2016
1 janvier 2016
Trouvé par hasard cinq vers de Ronsard qui sonnent comme du Guillaume Appolinaire
Avancez avancez avancez,
Cette vendange nouvelle,
Voici le fils de Semel,
Je le sens dessus mon cœur
S’aseoir comme un Roi vainqueur
p.185 du volume 6 eds Lemerre 1914
2 janvier 2016
Je découvre que ces vers, tirés d’une Dithyrambe appelée Dithyrambe à la pompe du Bouc de E. Jodelle, poëte tragiq est en fait un poème de potaches :
« La Pompe du Bouc est le nom qu'on donne à une cérémonie d'inspiration antique à laquelle se livrèrent les encore jeunes poètes de la Pléiade et leurs maîtres à Arcueil en février 15531, à l'occasion du triomphe de la première tragédie française à l'antique, Cléopâtre captive, et de la première comédie, L'Eugène, représentées au collège de Boncourt devant le roi Henri II.
Juste après la représentation des deux pièces d'Étienne Jodelle, une joyeuse équipe composée des jeunes collégiens Rémi Belleau, Jean-Antoine de Baïf, Etienne Jodelle, Ronsard, Denisot, Collet, Jamin, Vergèce, Paschal, de leurs enseignants Marc-Antoine Muret et peut-être Jean Dorat2 et probablement les comédiens desdites pièces (ce qui inclurait Jacques Grévin et Jean de La Péruse) se rendit sur le site antique d’Arcueil3 pour y organiser une cérémonie à l'antique d’inspiration dionysiaque en l’honneur de leur héros du jour, Etienne Jodelle. Baïf, Ronsard, Muret et quelques autres y prononcèrent dithyrambes et élégies entrecoupés d’incantations plus ou moins grecques4, tous vêtus de toges et couronnés de lierre. Enfin, ils firent monter sur l’autel qu’ils avaient construit un bouc « enguirlandé » de lierre, que d’après certains Baïf aurait égorgé aux pieds de Jodelle, probablement en vertu de la célèbre étymologie fautive du terme Tragédie (τράγος / trágos, le bouc, et ᾠδή / ôidế la plainte)5.
Plusieurs récits de cet événement furent mis en vers par les poètes présents, dont les deux plus célèbres sont le Dithyrambe à la pompe du Bouc de E. Jodelle, poëte tragiq. de Ronsard et le Dithyrambe à la pompe du Bouc d’Estienne Jodelle de Baïf. »
Tout cela n’enlève rien à mon admiration pour ce poème, retiré plus tard par Ronsard des recueils de ses poèmes.
3 janvier 2016
Je vais quand même copier le début du poème :
DITHYRAMBES
à la pompe du Bouc
de E. Jodelle poete Tragiq.
Tout ravy d'esprit je forcene,
Une nouvelle fureur me mene
D'un saut de course dans les bois,
Iach ïach, j'oy la vois
Des plus vineuses Thyades,
Je voy les folles Menades
Dans les antres trepigner,
Et de serpens se peigner.
Iach ïach Evoé,
Evoé ïach ïach.
Je les oy,
Je les voy
Comme au travers d'une nue,
D'une cadance menuë
Sans ordre, ny sans compas,
Laisser chanceler leurs pas.
Je voy les secrets mistiques
Des testes Trieteriques,
Et les Sylvans tout autour
De maint tour,
Cotissans dessus la terre,
Tous herissez de lierre,
Badiner, et plaisanter,
Et en voix d'Asnes chanter,
Iach ïach Evoé,
Evoé ïach ïach.
Je voy d'un oeil assez trouble
Une couple
De Satyres cornus, chevrepiez et mi-beste^
Qui soustiennent de leurs testes
Les yvres costez de Sylene,
Tallonnant à toute peine
Son Asne musard, et le guide
D'une des mains sans licol ne sans bride
Et de l'autre, à ses oreilles,
Pend deux bouteilles,
Et puis il dit qu'on rie,
Et qu'on crie,
Iach ïach Evoé,
Evoé ïach ïach.
Hoh, je me trouble sous sa chanson,
Une horrible frisson
Court par mes veines, quand j 'oy brére
Ce vieil Pere,
Qui nourrit, apres que Semele
Sentit la flame cruelle,
Le bon Bacchus Diphyen
Dedans l'antre Nyssien,
Du laict des Tigresses :
Les Nymphes, et les Déesses
Chantant autour de son bers
Ces beaux vers.
Iach ïach Evoé,
Evoé, ïach ïach.
Evoé, Cryphien, je sens
M'embler l'esprit, et le sens
Sous une verve, qui m'afolle,
Qui me joint à la carolle
Des plus gaillardes
Bandes montaignardes,
Et à l'avertineuse trope
Des Mimalons, qui Rhodope
Foulent d'un pié barbare,
Où la Thrace se separe
En deux,
Du flot glacé de Hebre le negeux.
Iach ïach Evoé,
Evoé, ïach ïach.
Il me semble qu'une poussiere
Offusque du jour la lumiere,
S'elevant par les champs
Sous le pié des marchans.
Evoé, Pere, Satyre,
Protogone, Evastire,
Doublecorne, Agnien,
OEiltoreau, Martial, Evien,
Portelierre, Omadien, Triete»
Ta fureur me gette
Hors de moy,
Je te voy, je te voy,
Voite-cy
Rompsoucy :
Mon coeur bouillonnant d'une rage,
Envole vers toy mon courage.
Je forcene, je demoniacle,
L'horrible vent de ton oracle,
J'entens l'esprit de ce bon vin nouveau
Me tempeste le cerveau.
Iach ïach Evoé,
Evoé, ïach ïach.
Une frayeur par tout le corps
Me tient : mes genoux peu fors
A l'arriver de ce dieu tremblotent,
Et mes parolles sanglotent
Je ne sçay quels vers insensez,
Avancez, avancez, avancez,
Ceste vendange nouvelle,
Voicy le fils de Semele,
Je le sen dessus mon coeur
S'assoir comme un Roy vainqueur.
J'oy les clerons tintinans,
Et les Tabourins tonnans,
J'oy autour de luy le Buys
Caqueter par cent pertuis,
Le Buys Phrygien, que l'Antourée
D'une aleine mal mesurée
Enfle autour de ses Chatrez,
Je les voy tous penetrez
D'une rage insensée,
Et tous esperdus de pensée
Chanter ïach Evoé, ^
Evoé ïach ïach.
5 janvier 2016
Qu’est ce qui différencie chiites et sunnites, à part la question de la succession de Mahomet ?
En voici cinq, décrites par Carl W. Ernst dans Following Muhammad.
1 La question de la succession de Mahomet est la divergence fondamentale entre les deux courants. Les chiites se rangent derrière Ali, gendre et cousin du prophète. A leurs yeux, son successeur ne peut être qu’un membre de sa famille. Les sunnites, majoritaires, lui préfèrent Abou Bakr, l’un de ses compagnons, qui devient le premier calife.
2 Pour les sunnites, il n’y a pas d’intermédiaire entre le croyant et Dieu, et « imam » n’est qu’un terme générique pour désigner l’homme chargé de diriger la prière de la communauté. Pour les chiites, l’Imam est le représentant suprême de l’autorité de Dieu sur Terre. C’est la raison pour laquelle le chiisme possède, à la différence du sunnisme, un clergé structuré, farouchement indépendant. En Iran, les ayatollahs sont indépendants du pouvoir exécutif.
3 Parce qu’ils jouent un rôle d’intermédiaire entre le croyant et Dieu, les membres du clergé chiite jouissent d’un poids considérable dans la société. Non seulement ils revendiquent l’autorité de rendre des jugements qui ont force de loi, mais l’impôt religieux doit leur être versé directement, et non par l’intermédiaire du gouvernement.
4 Les chiites vénèrent particulièrement cinq personnes saintes, membres de la « maison du prophète », symbolisées par la main de Fatima (la fille de Mahomet). Les sunnites l’utilisent également, sans y attacher la même signification ni importance. Les wahhabites estiment que cette vénération de simples hommes relève de l’idôlatrie.
Lors de la prière, les chiites posent leur tête sur un coussin d’argile (provenant de Kerbala, l’un de leurs lieux saint). C’est une marque de pureté et de vénération. Chez les sunnites, cette pratique n’a pas d’intérêt. Les deux courants ne placent pas non plus leurs mains de la même manière pendant la prière.
6 janvier 2016
Qu’est-ce qu’est la liberté ? Est-ce la liberté des conservateurs américains : la liberté de porter des armes ou de ne pas payer d’impôts ? Ou la liberté de ne pas être soumis à des pouvoirs arbitraires ?
Je découvre aujourd’hui un petit texte paru dans le Temps, à propos de la publication par Avenir Suisse du calcul d’un indice de liberté. Avenir Suisse étant une organisation de la droite libérale traditionnelle, la liberté est définie comme une grande autonomie dans les options personnelles d’action. L’article cité critique vivement ces calculs, et note que la conception qu’on peut avoir de la liberté peut varier énormément d’une personne à l’autre, et que, en particulier, tient surtout à trois types d’enjeux: d’abord, une présence aussi effacée que possible de l’Etat, comme si l’Etat n’était en aucune façon l’éma- nation du vote et des choix des citoyens.Ensuite, la possibilité pour des entreprises d’ignorer les intérêts du citoyen (au niveau individuel) et ceux de la société (au niveau collectif ). Et enfin, parce qu’il faut bien donner un peu de mou au pauvre pékin, la «liberté» selon Avenir Suisse, c’est aussi celle de pouvoir fumer sans entraves excessives (et incommo- der les autres), d’acheter de l’alcool à toute heure dans des shops de station-service.
Ces considérations interpellent évidemment sur le concept même de liberté. Cela m’étonnerait beaucoup que la Révolution Française ait pensé à ce genre de choses en demandant la liberté, ou Eluard dans son poème Liberté.
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages
blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom
Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom
Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris
ton nom
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin
des ombres
J’écris ton nom
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris
ton nom
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque
main qui se tend
J’écris ton nom
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Sur la santé revenue
Sur le risque
disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
On peut aussi se demander si la Chine, qui pousse le libéralisme économique, passerait pour un pays très libre selon les critères de Avenir Suisse.
13 janvier 2016
Joué dans une soirée de Play Readings au GEDS une petite pièce écrite par une jeune femme très douée :.. Je joue le rôle d’un ambasadeur pompeux…
19 janvier 2016
Mort de Ettore Scola (Una giornata particolare, C’eravamo tanto amati)
24 janvier 2016
Le monde va mal me dit quelqu’un, je ne regarde plus la TV, je ne lis plus les journaux…Ce qui est sûr c’est que le monde va très vite, et que c’est bien intéressant d’essayer de suivre, même si certaines évolutions font craindre le pire…
2 février 2016
J’apprends par hasard qu’une bonne partie des difficultés orthographiques du français est due à la pédanterie des grammariens de la Renaissance qui ont voulu mettre en évidence l’éthymologie des mots en introduisant des th, des y , des accents circonflexes etc Je découvre à ce propos un livre de Emile Faguet, paru en 1905, Simplification simple de l’orthographe, que je m’empresse d’ajouter à ma collection Kindle.
Le début est intéressant :
Depuis Ronsard et Joachim du Bellay les meilleurs esprits trouvent l’orthographe française trop surchargée, sentent le besoin de la simplifier. Voici pourquoi. C’est qu’elle était très simple au XVe siècle, et que les grammairiens du XVIe siècle, par affectation scientifique, par pédantisme, l’avaient grièvement compliquée.
Quand je dis que l’orthographe était simple au XVe siècle et au commencement du XVIe, la vérité est qu’elle n’existait pas. Seulement, les premiers imprimeurs furent bien forcés d’avoir un usage commun (ou à peu près). De cet usage commun est née l’orthographe, la première orthographe, ou ce que l’on peut appeler ainsi, l’orthographe du commencement du XVIe siècle, l’orthographe de Marot et de Commines.
Cette orthographe n’a aucun caractère scientifique, mais elle est très simple, très dépouillée, elle n’accumule pas les lettres parasites, inutiles ou peu utiles ; enfin elle est très bonne femme.
Là-dessus arrivèrent les savants, les grammairiens, les pédants, et particulièrement Robert Estienne, avec son dictionnaire de 1540. Robert Estienne était féru de latinité et d’étymologie. Il voulut calquer la langue française sur la latine. Pour cause ou sous prétexte d’étymologie, il introduisit des lettres dans les mots. Les lexiques de son temps écrivaient fait, lait, point, hâtif, etc. Il écrivit faict (à cause de factum), poinct (à cause de punctum), laict (à cause de lac, lactis), hastif, je veux être roué si je sais pourquoi.
Il fut suivi, il fut dépassé, et, au milieu du XVIe siècle, ce fut une orgie de lettres parasites et de mots tirés du grec, scrupuleusement calqués sur le mot grec : th, ph, rh, ch, à foison.
C’est précisément tout de suite, Dieu merci, et je reconnais là le bon sens et l’esprit de clarté des Français ; c’est précisément tout de suite, mais lentement, que commença, pour ne pas s’arrêter, le travail de simplification.
Il commença par Ronsard et du Bellay. Ronsard était un simplificateur très radical. Il disait dans son Abrégé de l’art poétique à M. d’Elbenne, abbé de Haute-Combe : « Tu diras, selon la contrainte de ton vers : or, ore, ores, adoncq, adoncque, adoneques, aveq, avecques et mille autres, que, sans crainte, tu trancheras ou allongeras ainsi qu’il te plaira… Tu éviteras toute orthographe superflue, et ne mettras aucunes lettres en les mots si tu ne les profères ; au moins, tu en useras le plus sobrement que tu pourras en attendant meilleure réformation ; tu écriras écrire et non escrire, cieux et non cieulx. Tu pardonneras encore à nos z [multipliés fantastiquement au milieu du XVIe siècle] jusques à tant qu’elles soient remises aux lieux où elles doivent servir comme en roze, choze, épouze, etc. Autant en est-il de notre g, qui souventes fois occupe misérablement l’i consonne [c’est-à-dire le j], comme en langage pour langaje. [On voit que quand, à l’ébahissement de la foule, la Commission de simplification propose d’écrire gajure y elle répète simplement Ronsard et a une audace qui date de trois cent vingt ans. Veuillez croire, du reste, qu’elle le sait.]
3 février 2016
Vu le film The Revenant avec di Caprio. Comme souvent, le livre (de Michael Punke) est beaucoup plus intéressant et bien meilleur, beaucoup plus réaliste. Il se déroule d’ailleurs à la fin de l’été, où le récit de la survie d’un homme blessé abandonné sans armes dans la nature, est un peu plus vraisemblable. Mais l’attaque par le grizzli vaut à elle seule la peine de voir le film… Cette scène a été tournée sans ours…L’ours a été ajouté après par des moyens purement électroniques…
4 février 2016
Mon journal m’est une fois de plus utile. Deux amis me demandent comment fonctionne l’ordinateur quantique D-wave. J’ai naturellement oublié, mais je l’avais noté le 24 janvier 2015…
Voici ma réponse :
Vous m’avez les deux demandé, à quelques jours d’intervalle, comment fonctionne D-wave, l’ordinateur quantique de Google et de la Nasa. Il y a une partie physique, une partie mathématique, et une partie pratique.
Partie physique: si on considère un paysage de montagnes et de vallées construit de façon aléatoire, et qu’on demande quel est le point le plus bas, une recherche classique exige qu’on explore l’une après l’autre toutes les vallées, ce qui peut prendre un temps très long si le paysage est très étendu. Par contre si le système est quantique, une fonction d’onde s’étend sur tout le système et explore tout le système d’un coup, et c’est beaucoup plus rapide. Voir:
http://www.dwavesys.com/quantum-computing
Partie mathématique: tous les problèmes qu’on peut imaginer sont traductibles au problème cité ci-dessus. C’est semble-t-il un théorème.
Partie pratique: l’ordinateur quantique est en principe très bon pour résoudre une première partie d’un problème compliqué, puis il transmet ses résultats à un ordinateur classique qui termine le travail. Exemple: la reconnaissance d’un visage. Il faut d’abord identifier les dix ou vingt caractéristiques d’un visage qui permettent de reconnaître quelqu’un presque à coup sûr. Une fois cette liste établie par l’ordinateur quantique, le résultat est transmis à un ordinateur classique, qui termine le travail sur la base des dix ou vingt caractéristiques. Cet aspect est très bien illustré dans un livre récent de science fiction, 2312, de Kim Stanley Robinson, non encore traduit en français, semble-t-il, hélas.
Exemple de programmation d’un ordinateur quantique: http://www.dwavesys.com/sites/default/files/Map%20Coloring%20WP2.pdf
Les capacités potentielles d’un ordinateur quantique sont encore très discutées par la communauté scientifique..
5 février 2016
J’ai parlé il y a quelques jours de cette connaissance qui me dit qu’il ne lit plus les journaux, parce que le monde va vraiment trop mal, et qu’il faut se contenter de contempler la beauté du monde. Peut-être..
Une partie de ce sentiment que le monde va mal vient de l’avalanche de mauvaises nouvelles que l’on reçoit quotidiennement de partout : massacres, tortures, famines… Mais évidemment ce type d’évènements a toujours eu lieu, mais nous étions autrefois beaucoup moins informés. Les massacres en Algérie et au Madagascar dans les années 40, la Shoah, les famines en Chine etc etc, les gens de ma génération n’en ont entendu parler que bien plus tard, et de manière lointaine et atténuée, assourdie en quelque sorte. Je me souviens que la conscience des camps de concentrations de l’Allemagne nazie m’était venue au début des années 50 par le biais d’une espèce de poème en alexandrins écrit par un prisonnier français, et qui décrivait en particulier la fabrication de cigarettes à partir de papier journal et de feuilles mortes. J’avais immédiatement essayé cette recette avec l’aide de mon grand frère, je crois que c’étaient les premières cigarettes que j’aie essayé de fumer, et nous avions évidemment été horriblement malades.
Ce qui va évidemment peut-être très mal, c’est l’équilibre écologique de la planète. Mais çà, on n’en parle évidemment que très peu…
Ce qui est peut-être le plus caractéristique de notre époque, c’est la rapidité des changemennts : technique, scientifique, politique, environnemental, social etc Et on est à peine conscients des changements opérés par la robotisation des tâches, et le développement de l’Intelligence Artificielle..
Alors, fermer les yeux, se boucher les oreilles ?
Non, vraiment pas. En tant que citoyen, en tant qu’homme raisonnable, on a une espèce de devoir de vigilance. Et en plus, suivre toutes ces évolutions est tout simplement passionnant…
6 février 2016
Un ami, avec qui je parle de religion, et qui, comme beaucoup de ma génération, a été élevé dans une foi chrétienne très forte, me dit qu’il ne lui reste que l’éthique des Evangiles, dont il dit qu’elle est surgie miraculeusement de nulle part, et qu’elle est encore aujourd’hui, l’éthique parfaite par excellence. Eh ! bien voici bien deux affirmations qui interpellent … Cela m’amène à rechercher de quoi lire sur ce sujet, et je commence par un livre semble-t-il excellent : MacIntyre A short history of Ethics, livre passionant.
Mais je trouve déjà une réponse partielle dans Wikipedia. Comme on dit de Wikipedia, tout le monde critique cette encyclopédie, mais tout le monde l’utilise. Bref, dans Wikipedia, on trouve un article concernant la « Golden Rule », qui est aussi le message central des Evangiles : Aime ton prochain comme toi-même.
Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Golden_Rule
Cette Golden Rule apparaît dans toutes les cultures et toutes les religions, depuis des temps immémoriaux…
Il y a donc peut-être deux principes principaux dans les Evangiles :
- Aime ton prochain comme toi-même.
- Pour l’amour de Dieu.
Le premier est universel.
Le deuxième ne l’est probablement pas, mais est-il vraiment supérieur à tout ce qu’on peut imaginer ?
9 février 2016
Journal of the End Of the World : Day 71th :
Supreme Court Deals Blow to Obama’s Efforts to Regulate Coal Emissions
WASHINGTON — In a major setback for President Obama’s climate change agenda, the Supreme Court on Tuesday temporarily blocked the administration’s effort to combat global warming by regulating emissions from coal-fired power plants.
The brief order was not the last word on the case, which is most likely to return to the Supreme Court after an appeals court considers an expedited challenge from 29 states and dozens of corporations and industry groups.
But the Supreme Court’s willingness to issue a stay while the case proceeds was an early hint that the program could face a skeptical reception from the justices.
The 5-to-4 vote, with the court’s four liberal members dissenting, was unprecedented — the Supreme Court had never before granted a request to halt a regulation before review by a federal appeals court.
“It’s a stunning development,” Jody Freeman, a Harvard law professor and former environmental legal counsel to the Obama administration, said in an email. She added that “the order certainly indicates a high degree of initial judicial skepticism from five justices on the court,” and that the ruling would raise serious questions from nations that signed on to the landmark Paris climate change pact in December.
This decision, apparently totally political, is a major setback for the world’s effort initiated at COP21
10 février 2016
Joué dans une soirée de Play Readings au GEDS une comédie très intéressante de Bernard Ferrel. I do not like thee, doctor Fell. J’y joue un tout petit rôle, petit mais amusant : Paddy.
12 février 2016
A la suite de mon nouvel intérêt pour l’éthique de l’Evangile, je lis rapidement un livre de Xavier Thévenot Une Ethique au risque de l’Evangile, que j’envoie à l’ami qui m’a mis sur cette piste.
Cher ami,
Lors de notre discussion, tu as mentionné ton admiration pour la dimension morale des Evangiles. Cette position a réveillé mon intérêt, et j’ai essayé de caractériser l’essentiel du message éthique des Evangiles. Il me semble qu’il y a deux points essentiels
- Aimer son prochain comme soi-même
- Pourquoi ? Pour l’amour de Dieu.
Le Sermon sur la Montagne relève en fait de ces deux points à la fois.
J’ai regardé un peu s’il y a des livres qui discutent de cette problématique dans le cadre d’une réflexion éthique plus générale. J’en ai trouvé l’un ou l’autre, et je me permets de t’envoyer celui-ci, qui aborde plusieurs questions très intééressantes, et qui peut-être te divertira.
J’ajoute pour clarifier nos discussions, que je suis totalement athée, mais comme le dit une plaisanterie espagnole, je suis athée de la seule vraie religion…Autrement dit, je reste fasciné par mes racines culturelles et religieuses, et je n’ai aucun ressentiment. Les commandements de Dieu n’ont pas endolori mon âme, contrairement à Gide :
Commandements de Dieu, vous avez endolori mon
âme.
Commandements
de Dieu, serez-vous dix ou vingt ?
Jusqu'où rétrécirez-vous vos limites ?
Enseignerez-vous qu'il y a toujours plus de choses
défendues ?
De nouveaux châtiments promis à la soif de tout ce que
j'aurais trouvé beau sur la terre ?
Commandements de Dieu, vous avez rendu malade
mon âme,
Vous avez entouré de murs les seules eaux pour me
désaltérer.
14 février 2016
Mort de Antonin Scalia, le juge de la Cour Suprême, qui a semble-t-il étudié à Fribourg. Cela remet dans l’actualité la question de l’interprétation de la Constitution des EU. Faut-il l’interpréter en étudiant strictement l’intention des auteurs de ce texte, ou faut-il l’interpréter de manière dynamique en tenant compte de l’évolution des mœurs et des idées. Cela ressemble à un débat sur la Bible…Cela ne m’étonne pas que Scalia ait étudié à Fribourg, un repaire il y a cinquante ans d’intégristes de tous poils.
15 février 2016
Je suis de nouveau dépassé par la pile de livres et de projets de lecture sur ma table, et je n’ai même pas de table, les livres sont partout…
Il faut d’abord que je finisse le petit livre de Rovelli sur les Sept Petites leçons de Physique, puisque je dois en parler dans deux jours avec des amis..
16 février 2016
Impressionant ce petit livre de Rovelli : il arrive à discuter quelques questions essentielles en peu de pages. Mais il donne aussi l’impression d’une magnifique petite salle avec de très belles peintures, mais ces peintures sont en fait des illusions d’optique..Si on approche on voit des palais mystérieux empilés les uns sur les autres, à l’infini… Qui peut comprendre les mystères de la mécanique quantique en restant dans la petite salle ?
18 février 2016
Vu une magnifique représentation de Alcina, l’opéra de Haendel. Il y a une magie spéciale dans les opéras de Haendel, tout le monde était comme élevé dans une sphère supérieure, une sphère de beauté absolue…
Avec Nicole Cabell, sublime dans le rôle d’Alcina..
19 février 2016
Mort de Umberto Eco et de Harper Lee, auteure de « To kill a mocking bird ». Quand on atteint un âge certain, ce qui est mon cas, on voit mourir non seulement des amis personnels, mais aussi des amis lointains dont on a aimé la contribution à la vie de mon époque. C’est un vide qui se creuse peu à peu. Et cela donne envie évidemment de relire….et de revoir…et de réentendre.
26 mars – 2 avril 2016
Tour du Péloponèse (seul). Mycènes, Paralia Astros, Kosmas, Monemvasia, Gerolimenas, Cap Ténaro, Itilo, Olympie.
Terminé le premier volume de L’Amica Geniale.
Avril 2016
Mort de Eric Walker, de Zaha Hadid arcitecte.
2 juillet 2016
Pas d’excuses pour ce long silence, excepté que j’ai joué de nouveau un rôle semi important dans une magnifique farce de Cervantes : Pancracio dans La Cueva di Salamanca. Et me voici dans le théâtre espagnol, un groupe hypersympathique de l’Uni, et qui me supplie de continuer avec eux.
En lisant l’extraordinaire livre de Pais sur Einstein, j’apprends qu’à la cérémonie funèbre, un de ses amis a récité le poème de Goethe :
Epilog zu Schillers Glocke
Freude dieser Stadt bedeute,
Friede sey ihr erst Geläute!
Und so geschah's! Dem friedenreichen Klange
Bewegt' sich neu das Land
und segenbar.
Ein frisches Glück erschien; im Hochgesange
Begrüßten wir das junge Fürstenpaar;
Im Vollgewühl, im lebensregen Drange
Vermischte sich die thät'ge Völkerschaar,
Und festlich ward
an die geschmückten Stufen
Die Huldigung der Künste vorgerufen.
Da hör' ich schreckhaft mitternächt'ges Läuten,
Das dumpf und schwer die Trauertöne schwellt.
Ist's möglich? soll es unsern Freund
bedeuten?
An dem sich jeder Wunsch geklammert hält.
Den Lebenswürd'gen soll der Tod erbeuten?
Ach! wie verwirrt solch ein Verlust die Welt!
Ach! was zerstört ein solcher Riß den Seinen!
Nun weint die Welt,
und sollten wir nicht weinen?
Denn er war unser! Wie bequem, gesellig
Den hohen Mann der gute Tag gezeigt,
Wie bald sein Ernst, anschließend, wohlgefällig,
Zur Wechselrede heiter sich geneigt,
Bald raschgewandt,
geistreich und sicherstellig,
Der Lebensplane tiefen Sinn erzeugt,
Und fruchtbar sich in Rath und That ergossen,
Das haben wir erfahren und genossen.
Denn er war unser! Mag das stolze Wort
Den lauten Schmerz gewaltig übertönen!
Er mochte sich bei uns, im sichern Port,
Nach wildem Sturm, zum Dauernden gewöhnen.
Indessen schritt sein Geist gewaltig fort
Ins Ewige des Wahren, Guten, Schönen,
Und hinter ihm, in wesenlosem Scheine,
Lag, was uns
alle bändigt, das Gemeine.
Da schmückt' er sich die schöne Gartenzinne,
Von wannen er der Sterne Wort vernahm,
Das dem gleich ew'gen, gleich lebend'gen Sinne
Geheimnißvoll und klar entgegen kam.
Dort,
sich und uns zu köstlichem Gewinne,
Verwechselt' er die Zeiten wundersam.
Nun sank der Mond, und zu erneuter Wonne,
Vom klaren Berg herüber schien die Sonne.
Nun glühte seine Wange roth und röther
Von
jener Jugend, die uns nie verfliegt,
Von jenem Muth, der früher oder später
Den Widerstand der stumpfen Welt besiegt,
Von jenem Glauben, der sich stets erhöhter,
Bald kühn hervor drängt, bald geduldig schmiegt,
Damit das Gute wirke, wachse, fromme,
Damit der Tag dem Edlen endlich komme.
Doch hat er, so geübt, so vollgehaltig
Dieß breterne Gerüste nicht verschmäht;
Hier schildert' er das Schicksal, das gewaltig
Von Tag zu Nacht die Erdenachse dreht,
Und manches tiefe Werk hat, reich gestaltig,
Den Werth der Kunst, des Künstlers Werth erhöht.
Er wendete die Blüthe höchsten Strebens,
Das Leben selbst an dieses Bild des
Lebens.
So kennt ihr ihn, wie er mit Riesenschritte
Den Kreis des Wollens, des Vollbringens maß,
Durch Zeit und Land, der Völker Sinn und Sitte,
Das dunkle Buch mit heitrem Blicke las.
Doch, wie er athemlos,
in unsrer Mitte,
In Leiden bangte, kümmerlich genas,
Das haben wir, in traurig schönen Jahren,
Denn er war unser, leidend miterfahren.
Ihn, wenn er vom zerrüttenden Gewühle
Des bittern Schmerzens wieder
aufgeblickt,
Ihn haben wir dem lästigen Gefühle
Der Gegenwart, der stockenden, entrückt,
Mit guter Kunst und ausgesuchtem Spiele
Den neubelebten, edeln Sinn erquickt,
Und noch am Abend vor den letzten Sonnen
Ein holdes Lächeln glücklich abgewonnen.
Er hatte früh das strenge Wort gelesen,
Dem Leiden war er, war dem Tod vertraut.
So schied er nun, wie er so oft genesen,
Nun schreckt uns das, wofür uns längst
gegraut.
Doch jetzt empfindet sein verklärtes Wesen
Nur Einen Wunsch, wenn es hernieder schaut.
O möge doch den heil'gen, letzten Willen
Das Vaterland vernehmen und erfüllen!
Johann
Wolfgang von Goethe . 1749 - 1832
Ce Poème est inspiré du Poème de Schiller : Das Lied von der Glocke : allons-y
Das Lied von
der Glocke
Friedrich Schiller
Fest gemauert in der Erden
Steht die Form, aus Lehm gebrannt.
Heute muss die Glocke werden.
Frisch Gesellen, seid zur Hand.
Von der Stirne heiß
Rinnen muss der Schweiß,
Soll das Werk den Meister loben,
Doch der Segen kommt von oben.
Zum Werke, das wir ernst bereiten,
Geziemt sich wohl ein ernstes Wort;
Wenn gute Reden sie begleiten,
Dann fließt die Arbeit munter fort.
So lass uns jetzt mit Fleiß betrachten,
Was durch die schwache Kraft
entspringt,
Den schlechten Mann muss man
verachten,
Der nie bedacht, was er vollbringt.
Das ist's ja, was den Menschen zieret,
Und dazu ward ihm der Verstand,
dass er im innern Herzen spüret,
Was er erschafft mit seiner Hand.
Nehmet Holz vom Fichtenstamme,
Doch recht trocken lass es sein,
dass die eingepresste Flamme
Schlage zu dem Schwalch hinein.
Kocht des Kupfers Brei,
Schnell das Zinn herbei,
dass die zähe Glockenspeise
Fließe nach der rechten Weise.
Was in des Dammes tiefer Grube
Die Hand mit Feuers Hülfe baut,
Hoch auf des Turmes Glockenstube
Da wird es von uns zeugen laut.
Noch dauern wird's in späten Tagen
Und rühren vieler Menschen Ohr
Und wird mit dem Betrübten klagen
Und stimmen zu der Andacht Chor.
Was unten tief dem Erdensohne
Das wechselnde Verhängnis bringt,
Das schlägt an die metallne Krone,
Die es erbaulich weiterklingt.
Weiße Blasen seh ich springen,
Wohl! Die Massen sind im Fluss.
Laßt's mit Aschensalz durchdringen,
Das befördert schnell den Guss.
Auch von Schaume rein
Muss die Mischung sein,
dass vom reinlichen Metalle
Rein und voll die Stimme schalle.
Denn mit der Freude Feierklange
Begrüßt sie das geliebte Kind
Auf seines Lebens erstem Gange,
Den es in Schlafes Arm beginnt;
Ihm ruhen noch im Zeitenschoße
Die schwarzen und die heitern Lose,
Der Mutterliebe zarte Sorgen
Bewachen seinen goldnen Morgen.-
Die Jahre fliehen pfeilgeschwind.
Vom Mädchen reißt sich stolz der
Knabe,
Er stürmt ins Leben wild hinaus,
Durchmisst die Welt am
Wanderstabe.
Fremd kehrt er heim ins Vaterhaus,
Und herrlich, in der Jugend Prangen,
Wie ein Gebild aus Himmelshöhn,
Mit züchtigen, verschämten Wangen
Sieht er die Jungfrau vor sich stehn.
Da fasst ein namenloses Sehnen
Des Jünglings Herz, er irrt allein,
Aus seinen Augen brechen Tränen,
Er flieht der Brüder wilder Reihn.
Errötend folgt er ihren Spuren
Und ist von ihrem Gruß beglückt,
Das Schönste sucht er auf den
Fluren,
Womit er seine Liebe schmückt.
O! zarte Sehnsucht, süßes Hoffen,
Der ersten Liebe goldne Zeit,
Das Auge sieht den Himmel offen,
Es schwelgt das Herz in Seligkeit.
O! dass sie ewig grünen bliebe,
Die schöne Zeit der jungen Liebe!
Wie sich schon die Pfeifen bräunen!
Dieses Stäbchen tauch ich ein,
Sehn wir's überglast erscheinen,
Wird's zum Gusse zeitig sein.
Jetzt, Gesellen, frisch!
Prüft mir das Gemisch,
Ob das Spröde mit dem Weichen
Sich vereint zum guten Zeichen.
Denn wo das Strenge mit dem Zarten,
Wo Starkes sich und Mildes paarten,
Da gibt es einen guten Klang.
Drum prüfe, wer sich ewig bindet,
Ob sich das Herz zum Herzen findet!
Der Wahn ist kurz, die Reu ist lang.
Lieblich in der Bräute Locken
Spielt der jungfräuliche Kranz,
Wenn die hellen Kirchenglocken
Laden zu des Festes Glanz.
Ach! des Lebens schönste Feier
Endigt auch den Lebensmai,
Mit dem Gürtel, mit dem Schleier
Reißt der schöne Wahn entzwei.
Die Leidenschaft flieht!
Die Liebe muss bleiben,
Die Blume verblüht,
Die Frucht muss treiben.
Der Mann muss hinaus
Ins feindliche Leben,
Muss wirken und streben
Und pflanzen und schaffen,
Erlisten, erraffen,
Muss wetten und wagen,
Das Glück zu erjagen.
Da strömet herbei die unendliche
Gabe,
Es füllt sich der Speicher mit
köstlicher Habe,
Die Räume wachsen, es dehnt sich
das Haus.
Und drinnen waltet
Die züchtige Hausfrau,
Die Mutter der Kinder,
Und herrschet weise
Im häuslichen Kreise,
Und lehret die Mädchen
Und wehret den Knaben,
Und reget ohn Ende
Die fleißigen Hände,
Und mehrt den Gewinn
Mit ordnendem Sinn.
Und füllet mit Schätzen die duftenden
Laden,
Und dreht um die schnurrende
Spindel den Faden,
Und sammelt im reinlich geglätteten
Schrein
Die schimmernde Wolle, den
schneeigten Lein,
Und füget zum Guten den Glanz und
den Schimmer,
Und ruhet nimmer.
Und der Vater mit frohem Blick
Von des Hauses weitschauendem
Giebel
Überzählet sein blühendes Glück,
Siehet der Pfosten ragende Bäume
Und der Scheunen gefüllte Räume
Und die Speicher, vom Segen
gebogen,
Und des Kornes bewegte Wogen,
Rühmt sich mit stolzem Mund:
Fest, wie der Erde Grund,
Gegen des Unglücks Macht
Steht mit des Hauses Pracht!
Doch mit des Geschickes Mächten
Ist kein ewger Bund zu flechten,
Und das Unglück schreitet schnell.
Wohl! nun kann der Guss beginnen,
Schön gezacket ist der Bruch.
Doch bevor wir's lassen rinnen,
Betet einen frommen Spruch!
Stoßt den Zapfen aus!
Gott bewahr das Haus!
Rauchend in des Henkels Bogen
Schießt's mit feuerbraunen Wogen.
Wohtätig ist des Feuers Macht,
Wenn sie der Mensch bezähmt,
bewacht,
Und was er bildet, was er schafft,
Das dankt er dieser Himmelskraft,
Doch furchtbar wird die Himmelskraft,
Wenn sie der Fessel sich entrafft,
Einhertritt auf der eignen Spur
Die freie Tochter der Natur.
Wehe, wenn sie losgelassen
Wachsend ohne Widerstand
Durch die volkbelebten Gassen
Wälzt den ungeheuren Brand!
Denn die Elemente hassen
Das Gebild der Menschenhand.
Aus der Wolke
Quillt der Segen,
Strömt der Regen,
Aus der Wolke, ohne Wahl,
Zuckt der Strahl!
Hört ihr's wimmern hoch vom Turm?
Das ist Sturm!
Rot wie Blut
Ist der Himmel,
Das ist nicht des Tages Glut!
Welch Getümmel
Straßen auf!
Dampf wallt auf!
Flackernd steigt die Feuersäule,
Durch der Straße lange Zeile
Wächst es fort mit Windeseile,
Kochend wie aus Ofens Rachen
Glühn die Lüfte, Balken krachen,
Pfosten stürzen, Fenster klirren,
Kinder jammern, Mütter irren,
Tiere wimmern
Unter Trümmern,
Alles rennet, rettet, flüchtet,
Taghell ist die Nacht gelichtet;
Durch der Hände lange Kette
Um die Wette
Fliegt der Eimer, hoch im Bogen
Spritzen Quellen, Wasserwogen.
Heulend kommt der Sturm geflogen,
Der die Flamme brausend sucht.
Prasselnd in die dürre Frucht
Fällt sie in des Speichers Räume,
In der Sparren dürre Bäume,
Und als wollte sie im Wehen
Mit sich fort der Erde Wucht
Reißen, in gewaltger Flucht,
Wächst sie in des Himmels Höhen
Riesengroß!
Hoffnungslos
Weicht der Mensch der Götterstärke,
Müßig sieht er seine Werke
Und bewundernd untergehn.
Leergebrannt
Ist die Stätte,
Wilder Stürme raues Bette,
In den öden Fensterhöhlen
Wohnt das Grauen,
Und des Himmels Wolken schauen
Hoch hinein.
Einen Blick
Nach den Grabe
Seiner Habe
Sendet noch der Mensch zurück -
Greift fröhlich dann zum
Wanderstabe.
Was Feuers Wut ihm auch geraubt,
Ein süßer Trost ist ihm geblieben,
Er zählt die Häupter seiner Lieben,
Und sieh! ihm fehlt kein teures Haupt.
In die Erd ist's aufgenommen,
Glücklich ist die Form gefüllt,
Wird's auch schön zutage kommen,
dass es Fleiß und Kunst vergilt?
Wenn der Guss misslang?
Wenn die Form zersprang?
Ach! vielleicht indem wir hoffen,
Hat uns Unheil schon getroffen.
Dem dunkeln Schoß der heilgen Erde
Vertrauen wir der Hände Tat,
Vertraut der Sämann seine Saat
Und hofft, dass sie entkeimen werde
Zum Segen, nach des Himmels Rat.
Noch köstlicheren Samen bergen
Wir trauernd in der Erde Schoß
Und hoffen, dass er aus den Särgen
Erblühen soll zu schönerm Los.
Von dem Dome,
Schwer und bang,
Tönt die Glocke
Grabgesang.
Ernst begleiten ihre Trauerschläge
Einen Wandrer auf dem letzten
Wege.
Ach! die Gattin ist's, die teure,
Ach! es ist die treue Mutter,
Die der schwarze Fürst der Schatten
Wegführt aus dem Arm des Gatten,
Aus der zarten Kinder Schar,
Die sie blühend ihm gebar,
Die sie an der treuen Brust
Wachsen sah mit Mutterlust -
Ach! des Hauses zarte Bande
Sind gelöst auf immerdar,
Denn sie wohnt im Schattenlande,
Die des Hauses Mutter war,
Denn es fehlt ihr treues Walten,
Ihre Sorge wacht nicht mehr,
An verwaister Stätte schalten
Wird die Fremde, liebeleer.
Bis die Glocke sich verkühlet,
lasst die strenge Arbeit ruhn,
Wie im Laub der Vogel spielet,
Mag sich jeder gütlich tun.
Winkt der Sterne Licht,
Ledig aller Pflicht
Hört der Bursch die Vesper schlagen,
Meister muss sich immer plagen.
Munter fördert seine Schritte
Fern im wilden Forst der Wandrer
Nach der lieben Heimathütte.
Blökend ziehen
Heim die Schafe,
Und der Rinder
Breitgestirnte, glatte Scharen
Kommen brüllend,
Die gewohnten Ställe füllend.
Schwer herein
Schwankt der Wagen,
Kornbeladen,
Bunt von Farben
Auf den Garben
Liegt der Kranz,
Und das junge Volk der Schnitter
Fliegt zum Tanz.
Markt und Straße werden stiller,
Um des Lichts gesellge Flamme
Sammeln sich die Hausbewohner,
Und das Stadttor schließt sich
knarrend.
Schwarz bedecket
Sich die Erde,
Doch den sichern Bürger schrecket
Nicht die Nacht,
Die den Bösen grässlich wecket,
Denn das Auge des Gesetzes wacht.
Heilge Ordnung, segenreiche
Himmelstochter, die das Gleiche
Frei und leicht und freudig bindet,
Die der Städte Bau begründet,
Die herein von den Gefilden
Rief den ungesellgen Wilden,
Eintrat in der Menschen Hütten,
Sie gewöhnt zu sanften Sitten
Und das teuerste der Bande
Wob, den Trieb zum Vaterlande!
Tausend fleißge Hände regen,
helfen sich in munterm Bund,
Und in feurigem Bewegen
Werden alle Kräfte kund.
Meister rührt sich und Geselle
In der Freiheit heilgem Schutz.
Jeder freut sich seiner Stelle,
Bietet dem Verächter Trutz.
Arbeit ist des Bürgers Zierde,
Segen ist der Mühe Preis,
Ehrt den König seine Würde,
Ehret uns der Hände Fleiß.
Holder Friede,
Süße Eintracht,
Weilet, weilet
Freundlich über dieser Stadt!
Möge nie der Tag erscheinen,
Wo des rauen Krieges Horden
Dieses stille Tal durchtoben,
Wo der Himmel,
Den des Abends sanfte Röte
Lieblich malt,
Von der Dörfer, von der Städte
Wildem Brande schrecklich strahlt!
Nun zerbrecht mir das Gebäude,
Seine Absicht hat's erfüllt,
dass sich Herz und Auge weide
An dem wohlgelungnen Bild.
Schwingt den Hammer, schwingt,
Bis der Mantel springt,
Wenn die Glock soll auferstehen,
Muss die Form in Stücke gehen.
Der Meister kann die Form
zerbrechen
Mit weiser Hand, zur rechten Zeit,
Doch wehe, wenn in Flammenbächen
Das glühnde Erz sich selbst befreit!
Blindwütend mit des Donners
Krachen
Zersprengt es das geborstne Haus,
Und wie aus offnem Höllenrachen
Speit es Verderben zündend aus;
Wo rohe Kräfte sinnlos walten,
Da kann sich kein Gebild gestalten,
Wenn sich die Völker selbst befrein,
Da kann die Wohlfahrt nicht gedeihn.
Weh, wenn sich in dem Schoß der
Städte
Der Feuerzunder still gehäuft,
Das Volk, zerreißend seine Kette,
Zur Eigenhilfe schrecklich greift!
Da zerret an der Glocken Strängen
Der Aufruhr, dass sie heulend schallt
Und, nur geweiht zu Friedensklängen,
Die Losung anstimmt zur Gewalt.
Freiheit und Gleichheit! hört man
schallen,
Der ruhge Bürger greift zur Wehr,
Die Straßen füllen sich, die Hallen,
Und Würgerbanden ziehn umher,
Da werden Weiber zu Hyänen
Und treiben mit Entsetzen Scherz,
Noch zuckend, mit des Panthers
Zähnen,
Zerreißen sie des Feindes Herz.
Nichts Heiliges ist mehr, es lösen
Sich alle Bande frommer Scheu,
Der Gute räumt den Platz dem
Bösen,
Und alle Laster walten frei.
Gefährlich ist's, den Leu zu wecken,
Verderblich ist des Tigers Zahn,
Jedoch der schrecklichste der
Schrecken,
Das ist der Mensch in seinem Wahn.
Weh denen, die dem Ewigblinden
Des Lichtes Himmelsfackel leihn!
Sie strahlt ihm nicht, sie kann nur
zünden
Und äschert Städt und Länder ein.
Freude hat mir Gott gegeben!
Sehet! Wie ein goldner Stern
Aus der Hülse, blank und eben,
Schält sich der metallne Kern.
Von dem Helm zum Kranz
Spielt's wie Sonnenglanz,
Auch des Wappens nette Schilder
Loben den erfahrnen Bilder.
Herein! herein!
Gesellen alle, schließt den Reihen,
dass wir die Glocke taufend weihen,
Concordia soll ihr Name sein,
Zur Eintracht, zu herzinnigem Vereine
Versammle sich die liebende
Gemeine.
Und dies sei fortan ihr Beruf,
Wozu der Meister sie erschuf!
Hoch überm niedern Erdenleben
Soll sie im blauen Himmelszelt
Die Nachbarin des Donners schweben
Und grenzen an die Sternenwelt,
Soll eine Stimme sein von oben,
Wie der Gestirne helle Schar,
Die ihren Schöpfer wandelnd loben
Und führen das bekränzte Jahr.
Nur ewigen und ernsten Dingen
Sei ihr metallner Mund geweiht,
Und stündlich mit den schnellen
Schwingen
Berühr im Fluge sie die Zeit,
Dem Schicksal leihe sie die Zunge,
Selbst herzlos, ohne Mitgefühl,
Begleite sie mit ihrem Schwunge
Des Lebens wechselvolles Spiel.
Und wie der Klang im Ohr vergehet,
Der mächtig tönend ihr erschallt,
So lehre sie, dass nichts bestehet,
dass alles Irdische verhallt.
Jetzo mit der Kraft des Stranges
Wiegt die Glock mir aus der Gruft,
dass sie in das Reich des Klanges
Steige, in die Himmelsluft.
Ziehet, ziehet, hebt!
Sie bewegt sich, schwebt,
Freude dieser Stadt bedeute,
Friede sei ihr erst Geläute.
Friedrich Schiller
27 juillet 2016
De plus en plus amoureux de Sapho, je tombe sur le poème de Leopardi
| IX - ULTIMO CANTO DI SAFFO |
|
| Placida notte, e verecondo raggio Della cadente luna; e tu che spunti Fra la tacita selva in su la rupe, Nunzio del giorno; oh dilettose e care Mentre ignote mi fur l'erinni e il fato, Sembianze agli occhi miei; già non arride Spettacol molle ai disperati affetti. Noi l'insueto allor gaudio ravviva Quando per l'etra liquido si volve E per li campi trepidanti il flutto Polveroso de' Noti, e quando il carro, Grave carro di Giove a noi sul capo, Tonando, il tenebroso aere divide. Noi per le balze e le profonde valli Natar giova tra' nembi, e noi la vasta Fuga de' greggi sbigottiti, o d'alto Fiume alla dubbia sponda Il suono e la vittrice ira dell'onda.
Bello il tuo manto, o divo cielo, e bella Sei tu, rorida terra. Ahi di cotesta Infinita beltà parte nessuna Alla misera Saffo i numi e l'empia Sorte non fenno. A' tuoi superbi regni Vile, o natura, e grave ospite addetta, E dispregiata amante, alle vezzose Tue forme il core e le pupille invano Supplichevole intendo. A me non ride L'aprico margo, e dall'eterea porta Il mattutino albor; me non il canto De' colorati augelli, e non de' faggi Il murmure saluta: e dove all'ombra Degl'inchinati salici dispiega Candido rivo il puro seno, al mio Lubrico piè le flessuose linfe Disdegnando sottragge, E preme in fuga l'odorate spiagge.
Qual fallo mai, qual sì nefando eccesso Macchiommi anzi il natale, onde sì torvo Il ciel mi fosse e di fortuna il volto? In che peccai bambina, allor che ignara Di misfatto è la vita, onde poi scemo Di giovanezza, e disfiorato, al fuso Dell'indomita Parca si volvesse Il ferrigno mio stame? Incaute voci Spande il tuo labbro: i destinati eventi Move arcano consiglio. Arcano è tutto, Fuor che il nostro dolor. Negletta prole Nascemmo al pianto, e la ragione in grembo De' celesti si posa. Oh cure, oh speme De' più verd'anni! Alle sembianze il Padre, Alle amene sembianze eterno regno Diè nelle genti; e per virili imprese, Per dotta lira o canto, Virtù non luce in disadorno ammanto.
Morremo. Il velo indegno a terra sparto, Rifuggirà l'ignudo animo a Dite, E il crudo fallo emenderà del cieco Dispensator de' casi. E tu cui lungo Amore indarno, e lunga fede, e vano D'implacato desio furor mi strinse, Vivi felice, se felice in terra Visse nato mortal. Me non asperse Del soave licor del doglio avaro Giove, poi che perìr gl'inganni e il sogno Della mia fanciullezza. Ogni più lieto Giorno di nostra età primo s'invola. Sottentra il morbo, e la vecchiezza, e l'ombra Della gelida morte. Ecco di tante Sperate palme e dilettosi errori, Il Tartaro m'avanza; e il prode ingegno Han la tenaria Diva, E l'atra notte, e la silente riva. |
12 septembre 2016
J’aimerais bien comprendre comment Einstein a passé de la Relativité Restreinte à la Relativité Générale. Par quel miraculeux chemin passe-t-on de la RR et d’une équation où le champ de gravitation de Newton à un tenseur construit à partir du tenseur g, qui décrit la courbure de l’espace temps ? Je crois que je vais m’y mettre.
Je n’arrive pas à me décider. Continuer le théâtre, avec le risque de mourir d’un arrêt cardiaque sur scène, ou arrêter, ce qui serait tout de même raisonable.
13 septembre 2016
Première étape du programme relativité : chercher les bons livres. Je retrouve dans ma bilbliothèque le livre de Pais, j’emprunte le livre de Straumann, je regarde de nouveau le livre de Dirac, qui est merveilleusement bref, et je découvre le magnifique livre de Stachel.
2 octobre 2016
Premier jour d’un voyage en Grèce.
3 octobre 2016
Athènes, visite de l’Acropole. Cela me rappelle le cantique des colonnes, de Valéry (Souvenir de mes années de Collège, il y a 60 ans)
Je me rappelle à peu près d’un quatrain :
Filles des nombres d’or,
Fortes des lois du ciel,
Sur nous tombe et s’endort
Un dieu couleur de miel.
Voici le poème en entier:
Douces colonnes, aux
Chapeaux garnis de jour,
Ornés de vrais oiseaux
Qui marchent sur le tour,
Douces colonnes,
ô
L’orchestre de fuseaux !
Chacun immole son
Silence à l’unisson.
— Que portez-vous si haut,
Égales radieuses ?
— Au désir sans défaut
Nos
grâces studieuses !
Nous chantons à la fois
Que nous portons les cieux !
Ô seule et sage voix
Qui chantes pour les yeux !
Vois quels hymnes candides !
Quelle sonorité
Nos éléments limpides
Tirent de la clarté !
Si froides et dorées
Nous fûmes de nos lits
Par le ciseau tirées,
Pour devenir ces lys !
De nos lits de cristal
Nous fûmes éveillées,
Des griffes de métal
Nous ont appareillées.
Pour affronter la lune,
La lune et le soleil,
On nous polit chacune
Comme ongle de l’orteil !
Servantes sans genoux,
Sourires sans figures,
La belle devant nous
Se sent les jambes pures.
Pieusement pareilles,
Le nez sous le bandeau
Et nos riches oreilles
Sourdes au blanc fardeau,
Un temple sur les yeux
Noirs pour l’éternité,
Nous allons sans les dieux
À la divinité !
Nos antiques jeunesses,
Chair mate et belles ombres,
Sont fières des finesses
Qui naissent par les nombres !
Filles des nombres d’or,
Fortes des lois du ciel,
Sur nous tombe et s’endort
Un dieu couleur de miel.
Il dort content, le Jour,
Que chaque jour offrons
Sur la table d’amour
Étale sur nos fronts.
Incorruptibles sœurs,
Mi-brûlantes, mi-fraîches,
Nous prîmes pour danseurs
Brises et feuilles sèches,
Et les siècles
par dix,
Et les peuples passés,
C’est un profond jadis,
Jadis jamais assez !
Sous nos mêmes amours
Plus lourdes que le monde
Nous traversons les jours
Comme une pierre l’onde !
Nous marchons dans le temps
Et nos corps éclatants
Ont des pas ineffables
Qui marquent dans les fables…
3-10 octobre 2016
Voyage en Grèce : Egine : sanctuaire d’ Aphaia ;temple de Poséidon, temple Artémis de Brauron, Delphes ; temple de Tholos de Marmaria, église de Ossios Loukas, près d’Athènes, forêt sur une colliine.
24- 30 octobre 2016
Voyage à Barcelone avec Fabiana et Tom
10 novembre 2016
Entendu une très belle interprétation des Variations Goldberg par Zhu Xiao-mei.
16 novembre 2016
Réunion annuelle avec mes vieux amis de Fribourg : Francis, Aloïs, Jacques, André, François, Jean-Marie, Guy. Réunion très chaleureuse, comme toujours.Aloïs nous avait proposé d’écrire une ou deux pages sur notre expérience de vie et notre réflexion sur les années passées depuis le bac. Une fois de plus on ne parle que de l’existence de Dieu et de religion…
27 novembre 2016
Hier : représentation de La Cueva de Salamanca pour un petit festival de la communauté espagnole. Cette fois c’est décidé, cela aura été ma dernière apparition sur les planches..
Dimanche 27 Novembre 2016
11h – Théâtre Les Salons
6, Rue Jean-F. Bartholon • CH-1204 Genève
La Cueva de Salamanca (1615) de Miguel de Cervantes, en honneur du 400e anniversaire
de la mort du génie du Siècle d’Or Espagnol.
Atelier-Théâtre Espagnol de l’UNIGE - Direction: Professeur Abraham Madroñal
Sélection de vins et de tapas avec Les Ibériques
pendant toute la durée du festival.
www.lesiberiques.ch
28 novembre 2016
Eros
Ralph Waldo Emerson, 1803 - 1882
The sense of the world is short,—
Long and various the report,—
To love and be beloved;
Men and gods have not outlearned
it;
And, how oft soe’er they’ve turned it,
’Tis not to be improved.
To love and be beloved;
’Tis not to be improved.
29 novembre 2016
Citations approximatives :
La mort nous fait signe depuis notre jeunesse, de plus en plus près, et tout ce qu’on peut faire c’est lui faire signe en retour ( ?)
Je ne peux pas mourir avant d’avoir lu tous les livres que j’ai dans ma bibliothèque (Attali)
Je mourrai lorsqu’il ne me viendra plus aucune idée (Valéry)
30 novembre 2016
Une malédiction chinoise dit semble-t-il, pour souhaiter le pire à quelqu’un : je vous souhaite de vivre des temps intéressants.
Et voici quelque chose de très intéressant : la partie d’une entrevue de Donald Trump, futur chef du monde libre…(publié par Le Monde du 29.11.16)
« Sur le climat, celle-ci (la pensée trumpienne) est libellée en phrases qui semblent ne commencer ni ne finir nulle part, entrecoupées de digressions et de divagations, comme autant de parenthèses qui s'ouvrent et ne se referment jamais. Rendre en langue française l'échange, avec le juste niveau de langage, est une gageure. Mais tentons l'exercice. Question du chroniqueur Thomas Friedman : " Allez-vous retirer à l'Amérique son rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique ? " Réponse : " Je regarde ça de très près, Tom. Je vais vous dire quoi. J'ai l'esprit ouvert là-dessus. On va regarder très soigneusement. C'est une question intéressante parce qu'il y a peu de choses où il y a plus de divisions que sur le changement climatique. Vous avez tendance à ne pas l'écouter, mais il y a des gens de l'autre côté de cette question qui ne sont, tenez, même pas… " Arthur Sulzberger, le patron du -journal, relance la conversation. M. Trump poursuit : " Mais beaucoup de gens intelligents sont en désaccord avec vous. J'ai un esprit très ouvert. Et je vais étudier beaucoup de choses qui se sont produites là-dessus et nous allons les regarder très soigneusement. Mais j'ai un esprit très ouvert. "
Le président élu poursuit : " Vous savez, le jour le plus chaud, c'était en 1890 et quelques, en 1898. Vous savez, vous pouvez faire grand cas de différents points de vue. J'ai un esprit totalement ouvert. Mon oncle a été pendant trente-cinq ans professeur au MIT - Massachusetts Institute of Technology - . Il était un grand ingénieur et scientifique. C'était un type bien. Et il était… il y a longtemps, il avait son sentiment — c'était il y a longtemps —, il avait son sentiment à ce sujet. C'est un sujet très complexe. Je ne suis pas sûr que personne saura jamais. Je sais que nous avons, ils disent qu'ils ont la science d'un côté, mais ensuite ils ont aussi ces e-mails horribles qui ont été échangés entre scientifiques. C'était où donc, à Genève il y a cinq ans ? Terrible. Là où ils se sont fait prendre, vous savez, donc vous voyez cela et vous vous dites, à quoi ça rime ? "
On reconnaît là une référence au piratage et à la divulgation, fin 2009, de courriels de climatologues britanniques. L'opération avait emballé la grande machine à propager la rumeur et la calomnie ; elle a porté ses fruits puisque l'épisode demeure gravé dans le cerveau de M. Trump. Celui-ci poursuit : " J'ai un esprit absolument ouvert. Je vais vous dire quoi : un air pur est extrêmement important. Une eau pure comme du cristal est extrêmement importante. La sécurité est extrêmement importante. "
Les entreprises d'abord
Les journalistes du Times persistent. Ils demandent à l'intéressé s'il pense que le réchauffement est lié aux activités humaines. " Maintenant, je pense… disons, je pense qu'il y a une connexion. Il y a quelque chose. Cela dépend à quel point. Cela dépend aussi de combien cela va coûter à nos entreprises. Vous devez bien comprendre, maintenant, nos entreprises ne sont pas compétitives. " La véracité d'un fait dépend donc, dans l'esprit de M. Trump, de son coût pour les entreprises américaines.
Un journaliste insiste : les Etats-Unis vont-ils, oui ou non, se retirer de l'accord de Paris ? " Je vais y jeter un œil ", répond simplement M. Trump. Connaissant la passion du président élu pour le golf, Thomas Friedman tente : " Je détesterais voir - le parcours de - Royal Aberdeen - en Ecosse - sous l'eau. " A quoi répond un énigmatique : " La mer du Nord, ça se pourrait, ç'en est un bon celui-là, n'est-ce pas ? " (" The North Sea, that could be, that's a good one, right ? ", en version originale).
Il faut donc une forte dose de méthode Coué pour se sentir rassuré par ces propos, tenus par le futur chef de la première puissance mondiale sur le plus grave problème environnemental de notre temps. D'autant que les intentions n'ont pas changé. Le lendemain de cet entretien au New York Times, l'un des conseillers de Donald Trump annonçait le démantèlement, à la NASA, des activités d'observation de la Terre et de recherche climatique, qualifiées de " science politiquement correcte ". Assurément, l'esprit de M. Trump est " ouvert ". Aux quatre vents. »
1er décembre 2016
Et si on faisait une petite liste des livres que je me suis engagé à lire ? Faire le point, et me révéler à moi-même la mesure de ma dispersion (et donc superficialité)
Pour ma fille Fabiana : Bertrand Russel Proposed roads to freedom
Pour le groupe Beat Matt Ridley Evolution of Everything
Pour le groupe Fribourg : Gilles Lipovetsky Les Temps hypermodernes
Pour moi : Ferrante, Wallace, Rushdie, la pile sur la Relativité Générale
Par un ami : LE GENIE DEDAIGNE * d'Alexis Schwarzenbach ed. metropolis
En plus : Homo Sapiens de
3 décembre – 6 décembre 2016
Voyage à Florence.
Lu le New York Times dans le train.
De l’éditorial :
« Ah fathers, they wait so long before they let down their guard with their sons »
4 décembre 2016
Musée des Œuvres de la Cathédrale : remarqué en particulier :
A côté de l’avant-dernière Pietà de Michel Ange, ce sonnet de lui :
Giunto
è già ’l corso della vita mia,
con tempestoso mar, per fragil barca,
al comun porto, ov’a render si varca
conto e ragion d’ogni opra trista e pia.
Onde l’affettüosa fantasia5
che l’arte mi fece idol e monarca
conosco or ben com’era d’error carca
e quel c’a mal suo grado ogn’uom desia.
Gli amorosi pensier, già vani e lieti,
che fien or, s’a duo morte
m’avvicino?10
D’una so ’l certo, e l’altra mi minaccia.
Né pinger né scolpir fie più che quieti
l’anima, volta a quell’amor divino
c’aperse, a prender noi, ’n
croce le braccia.
9 décembre 2016
Discussion sur le suicide, à propos d’Exit et tout çà. Cela me rappelle le « suicide heureux », le suicide de quelqu’un qui pense avoir trouvé le bonheur et désire quitter sa vie sur cette impression. Harold et Maude ? Le suicide de Maude à la fin de l’histoire pourrait être quelque chose comme çà. Et il y a aussi un personnage de Gide qui se suicide après une nuit de bonheur, mais je n’arrive pas à me souvenir de quel livre il s’agit…
Cà y est cela me revient, avec l’aide d’internet, c’est Olivier, dans l’appartement d’Edouard, dans les Faux-monnayeurs: «Moi aussi, je comprends qu’on se tue, mais ce serait après avoir goûté une joie si forte que toute la vie qui la suive en pâlisse, une joie telle qu’on puisse penser: cela suffit, je suis content, jamais plus je ne…» . Gide exprime là une perception antique du «suicide philosophique», véhiculée notamment par le stoïcisme*. Effectivement, Olivier fera une tentative de suicide* en ouvrant le robinet du gaz dans l’appartement d’Édouard, mais celui-ci surgira à temps pour le sauver.
10 décembre 2016
Vu à la représentation du Met au ciné L’amour de loin de Kaija Saariaho, une compositrice finlandaise. Un vrai chef d’œuvre. Une puissance onirique et poétique incroyable…
Avec Eric Owens (Jaufré Rudel), Suzannna Phillips (Clémence) et Tamara Mumford (Le pélerin)
L’amour de loin est un poème de Jaifré Rudel (vers 1150) .
La première strophe, en français et occitan.
Lorsque les jours sont longs en mai
M'est beau doux chant d'oiseaux de
loin
Et quand je suis parti de là
Me souvenant d'amour de loin
Vais de désir front bas et clin* (* incliné)
Ainsi chants ni fleurs d'aubépine
Me plais(ent) plus que l'hiver(nale) gelée
Lanquand li jorn son lonc en mai
m'es bels douz chans d'auzels de loing
e quand me suis partitz de lai
remembra-m d'un'amor de loing
vauc de talan enbroncs e clis
si que chans ni flors d'albespis
no-m platz plus que l'inverns
gelatz
11 décembre 2016
Après avoir soigneusement fait la liste des livres à lire, le 1er décembre, j’en lis évidemment un autre The Swerve par Stephen Greenblatt, conseillé il y a quelque temps par JF, je crois.
12 décembre 2016
Projet très intéressant du groupe de théâtre allemand : traduire en pièce de théâtre la Métamorphose de Kafka. Je crois que je vais renoncer à jouer encore une farce de Cervantes et accepter de jouer le père dans la pièce de Kafka. Par contre je vais quand même construire un petit décor pour mes amis espagnols et probablement aussi un décor pour Kafka…
26 décembre 2016
Le livre de Greenblatt (The swerve) me donne envie de lire le début de Lucrèce: l’hymne à Venus.
Voici le début
AEneadum genetrix, hominum divumque voluptas
Alma Venus, caeli subter labentia signa
Quae mare navigerum, quae terras frugiferentes
Concelebras; per te quoniam genus omne animantum
Concipitur, visitque exortum lumina solis :
Te, dea, te fugiunt venti, te nubila creli,
Adventumque tuum; tibi suaves daedala tellus
Summittit flores; tibi rident aequora ponti,
Placatumque nitet diffuso lumine crelum.
0 Mere d'Enée et de sa race, plaisir des hommes et des dieux,
bienfaisante Venus, toi qui, sous Ies signes errants du ciel,
peuples la mer porteuse de vaisseaux et les terres aux riches moissons I
C'est par toi que toutes Ies espèces vivantes
sont conçues et, arrivant l’existence, voient
la lumière du soleil; devant toi, ô Déesse, à ton approche,
fuient les vents, fuient les nuages; sous tes pas Ia terre industrieuse étend
ses doux tapis de fleurs, Ies flots de la mer te sourient,
et pour toi, dans le ciel apaisé se répand et resplendit la lumière.
Un texte un peu plus long :
[1,1] Mère des Romains, charme des dieux et des hommes, bienfaisante Vénus, c'est toi qui, fécondant ce monde placé sous les astres errants du ciel, peuples la mer chargée de navires, et la terre revêtue de moissons; c'est par toi que tous les êtres sont conçus, et ouvrent leurs yeux naissants à la lumière. Quand tu parais, ô déesse, le vent tombe, les nuages se dissipent; la terre déploie sous tes pas ses riches tapis de fleurs; la surface des ondes te sourit, et les cieux apaisés versent un torrent de lumière resplendissante.
[1,10] Dès que les jours nous offrent le doux aspect du printemps, dès que le zéphyr captif recouvre son haleine féconde, le chant des oiseaux que tes feux agitent annonce d'abord ta présence, puis, les troupeaux enflammés bondissent dans les gras pâturages et traversent les fleuves rapides tant les êtres vivants, épris de tes charmes et saisis de ton attrait, aiment à te suivre partout où tu les entraînes! Enfin, dans les mers, sur les montagnes, au fond des torrents, et dans les demeures touffues des oiseaux, et dans les vertes campagnes, [1,20] ta douce flamme pénètre tous les cœurs, et fait que toutes les races brûlent de se perpétuer. Ainsi donc, puisque toi seule gouvernes la nature, puisque, sans toi rien ne jaillit au séjour de la lumière, rien n'est beau ni aimable, sois la compagne de mes veilles, et dicte-moi ce poème que je tente sur la Nature, pour instruire notre cher Memmius. Tu as voulu que, paré de mille dons, il brillât toujours en toutes choses: aussi, déesse, faut-il couronner mes vers de grâces immortelles.
[1,30] Fais cependant que les fureurs de la guerre s'assoupissent, et laissent en repos la terre et l'onde. Toi seule peux rendre les mortels aux doux loisirs de la paix, puisque Mars gouverne les batailles, et que souvent, las de son farouche ministère, il se rejette dans tes bras, et là, vaincu par la blessure d'un éternel amour, il te contemple, la tête renversée sur ton sein; son regard,
attaché sur ton visage, se repaît avidement de tes charmes; et son âme demeure suspendue à tes lèvres. Alors, ô déesse, quand il repose sur tes membres sacrés, [1,40] et que, penchée sur lui, tu l'enveloppes de tes caresses, laisse tomber à son oreille quelques douces paroles, et demande-lui pour les Romains une paix tranquille. Car le malheureux état de la patrie nous ôte le calme que demande ce travail; et, dans ces tristes affaires, l'illustre sang des Memmius se doit au salut de l'État.
[Lacune [1,44-49= 2,646-651)?]
En effet, en soi, la nature des dieux dans son ensemble jouit nécessairement de la paix dans une durée éternelle, à l'écart, bien loin, coupée de nos affaires. Car exempte de toute souffrance, exempte des dangers, puissante par ses propres ressources, elle n'a nul besoin de nous, insensible aux faveurs, indifférente à la colère.
26 décembre 2016
Décès de Yves Thorn. Les adieux se font à Poissy, l’occasion de revoir quelques anciens amis de Zürich, notamment François de Guillebon…
29 décembre 2016
Je vois un film intriguant et original: the Passengers. Dans un vaisseau du futur, qui navigue vers une planète lointaine, un homme se réveille 90 ans trop tôt, 90 ans avant l’arrivée..Seul dans l’immense vaisseau, avec pour seul compagnon un robot barman, d’ailleurs très sympathique…
30 décembre 2016
Il ne pleut plus depuis un mois en Europe. Début d’un changement climatique ? J’apprends que l’une des raisons de la quasiextinction de l’espèce humaine et sa migration vers les côtes d’Afrique du Sud, il y a 300'000 ans est une sécheresse généralisée en Afrique qui a transformé l’ensemble du continent en désert. Et si cela arrivait en Europe ? Cela me donne envie de relire Présence de la mort de Ramuz.
31 décembre 2016
Présence de la Mort, livre étonnant. Une méditation sur la mort…L’histoire de la société humaine avec la nouvelle que la Terre tombe catastrophiquement vers le soleil, et la température qui monte, qui monte inexorablement..