ils sont « aussi radic Les voilà dans leur version contemporaine : les Trump, le Turc Recep Tayyip Erdogan, le Russe Vladimir Poutine, le Hongrois Viktor Orban, le Polonais Jacek Kaczynski et d’autres, unis dans la célébration d’un passé fantasmé. La France a ses bardes réactionnaires, le journaliste, omniprésent et omniscient, Eric Zemmour et le romancier Michel Houellebecq. Leur succès témoigne de la force de l’esprit de réaction.
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